Au pays saxon: vue du haut du clocher de Probstdorf / Stejărișu |
Pour plusieurs d'entre elles, le succès vient de leur position à un point de contrôle stratégique des grandes routes commerciales: Oradea / Großwardein, dans les Partium, contrôle la principale voie d'accès vers l'intérieur du pays, par le Körös Rapide et le col du roi (Király hágó), route au débouché de laquelle on trouve précisément Klausenburg. De même, Kronstadt est située sur le versant nord du col permettant d'accéder à Sinaia et à la Valachie. A contrario, les Saxons s’établissent peu à peu aussi dans d’autres régions du bassin des Carpates.
Fragment du premier imprimé conservé en Transylvanie (© Bibl. Telekiana) |
Dans le pays saxon, la langue usuelle est l’allemand (plus exactement, un dialecte allemand), tandis que l’économie s’appuie à la fois sur l’agriculture, l’élevage et la sylviculture, mais aussi sur l’exploitation minière (or, argent, sel) et sur le négoce. Ces différentes communautés feront rapidement, au XVIe siècle, le choix de la Réforme luthérienne. Kronstadt passe à la Réforme en 1542 (cliquer ici pour les détails), et l’Universitas Saxonum adopte en 1550 les dispositions prises dans cette ville. Le premier évêque luthérien (Superintendent), Paul Wiener, originaire de l'actuelle Slovénie, est nommé en 1553-1554 et l’Église luthérienne de Transylvanie est organisée en 1572 au synode de Mediasch. Son siège, d’abord établi à Hermannstadt, est alors transporté à Birthälm / Berthalmo, où il restera jusqu’en 1867, date de la signature du Compromis autro-hongrois. En 1568 enfin, la diète de Torda / Turda promulgue la liberté de culte (luthérien, calviniste et catholique, les orthodoxes étant seulement tolérés) dans la principauté –un exemple alors pratiquement unique en Europe.
Il n’y a rien de surprenant à ce que les communautés saxonnes jouent un rôle clé dans la diffusion de la culture écrite à travers le pays. L’essor du négoce s’appuie toujours sur l’écriture (pour la correspondance et pour la comptabilité), tandis que des jeunes gens sont envoyés par les villes (comme par certains nobles) pour poursuivre leurs études dans les universités occidentales, au premier rang desquelles Vienne. Bien entendu, les Saxons entretiennent des relations très régulières avec les pays allemands, où l'imprimerie est inventée et où elle commence d'abord à se répandre. Les premières presses typographiques apparaissent dans la province à Hermannstadt en 1525, avec l’atelier de Lukas Trapoldner et de Valentinus Corvinus. Les imprimeries se multiplient rapidement au XVIe siècle, alors que l’on commence aussi à travailler pour l’Église orthodoxe.
Palais Brukenthal à Hermannstadt / Sibiu |
Un personnage illustre pleinement la réussite des grandes familles de la bourgeoisie négociante des villes saxonnes: il s’agit de Samuel Brukenthal (1726-1805), fils d’un administrateur royal, étudiant à Halle et Iéna, franc-maçon et intégré très jeune aux élites des Lumières européennes. Rentré en Transylvanie en 1745, il se marie avec la fille du maire (Bürgermeister) de Hermannstadt, ville dans laquelle il est reçu à la bourgeoisie. Il occupe d’abord un poste dans l’administration urbaine, avant d’être nommé membre d'une délégation envoyée auprès de Marie-Thérèse à Vienne en 1753.
Samuel v. Brukenthal (© Bibliotheca Telekiana) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire