samedi 31 juillet 2010

Au berceau

Est-il une saison pour publier des travaux érudits? Probablement pas, et cela d’autant moins que les aura attendus plus longtemps. Le Berceau du livre imprimé. Autour des incunables constitue de fait une sorte de recueil, dans lequel les deux éditeurs scientifiques, nos amis Pierre Aquilon et Thierry Claerr, ont rassemblé les Actes des Rencontres Marie Pellechet (1997!…) et ceux d’un colloque de 2005. Le point commun des deux manifestations vient du fait qu’elles portaient sur la «librairie» de la Renaissance, et qu’elles avaient été organisées dans le cadre du Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR, Tours). Quant au titre, il reprend pratiquement celui des Mélanges Pierre Aquilon publiés en 2004 (Le Berceau du livre : autour des incunables. Études et essais offerts au Professeur  Pierre Aquilon par ses élèves, ses collègues et ses amis, dir. Frédéric Barbier, Genève, Droz, 2004, 472 p., ill.).
On admirera l’élégance de la couverture –un superbe dessin de Dürer conservé à Bayonne, bien connu mais finalement peu exploité par les historiens du livre.
Le sommaire se déploie en quatre parties, dont les titres s’organisent de manière à la fois évocatrice et parfaitement logique -les différentes contributions sont très bien articulées pour constituer un ensemble en définitive tout à fait cohérent:
1) Genèse et évolution des catalogues, bibliographies et inventaires régionaux et nationaux – malgré le titre, il s’agit uniquement d’exemples français.
2) De l’«ouvrouer» du typographe aux «fenestres» des libraires: les savoirs mis en texte – la liaison entre titre et sous-titre n’est pas des plus claires, et les six contributions présentées sous ce chapitre ne se rapportent apparemment pas toutes à la «mise en texte» au sens classique du terme.
3) De l’«estude»  du clerc au cabinet du bibliophile : les incunables au fil des siècles. Cette partie historiographique est tout particulièrement intéressante pour l’historien du livre comme pour celui des bibliothèques.
4) Du bristol au disque dur: incunables et nouvelles technologies: parmi les trois contributions réunies sous cette rubrique en définitive un peu brève, signalons celle consacrée par Bettina Wagner, de la Bayerische Staatsbibliothek, aux catalogues en ligne (à travers le cas de l’Allemagne).
Avouons notre étonnement en découvrant en tête d'un volume scientifique l’allocution de l’ancien directeur du Livre et de la Lecture, Monsieur Benoît Yvert, allocution qui ne se rapportait d'ailleurs qu’à la manifestation de 2005. Mais peu importe. L’ouvrage, à la mise en page fort élégante (elle a été réalisée au CESR), propose in fine un précieux index librorum, locorum et nominum («Index général»).
On remarquera, dans l’état de la collection des catalogues régionaux d’incunables, la mention (p. 360) du volume IX, consacré au Nord – Pas-de-Calais, et dont la publication est annoncée pour 2009. Les historiens du livre, et tout particulièrement les incunabulistes, travaillent dans et pour le long terme, et à ce titre ils sont sensibles à tout ce qui peut relever de l’archéologie administrative. Nous verrions pourtant non sans satisfaction sortir le volume en question, dont nous avons remis le manuscrit à la direction du Livre en 1982, et corrigé personnellement les épreuves imprimées en… 1985.

Le Berceau du livre imprimé. Autour des incunables, dir. Pierre Aquilon, Thierry Claerr, Turnhout, Brepols, 2010, 380 p. , ill., index.

