samedi 13 février 2021

Deux importants nouveaux usuels de référence

Un siècle d'excellence typographique : Christophe Plantin & son officine (1555-1655),
sous la direction de Goran Proot, Yann Sordet, Christophe Vellet,
Paris, Bibliothèque Mazarine, Éditions des Cendres ; Dibeek, Cultura Fonds Library, 2020,
499 p., ill.

ISBN : 979-10-90853-16-4 et 978-2-86742-299-7 

Le monde du livre célèbre le 5e centenaire de la naissance de Christophe Plantin (vers 1520-1589). Originaire de Touraine, formé à la reliure, il s’installe vers 1549 à Anvers, qui est déjà une plaque tournante du commerce international. Il y établit en 1555 les fondements de la plus vaste entreprise d’imprimerie que l’Europe d’Ancien Régime ait connue.
Génie des affaires et typographe de talent, Plantin acquiert une position officielle avec sa nomination, en 1570, en qualité d’architypographe du roi d’Espagne Philippe II, qui règne alors sur l’ensemble des Pays-Bas. Son officine, qui a pris pour enseigne «le Compas d’Or», devient l’un des plus importants soutiens éditoriaux de la Contre-Réforme, ce qui ne l’empêche pas de se livrer à quelques activités clandestines. À sa mort, elle passe à son gendre Jan I Moretus, et reste entre les mains de la famille jusqu’au XIXe siècle.
Dès l’origine la production de Plantin se signale par son élégance. Sa correspondance, comme les archives de l’entreprise, exceptionnellement conservées, témoignent d’amples ambitions commerciales et d’une grande attention accordée aux attentes des publics et des marchés. Elles documentent aussi un soin extrême apporté à la conception des livres.
Le premier siècle d’activité de la maison Plantin Moretus, particulièrement brillant, ses stratégies éditoriales et les exigences de sa production sont au cœur de cette exposition. Elle montre comment Christophe Plantin et ses successeurs ont transformé l’esthétique du livre de la Renaissance et inauguré l’ère baroque de la mise en page, en mobilisant un matériel typographique et ornemental nouveau, en promouvant la gravure sur cuivre, en sollicitant de manière privilégiée le peintre Pierre Paul Rubens ou des illustrateurs et graveurs de talent (Pieter van der Borcht et les frères Wierix, Charles de Mallery ou Cornelis Galle). Dans ce siècle d’or, l’officine plantinienne conçoit plus de 5 000 éditions, où la séduction visuelle rejoint la recherche de lisibilité et d’efficacité.

Emmanuelle Chapron,
Livres d’école et littérature de jeunesse en France au XVIIIe siècle,
Oxford Univ. Studies in the Enlightenment,
368 p.

ISBN : 978-1-800-34803-5

Riche de ses éditeurs scolaires et de ses collections enfantines, le dix-neuvième siècle a-t-il inventé le marché du livre pour enfants? Dans la France du dix-huitième siècle, de nombreux acteurs s’efforcent déjà de séparer, au sein de la librairie, les lectures adaptées aux enfants et aux jeunes gens. Les rituels pédagogiques des collèges et des petites écoles, les stratégies commerciales des libraires, les préoccupations des Églises, les projets et les politiques de réforme scolaire, tous poussés par la fièvre éducative de la noblesse et de la bourgeoisie, produisent alors d’innombrables bibliothèques enfantines, plurielles et plastiques, avec ou sans murs. Cet ouvrage montre comment, à un ordre des livres dominé par les logiques des institutions scolaires et des métiers du livre, se surimpose à partir des années 1760 une nouvelle catégorie, celle du «livre d’éducation», qui ne s’identifie plus à un lieu, mais à un projet de lecture, et s’accompagne de l’émergence de nouvelles figures d’auteurs.
Alors que les études sur la littérature de jeunesse poursuivent partout leur développement et leur structuration, ce livre dialogue avec les dernières recherches européennes sur la question. À l’inverse des travaux littéraires, il part, non des auteurs et des textes, mais des objets et de leurs manipulations. Son originalité est d’apporter un regard historien sur ces questions, en articulant histoire du livre et de la librairie, histoire de l’éducation, histoire des milieux littéraires et de la condition d’auteur.

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