mardi 27 juillet 2010

Encore les voyages

Que l’histoire des voyages soit aujourd’hui un domaine porteur de la recherche, on ne saurait s’en étonner si l’on considère que les voyages s’inscrivent précisément à la rencontre d’un certain nombre de problématiques qui semblent à la mode: citons notamment les échanges et les transferts culturels, mais aussi les processus de construction du savoir, l’histoire des pratiques matérielles (comment voyage-t-on?), voire des domaines plus spécifiques comme l’histoire de l’art, etc.
Mais l’histoire des voyages se trouve aussi liée par plusieurs biais à l’histoire de l’écrit et du livre, qu’il s’agisse des lectures préparatoires, de la bibliothèque de voyage, de l’écriture voire, pour finir, de la publication du voyage, sous des formes elles-mêmes très différentes, du simple récit au compte rendu scientifique. Cette «littérarisation» (pour reprendre le concept de nos collègues allemands) de l’expérience même du voyage constitue un des phénomènes sur lesquels aujourd’hui la recherche se porte de manière privilégiée.
Le récit de pèlerinage du chanoine de Mayence Bernhard von Breydenbach constitue un des imprimés les plus célèbres du XVe siècle, et un témoignage de l’existence d’un lectorat relativement large pour ce type de publications: diffusé en latin en 1486, il connaît en effet un certain nombre d’éditions successives et parfois concurrentes, et, surtout, il est rapidement traduit en allemand, en flamand, en français, en tchèque et en espagnol...
Le secteur des livres de voyages, qui constitue un des domaines les plus porteurs de la librairie des Lumières, prend encore plus de développements avec l’industrialisation. Le monde nouveau du chemin de fer offre en effet des débouchés très importants aux éditeurs : il s’agira d’abord de la publication de toutes sortes de documents imprimés, à commencer par les horaires qui font, en France, la fortune d’un Napoléon Chaix et de son «Imprimerie centrale des chemins de fer», rue Bergère à Paris (voir cliché).
Mais on pensera aussi à l’édition d’une manière de littérature plus ou moins spécialisée destinée aux voyageurs, les guides de voyage (les guides Joanne, pour ne par quitter la France) et les titres publiés notamment dans la «Bibliothèque des chemins de fer» de Louis Hachette. Enfin, nous n’aurions garde d’oublier les réseaux de vente de livres, journaux et périodiques, bientôt aussi de cartes postales, qui s’étendent dans toutes les gares de quelque importance (voir ill. dans notre billet du 21 juin dernier).
C’est dire tout l’intérêt que présente pour nous la publication toute récente de Voyages et voyageurs. Sources pour l’histoire des voyages, sous la direction de Thérèse Charmasson. Le volume ne répond pas exactement à son titre: il ne s'agit pas d'un ouvrage de sources analogue aux autres guides d'archives, mais essentiellement des communications présentées sur ce thème au congrès de La Rochelle en 2005 (Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, « Orientations et méthodes », 17. Informations complémentaires à l’adresse: www.cths.fr).

vendredi 23 juillet 2010

Connexions tourangelles

En évoquant Gabriel de Choiseul et son Voyage pittoresque de la Grèce, nous touchons aussi à une géographie relativement inattendue, qui est celle de la région de la Loire.
En effet, l’entourage du jeune comte se trouve tout particulièrement lié à la Touraine. Allons d’abord au principal: le duc de Choiseul (Choiseul-Stainville) achète le domaine de Chanteloup, aux portes d’Amboise, en 1761. Avec l’exil du duc, en 1770, Chanteloup devient le lieu de séjour de nombre de personnalités : il y a un temps deux cours au royaume de France, dont la plus célèbre n’est pas nécessairement celle de Versailles. Le duc de Chartres (futur Philippe-Égalité), le prince de Beauvau, les ducs de Gontaut et de Lauzun, Sénac de Meilhan, mais aussi Beaumarchais, la maréchale de Luxembourg, Madame de Gramont (sœur de Stainville) et Madame Du Deffand viennent à Chanteloup pour des séjours plus ou moins longs, tandis que l’abbé Barthélemy s’y installe à demeure, profitant d’une « superbe bibliothèque » de 6 à 7000 volumes installée dans une galerie voûtée et dont il entreprend le catalogue.
Au centre des jardins, la célèbre pagode est élevée par Louis-Denis Le Camus de 1775 à 1778 : cette chinoiserie de fantaisie est conçue comme un temple à l’amitié. Le rez-de-chaussée adopte le modèle d’un sanctuaire antique, une sorte de tholos avec une colonnade dorique circulaire. Une inscription rédigée par l’abbé Barthélemy proclame, dans le petit salon de marbre qui occupe le premier étage :
Étienne François duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance.
Gabriel de Choiseul aussi visitera Chanteloup. Et l’amateur d’histoire du livre se rappellera que Chanteloup a aussi accueilli des presses de château, étudiées notamment par A. Gabeau (« Note sur l’imprimerie à Amboise [et sur l’imprimerie particulière de Chanteloup] », dans Bull. de la Sté archéol. de la Touraine, X, 1895-1896, p. 60-62). Les Mémoires de Choiseul-Stainville ont d’abord été imprimés à Chanteloup, en un très petit nombre d’exemplaires.
Mais la connexion tourangelle se rencontre encore à travers un certain nombre d’autres personnages. Le principal est certainement François Cassas (1756-1827), fils d’un ingénieur géomètre des routes royales, né à Azay-le-Ferron, un petit bourg du Berry appartenant au baron de Breteuil. Lui aussi ingénieur des Ponts-et-Chaussées, il travaille d’abord au chantier du pont de Tours, avant de venir étudier le dessin à Paris. Pensionné par le duc de Chabot, il voyage en Flandre et en Suisse, mais aussi en Italie (où il visite la Sicile avec Vivant-Denon) et jusqu’en Dalmatie. En janvier 1784, un dîner chez l’ingénieur Cadet de Limay (1733-1802), gendre de l’Orléanais Aignan-Thomas Desfriches (1715-1800), va orienter sa vie dans une nouvelle direction.
Parmi les convives, on trouve en effet d’autres artistes et d’amateurs d’art, dont les peintres Claude Joseph Vernet (1714-1789) et Claude Henri Watelet (1718-1786). Ce dernier, également homme de lettres et académicien depuis 1760, est receveur des Finances de la généralité d’Orléans, ce qui lui assure des revenus considérables. Mais un autre convive est
Monsieur de Choiseul-Gouffier, l’amateur le plus zélé pour les beaux-arts, qui réunit à beaucoup de connoissances et de goût un talent agréable ; il dessine (…) avec beaucoup d’intelligence. »
Cassas présente certains de ses dessins d’Italie, Choiseul les apprécie, et les deux hommes sympathisent. Deux mois plus tard, alors que Choiseul a été nommé ambassadeur à Constantinople (1784), il s’attache l’artiste en lui versant une rente annuelle de 1500 livres Cassas expliquera avoir été « séduit » par les projets de son nouveau protecteur :
Je venois de passer six années tant en Italie qu’en Sicile, en Istrie et en Dalmatie (…). Telle étoit ma situation à Paris vers 1783, c’est à dire à l’époque où M. Choiseul-Gouffier fut nommé ambassadeur à Constantinople. Il alloit en Turquie avec des projets brillants pour les arts. Ils me séduirent (…), je sacrifiais tout au plaisir de m’y associer…
Lorsqu’il se mettra en route pour Toulon et Constantinople, quelques mois plus tard, il ne laissera à Paris chez Choiseul pas moins de 475 dessins concernant son voyage en Italie. Plus tard, il publiera son célèbre Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phoenicie, de la Palaestine et de la Basse Ægypte (Paris, an VII).
Voici encore un autre destin remarquable: Alexandre Maurice Blanc d’Hauterive (1754-1830) a enseigné chez les Oratoriens de Tours, il est un familier de Chanteloup en même temps qu’un proche de l’abbé Barthélemy. C'est donc tout naturellement qu'il accompagne Choiseul à Constantinople lorsque celui-ci y est nommé ambassadeur, avant de devenir secrétaire de l’hospodar de Moldavie et pratiquement représentant de la France dans cette principauté (1785). Plus tard, nous le retrouvons comme consul de France à New York, où il accueille Talleyrand, qu’il avait d’abord rencontré en Touraine. Plus tard encore, lorsque l’ancien évêque d’Autun, à peine rentré d’émigration, devient ministre des Affaires étrangères du Directoire (1797), il ne tarde pas à appeler Alexandre d’Hauterive à Paris pour l’assister. La carrière de celui-ci se déroulera dès lors toute au ministère. 
Aux confins de la Touraine et du Berry, le château d’Azay-le-Ferron se visite toujours aujourd’hui, où le visiteur découvre un certain nombre de documents relatifs à Cassas et à son œuvre. Quant au château de Chanteloup, il a malheureusement disparu, à l’exception de sa célèbre pagode. Une exposition du Musée des Beaux Arts de Tours lui a pourtant été consacrée en 2008 («Un moment de grâce autour du duc de Choiseul»).

mercredi 21 juillet 2010

Voyages en Grèce

Les mois d’été sont propices aux voyages et, parmi les buts de vacances estivales, la Méditerranée orientale et la mer Égée occupent toujours une place de choix, avec notamment l’Égypte, la Grèce et la Turquie, pour nous en tenir aux destinations touristiques les plus fréquentées. Mais le voyage en Grèce aussi a une histoire, à laquelle sera pour partie consacré un titre à paraître cet automne chez Armand Colin : il s’agit du Rêve grec de Monsieur de Choiseul, sous-titré Les voyages d’un Européen des Lumières. Les premières épreuves viennent de nous en parvenir.
Issu d’une célèbre famille des Lumières et élève de l’abbé Barthélemy (l’auteur du Voyage du jeune Anacharsis), le comte de Choiseul (Choiseul-Gouffier) renouvelle en effet l’étude de l’Antiquité grecque en organisant à vingt-quatre ans son célèbre voyage en Grèce (1776) qui le conduit à travers l'Archipel, puis le long de la côte d’Asie mineure jusqu’à Constantinople, avant de visiter la Athènes et la Grèce continentale.
Dès son retour à Paris, Choiseul lance la préparation de son Voyage pittoresque de la Grèce, un ouvrage qui fonde le genre éditorial des «voyages pittoresques» en même temps que la renommée de son auteur. Le premier volume, achevé avec la publication du Discours préliminaire en 1782, fait une large part aux rencontres du comte avec tel ou tel personnage «pittoresque» au fil des escales ou des étapes: ainsi du «moine voltairien» sur la grève de Patmos, ou encore de l’aga Hassan dans sa petite capitale d’Asie mineure.
L’ouvrage est aussitôt un succès européen et, à trente et un an, Choiseul est élu au fauteuil de d’Alembert à l’Académie française. Parallèlement, il commence à agir pour se faire nommer à l’ambassade de Constantinople, un poste à ses yeux idéal pour poursuivre son travail d’archéologue et d’historien antiquisant. Mais, au Palais de France, le comte découvre rapidement une réalité à laquelle il n’avait pas vraiment songé: le déclin de l’Empire ottoman et la montée en puissance de la Russie rendent singulièrement complexe et délicate la situation politique en Méditerranée orientale, et les «puissances» donnent libre cours à leurs ambitions pour contrôler des positions devenues stratégiques, à commencer par celles des «détroits».
À Constantinople, Choiseul est aussi rattrapé par la Révolution. Il remplit ses obligations de diplomate le plus longtemps possible, avant de quitter l’ambassade pour se réfugier en Russie, auprès de Catherine II. Bientôt, il sera nommé le premier directeur de la nouvelle Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. En 1802 enfin, il peut bénéficier des dispositions prises pour le retour des émigrés, et rentrer à Paris: il y poursuit la préparation de son livre, mais se lance aussi dans la réalisation d’un projet particulièrement innovant, celui d’un «musée d’antiquités» qui doit faire de la capitale française une sorte de nouvelle Athènes. La mort (1817) l’empêchera de concrétiser son projet, en même temps que de voir l’aboutissement de la publication de son Voyage pittoresque.
Gabriel de Choiseul a été l’homme d’un rêve, le rêve de la Grèce, et l’homme d’un livre, le Voyage pittoresque de la Grèce. Il s’impose comme une figure exceptionnelle pour prendre la mesure des aspirations, des tensions, des choix intellectuels et artistiques, mais aussi de l’évolution des sensibilités dans toute l’Europe au cours d’une période particulièrement complexe.

Frédéric Barbier, Le Rêve grec de Monsieur de Choiseul. Les voyages d’un Européen des Lumières, à paraître, Paris, Armand Colin, 2010.

Ill. : au Palais de France, au-dessus de Constantinople (cliché F. Barbier).

samedi 17 juillet 2010

Où sont les musées du livre?

Nous avons parlé il y a quelques semaines du Musée des lettres et manuscrits à Paris, Force est de reconnaître que, un peu partout, se multiplient en France comme à l'étranger les exemples d’institutions visant à présenter au public d’aujourd’hui le patrimoine des textes et des livres. Si, au sein de ce mouvement, les bibliothèques restent paradoxalement en retrait, les musées spécialisés et autres maisons d’écrivains se rencontrent souvent.
Pour prendre l’exemple de la Touraine, le Musée Balzac du château de Saché met en scène «l’imaginaire balzacien» (museebalzac@cg37.fr), quand la maison natale de Rabelais à La Devinière veut articuler la figure même de l’écrivain avec son œuvre et sa région d’origine («Rabelais en son pays») (museerabelais@cg37.fr). D’autres sites célèbrent encore Ronsard, à La Riche, et Descartes, dans la ville de son enfance, La Haye-Descartes (musée@ville-descartes.fr), sans parler de Léonard de Vinci aux portes d’Amboise.
Certes, nous ne bouderons pas notre plaisir, même si la croyance, pour partie justifiée, au genius loci pousse aussi à organiser des animations invitant nos contemporains (moyennant finances…) à prendre la plume dans les lieux mêmes où telle ou telle figure reconnue de notre littérature a plus ou moins laissé sa trace…
Si nous ne pouvons que nous réjouir de cette floraison, il n’en reste pas moins que les «maisons d’écrivain» reproduisent un topos de l’histoire littéraire, en ce qu’elles mettent surtout en avant la double figure de l’écrivain et de son œuvre. Trop peu de choses, en général, sur ces considérations plus «terre à terre», mais d’autant plus fondamentales, sur lesquelles Lucien Febvre attirait pourtant déjà l’attention dans une note célèbre: les revenus assurés à l’auteur par son travail, ses stratégies d’écriture et de publication, son rapport à l’argent, pour ne rien dire du rôle d’autres acteurs du champ éditorial dans la création littéraire –à commencer par l’éditeur (d’une certaine manière, le Musée Balzac à Paris répond à ce désidérata).
Mais où sont, aujourd’hui, les musées de l’écrit et du livre, qui, en mettant en évidence les connexions existant entre système de communication, structure sociale et travail intellectuel, au cours de l’histoire, donneraient au visiteur un certain nombre de clés susceptibles de l’aider à connaître le passé – donc à comprendre le présent ? Des expériences se rencontrent, certes. Les plus nombreuses, peut-être, envisagent l’histoire de l’écrit sous l’angle privilégié de l’histoire des techniques – et l’un de leurs apports les plus notables est aussi de permettre la pérennité d’un certain nombre de savoir faire: pensons aux musées du papier, comme celui de Richard de Bas à Ambert; pensons surtout aux musées d‘histoire des techniques, dont le principal est évidemment, en France, le musée du CNAM à Paris –mais des structures secondaires existent aussi, dont la pérennité reste le plus souvent hypothétique, comme dans le cas du Musée de la typographie à Tours.
Une récente enquête a établi un recensement de ce type de structures à travers toute l’Europe, et elles sont bien plus nombreuses qu’on ne le croirait a priori.
Ne quittons pas la France. L’ambition du Musée de l’imprimerie à Lyon (www.imprimerie.lyon.fr)  dépasse le seul cadre des techniques pour se développer dans deux directions principales:
1) D’une part, il s’agit de proposer le fil d’une trajectoire d’ensemble, qui fait parcourir les étapes successives d’une histoire matérielle de l’écriture s’étendant de la préhistoire à l’époque contemporaine. Parmi les phénomènes mis en évidence, figure une constante de l’évolution récente, à savoir la dématérialisation progressive des instruments et des supports,  «du plomb au photon», puis «du photon au bit informatique».
2) La deuxième direction est à la fois la plus ambitieuse et la plus prometteuse : il s’agit d’articuler, dans la grande tradition de l’histoire du livre «à la française», la matérialité de l’«objet livre» et les effets que cette matérialité provoque dans la société plus large, qu’il s’agisse de l’écriture, de l’économie du livre, des pratiques de lecture et des systèmes de représentation qui peuvent leur correspondre. Là où la première section met en scène surtout des machines et des instruments de fabrication, la seconde s’appuie sur une très riche collection d’imprimés de toutes époques – parmi lesquels nous ne pouvons pas ne pas signaler un rarissime exemplaire des célèbres Placards de 1534.
Ajoutons que le Musée de l’imprimerie se veut aussi un musée vivant, et qu’il dispose notamment d’un atelier typographique propre. Enfin, il est un lieu de recherche, qui abrite, à côté de ses collections proprement dites, une riche bibliothèque spécialisée, et qui offre un certain nombre de commodités au spécialiste.
Pourtant, tous les responsables d’institutions culturelles le savent, la gestion d’une structure comme celle du Musée de l’imprimerie impose d’associer projet à long terme et conditions matérielles de fonctionnement au quotidien. Le Musée est établi dans de superbes locaux, au cœur de la presqu’île entre Rhône et Saône, et à proximité immédiate de ce haut lieu de la librairie lyonnaise ancienne que constituait la rue Mercière. Localisation idéale, mais finalement peu adaptée aux contraintes de la muséographie moderne, et à la présentation d’un certain nombre de pièces plus particulièrement encombrantes. À Lyon comme dans un certain nombre d’autres cas, un des défis à venir concerne précisément l’articulation entre le projet même du Musée et l’évolution d’une topographie urbaine en cours de profond renouvellement.
Ce petit billet consacré aux musées de l’écrit et du livre appellera sans nul doute ses propres prolongements.

Clichés : À Lyon, 1) La rue Mercière aujourd’hui ; 2) Cour intérieure du Musée de l’imprimerie ; 3) Une des salles de présentation (clichés F. Barbier).

mardi 13 juillet 2010

A propos d'histoire du livre: volumen, codex et relativité

La révolution des «nouveaux médias» attire l’attention sur des problématiques récurrentes mais souvent plus ou moins bien posées: il s’agit de la «fin du livre», de la «révolution du livre numérique», de la «sortie de l’ère du papier», etc. La prise de conscience du rôle structurant des «moyens sociaux de communication» (H.-J. Martin), autrement dit des médias, fait que ces questions n’intéressent plus le seul petit monde des spécialistes, mais aussi le grand public.
L’apport de l’historien du livre sera d’abord de donner à la discussion une épaisseur chronologique qu’elle n’a pas toujours: une certaine forme de relativisme aide à éviter des anachronismes trop facilement et inconsciemment adoptés.
Rien de plus facile en effet, et de plus dangereux, que de transporter dans le passé des catégories d’aujourd’hui sans prendre en considération le fait que les acceptions d’un mot changent d’une époque, d’une géographie et d’une conjoncture à l’autre. Les médiévistes ont montré que la catégorie de l’auteur recouvrait au Moyen Âge des réalités et des logiques de pensée profondément différentes de ce qu’elle peut recouvrir aujourd’hui (avec le jeu auctor/actor: voir note bibliogr.). Puis les chercheurs ont commencé à explorer cette même problématique au cours des périodes moderne (notamment aux XVe et XVIe siècles) et contemporaine (depuis la Révolution). Même chose pour des termes comme ceux de «texte» et d’«original».
Envisageons à titre d’exemple le passage du volumen (rouleau) au codex (livre en cahiers), transition pratiquement achevée en Occident au IVe siècle de notre ère. L’action de lire le volumen est rendue en latin par explicare (=lire en déroulant / enroulant le support du texte). Dans cet environnement, la pagina désigne les deux ou trois colonnes de texte que le lecteur tient ouvertes devant lui (on parle du «territoire» du texte au sens matériel du terme). Par la suite, le terme de pagina sera progressivement appliqué à la structure d’un livre en cahiers: il désigne alors l’un des deux côtés d’un feuillet. Autrement dit, le dispositif matériel que nous associons aujourd’hui tout naturellement au mot «page» n’est pas figé, et l'acception de celui-ci est fondamentalement abstraite. Pagina, ou page, désigne le fragment de texte que le lecteur a sous les yeux, et la structure du support n’intervient que de manière secondaire dans la définition.
Une autre source d’erreurs consiste à sous-estimer le rôle du temps, et notamment à considérer que les changements structurels du média sont rapidement suivis d’un certain nombre d’effets posés comme naturels. Le codex est bien sûr beaucoup plus commode que le rouleau, parce qu’il se présente sous forme d’une succession de feuillets autorisant une manipulation plus aisée sur le plan de l’objet (on feuillette), donc aussi du contenu. Il est plus facile de manipuler un texte en feuillets; le codex autorise une lecture de consultation là ou le volumen privilégie la lecture suivie; il permet la mise en place de systèmes de repérage très performants, notamment la foliotation, puis les tables et index de toutes sortes. Nous avons montré ailleurs (dans L’Europe de Gutenberg) que la puissance de l’instrument constitué par le codex venait de la possibilité de superposer au contenu intellectuel (au texte) un cadre physique normalisé (les feuillets) qui en facilite le repérage et la manipulation.
Mais que la chose soit potentiellement réalisable ne signifie pas qu’elle se soit aussitôt produite dans les faits, et encore moins qu’elle ait été rapidement généralisée. Bien au contraire, l’ampleur des délais de latence étonne même l’historien spécialiste. Durant des siècles, toutes les potentialités du codex ne sont pas exploitées, parce qu’il y a relativement peu de livres, et que le besoin d’instruments puissants de repérage et de classement reste donc limité. La grande majorité des manuscrits occidentaux n’est pas foliotée, et conserve le plus souvent la logique qui était celle de la pagina, c’est à dire d’un texte qui se présente à travers une succession de plans en deux dimensions (une double page, soit un verso à gauche et un recto à droite). La prise en compte de la troisième dimension, qui est celle de l’épaisseur du livre, ne se produira pour l’essentiel qu’au XVe, voire au XVIe siècle, à travers la mise en place de dispositifs de plus en plus sophistiqués.
Terminons par une remarque de méthode, qui concerne les dangers d’une comparaison trop brutale. On a souvent souligné les rapprochements existant entre le volumen et l’écran. Le «territoire» du texte (la page) que le lecteur du rouleau tient sous ses yeux, se retrouverait précisément avec l’écran, lequel fonctionnerait comme une manière de rouleau virtuel. Cette comparaison aujourd’hui devenue banale induit en erreur. Certes, la page désigne bien le fragment du document visible, en l’occurrence sur l’écran. Mais ce que nous avons dit ci-dessus montre que la caractéristique des nouveaux médias, et surtout des livres électroniques, tient dans le fait qu’ils associent à cette disposition en écrans successifs toutes sortes de techniques de manipulation des contenus qui, de fait, sont largement dérivées de celles mises en place dans les livres en cahiers (codices) et surtout dans les imprimés. Si l’écran peut fonctionner comme une métaphore du rouleau, il n’en est pas moins d’abord l’héritier des imprimés modernes.

Note bibliogr.:
Auctor et auctoritas : invention et conformisme dans l’écriture médiévale, éd. Michel Zimmermann, Paris, École nationale des chartes, 2001.
Frédéric Barbier, L’Europe de Gutenberg. Le livre et l’invention de la modernité occidentale (XIIIe-XVIe siècle), Paris, Librairie Belin, 2006.

Cliché : Ravenne, mosaïques de la basilique S. Apollinaire in Classe (détail). La forme du volumen est très généralement associée à l’antiquité païenne – ou à l’Ancien Testament (cliché F. Barbier).

mercredi 7 juillet 2010

Topographie parisienne

La Sorbonne actuelle représente à Paris un haut lieu de l’histoire du livre, non seulement pour sa bibliothèque, mais aussi parce que l’institution a abrité le premier atelier typographique ayant fonctionné en France.
Parmi d’autres en effet, le monde des universités joue un rôle décisif dans la diffusion de la technologie nouvelle à partir de Mayence dans les décennies 1450 et 1460. Et d’abord, un grand nombre des premiers typographes sont des gradués de l’université, à commencer par Gutenberg lui-même. Bien entendu, Paris, capitale du royaume, cumule les indicateurs favorables pour accueillir l’art nouveau : Paris est la plus grande ville d’Europe sur le plan démographique (225 000 habitants vers 1500), le principal pôle économique et le centre de direction politique et intellectuelle de la France. On y reçoit très tôt des imprimés, le roi Louis XI aurait dès 1458 envoyé Jenson s’informer sur les techniques exploitées à Mayence et dans les années 1460 Fust et Schoeffer y écoulent une partie de la production imprimée mayençaise.
Mais la typographie en caractères mobiles sera en définitive introduite dans la capitale par le biais de réseaux individuels de maîtres et d’étudiants. Guillaume Fichet en est le premier personnage clé : né en 1433 dans le Faucigny, cet ancien étudiant d’Avignon et de Paris est socius de la Sorbonne en 1461. Il est recteur de l’université en 1467 et docteur en théologie en 1468. Envoyé en mission à Milan en 1469-1470, il y découvre l’humanisme italien, rencontre sans doute le cardinal Bessarion et en revient convaincu de l’importance de l’imprimerie...
À ses côtés, Jean Heynlin de Stein (Johannes de Lapide) est un Allemand (il s’agit de la ville de Königsbach-Stein, près de Pforzheim): cet ancien étudiant d’Erfurt, de Leipzig et de Louvain vient à Paris en 1453, et entre lui aussi au collège de Sorbonne. Il séjourne un temps à Bâle (1464-1466), où il est notamment doyen de la faculté des Arts, mais il poussera peut-être  jusqu’à Mayence. C’est à Bâle qu’il rencontre deux autres jeunes étudiants, Ulrich Gering, de Constance, et Michael Friburger, de Colmar. Il les aurait recrutés au cours d’un second voyage (1469-1470), ainsi qu’un de ses compatriotes originaire de Stein, Martin Krantz.
La première presse typographique française est installée par Heynlin en 1470 dans le collège qu’il dirige, la Sorbonne, Fichet définissant le programme éditorial et Gering, Krantz et Friburger assurant la marche de l’atelier. L’entreprise roule pour le public de l’université, et débute avec un manuel de latin, les Epistolae (= Lettres) de Gasparin de Bergame. Le manuscrit en a été transmis à Fichet par Heynlin, et ce premier livre imprimé à Paris se termine par les célèbres vers de Fichet à la gloire de la ville et de l’art nouveau qui vient de s’y implanter :
Comme le soleil, tu répands sur le monde les lumières de la science / O Paris, cité royale, mère des muses./ Toi, accepte le maintenant pour tes mérites / Cet art d’écrire presque divin qu’inventa la Germanie…  (trad. Jeanne Veyrin-Forrer)
Le début des travaux de réaménagement de la Sorbonne « historique » rendra probablement impossible d’entrer sur le site de celle-ci d’ici quelques mois. Même si la topographie n’est pas absolument superposable, comme le montre le plan de Truchet / Hoyau, la plaque apposée dans le hall de la Bibliothèque (cf cliché) commémore pourtant toujours l’événement de 1470.

Bibliogr. : Robert Marichal, Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), Paris, 1987. Jacques Monfrin, « Les lectures de Guillaume Fichet et de Jean Heynlin d’après le registre de prêts de la Bibliothèque de la Sorbonne », dans BHR, 1955, XVII, p. 7-23.
Frédéric Barbier, dir., La Capitale des livres. Le monde du livre et de la presse à Paris, du Moyen Âge au XXIe siècle [catalogue d’exposition], Paris, Paris-Bibliothèques / PUF, 2007, 339 p., ill., couv. ill. en coul.

samedi 3 juillet 2010

Sites hongrois d'histoire du livre

Les ressources disponibles sur Internet s'enrichissent jusqu'à constituer des ensembles documentaires tendant à l'exhaustivité pour certaines géographies. C'est le cas avec la Hongrie, dont les vicissitudes de l'histoire politique aux époques moderne et contemporaine font que les données mises à disposition intéressent un territoire sensiblement plus étendu que celui de la Hongrie actuelle.
Historiquement, les Hongrois occupent le centre de la plaine du Danube entre la sortie du fleuve des contreforts alpins, peu avant Vienne, et les Portes de fer débouchant sur la Valachie. Cette vaste zone de plaines est enserrée de tous côtés par des reliefs plus ou moins importants: les Alpes vers l'ouest, puis l'arc des Carpates et les différents massifs des Alpes dinariques vers le sud. A partir du XIe siècle, la couronne de saint Étienne s'affermit et étend progressivement sa domination sur une grande partie de cette géographie, les peuples environnants: la frontière touche Belgrade, l'Adriatique est atteinte en Croatie. A la fin du XVe siècle, le règne de Mathias Corvin marque l'apogée, et le roi lui-même s'établit à Vienne. La carte ci-dessous permet de se repérer sommairement. Le détail du cours du Danube dans la grande plaine ne tient pas compte des travaux d'assainissement réalisées notamment depuis le XIXe siècle (cliquer sur la carte pour l'agrandir).
On sait comment cette construction s'effondre sous la poussée des Ottomans: après la défaite de Mohács (1526), la plaine du Danube qui est occupée par les Turcs. Le royaume de Hongrie se limite à un vaste arc de cercle conduisant de la Croatie à la Slovaquie actuelle, tandis qu'à l'est la Transylvanie est considérée comme une principauté indépendante vassale de Constantinople. La dynastie royale a disparu et les Habsbourg seront désormais couronnés rois de Hongrie.
La reconquête au profit de l'empereur se développe à partir de la fin du XVIIe siècle, et l'ancien territoire du royaume de Hongrie est pratiquement réintégré dans la chrétienté occidentale au XVIIIe siècle. La Hongrie, gouvernée par Vienne, ne fait pourtant pas partie du Saint-Empire, lequel disparaît en 1804 pour laisser la place au nouvel Empire d'Autriche. Enfin, en 1867, la signature du "Compromis" instaure un système plus équilibré, avec une large autonomie accordée à Budapest: c'est le temps de l'Autriche-Hongrie, qui s'achève pourtant avec la catastrophe de la Première Guerre mondiale. En 1919, la Hongrie a perdu les deux-tiers de son territoire historique.
Rien de surprenant, donc, si les sites que nous signalons rapidement intéressent de fait une grande partie de l'Europe centrale:
1- La reconstitution de la Bibliothèque de Mathias Corvin est accessible à l'adresse: http://www.corvina.oszk.hu/
Il s'agit de la numérisation des manuscrits ayant fait partie de la bibliothèque du roi mais qui sont aujourd'hui conservés dans un grand nombre de bibliothèques européennes. La base de données (Corvinák) propose, avec un classement par fonds et par cotes, la reproduction numérique d'un certain nombre de manuscrits, leur description codicologique. Le site est toujours en cours de développement. Il est pour partie disponible en italien, mais certains liens ne fonctionnent pas.
2- Les manuscrits en langue hongroise antérieurs à 1530 sont présentés à l'adresse: http://nyelvemlekek.oszk.hu/
Le texte le plus ancien que l'on conserve aujourd'hui remonte à 1055. Ce site a été mis en place à l'occasion de l'Année internationale des langues (2009), et il se recommande par sa richesse. La difficulté d'accéder au contenu en hongrois est en partie levée par l'utilisation d'un traducteur automatique. La liste des documents présentés est accessible par le bouton "Nyelvemlékek" (= documents)
3- Le programme Bibliotheca eruditionis (http://www.eruditio.hu) porte sur le catalogage et sur le repérage des Hungarica et des livres anciens (XVe-XVIIe siècles) ayant circulé dans le bassin des Carpates. Il comprend plusieurs volets principaux, touchant la bibliographie rétrospective, le catalogue collectif des ouvrages anciens et le recensement des sources archivistiques mentionnant des livres dans la région (catalogues de bibliothèques privées). Cet ensemble de bases de données connectées les unes avec les autres est toujours en développement. Certains liens ne semblent pas fonctionner, notamment à partir des pages traduites.
La reconstitution de la bibliothèque de Miklos Zrinyi (1620-1664) fait l'objet d'un programme spécifique développé entre les bibliothèques de Budapest, de Szeged et de Zagreb: le site s'ouvre avec l'histoire de la bibliothèque (http://www.eruditio.hu/zrinyi3d/bz/index.html). La bibliothèque virtuelle est reproduite dans son ordre systématique (http://www.eruditio.hu/zrinyi3d/rekonst/origbooksh.html), puis le site propose la description bibliographique moderne des volumes. Le catalogue manuscrit ancien est disponible, et la salle elle-même de la bibliothèque est reconstituée en 3D.
4- Les données concernant les ateliers d'imprimerie connus dans la Hongrie historique jusqu'en 1600 sont accessibles à l'adresse http://typographia.oszk.hu/
Le site propose une partie rapide sur l'histoire de l'imprimerie, puis sur l'histoire de l'imprimerie en Hongrie aux XVe et XVIe siècles, et surtout les monographies des différents ateliers (http://typographia.oszk.hu/html/hun/nyomdak.htm), avec le cas échéant des éléments d'iconographie, reproductions d'éditions anciennes, notes sur les papiers employés, etc.
5- Le fonds d'histoire du livre constitué à la Bibliothèque nationale de Budapest (Bibliothèque Széchényi) est consultable à l'adresse http://www.mek.oszk.hu/ekgy/
L'utilisation de ce site est considérablement facilitée par le fait qu'il est disponible en plusieurs langues européennes, dont le français. À titre personnel, je trouve que la présence de l'onglet "Traduction" dans le navigateur Google Chrome facilite notablement les choses pour un certain nombre de langues. Même si la traduction est loin d'être parfaite (surtout pour les langues autres que l'anglais), elle fournit des éléments sur des contenus qui sinon resteraient complètement hermétiques.