Nous sommes d’autant plus heureux d’annoncer la prochaine conférence de la direction d’études d’«Histoire et civilisation du livre» (EPHE), que cette conférence envisage une problématique d’une très grande importance, mais qui s’est trouvée jusqu’à présent particulièrement négligée: il s’agit du statut et du rôle de la «copie» d’un texte ou d’un ensemble de textes.
Bien entendu, l’économie de la copie est complètement différente en Occident dans le système du manuscrit (pour l’essentiel, avant 1450), mais sa pratique monte peut-être paradoxalement en puissance à l’époque de l’imprimé. Bien entendu aussi, le statut de la copie engage, du moins à partir de l’époque moderne, celui de l’original éventuel. L’œuvre d’art originale prend une valeur que n’auront pas les copies (comme le montre l’exemple des copies de L'École d’Athènes dans les bibliothèques), et il est possible que ce modèle ait été décalqué dans le domaine littéraire. Les aléas de l’histoire peuvent d’ailleurs aboutir à inverser l’équilibre entre les deux termes, quand la disparition de l’original donne à la copie une valeur nouvelle. On le voit, l’intitulé de la conférence suscite toutes sortes de réflexions, qui pourraient aussi toucher à l'approche de la copie (de l'acte de copier/ recopier) en termes de technique ou de pratique, ou encore à l’ordre de la lexicographie.
La conférence insistera tout particulièrement sur la dimension anthropologique de la pratique de la copie et de son utilisation dans l’élaboration d’un certain mode et modèle de connaissance. Pour conclure sur un sourire: l'actualité du sujet n'est-elle pas démontrée par le fait que la copie reste, aujourd’hui, à la base du travail de l’historien (et de l’historien du livre) constituant sa propre collection d’extraits qui lui permettront de charpenter et de dérouler son discours à venir.
Mais il est temps de laisser la parole à l’organisatrice, que nous remercions de l'information par elle transmise. Les auditeurs souhaitant participer à la séance (par le biais de Zoom) sont invités à s’adresser à Madame Emmanuelle Chapron pour se faire communiquer l’indicatif et le code secret de la réunion (emmanuelle.chapron-lebianic@ephe.psl.eu).
Chères auditrices, chers auditeurs,
Voici l'annonce de la prochaine séance de mon séminaire, qui sera commun avec celui de Mme d'Orgeix.
Je me réjouis de vous retrouver à cette occasion.
Emmanuelle Chapron
Les copies sont nombreuses dans les fonds d’érudits de l’époque moderne conservés aujourd’hui dans les bibliothèques –copies d’inscriptions, de lettres, de manuscrits, voire d’ouvrages imprimés. Durant cette séance, on cherchera à déplier les enjeux de cette pratique, le rôle que la copie tient dans l’économie des échanges savants, du travail intellectuel et des techniques de reproduction de l’écrit. Comment les savants et les professionnels d’Ancien Régime travaillent-ils en copiant ou plutôt, quel genre de travail ont-ils l’impression de faire avec la copie? Qui sont les écrivains, copistes ou «misérables secrétaires», petites mains de l’ombre fugacement évoqués dans les sources? Quelle est la valeur, intellectuelle et financière, de ces copies? Comment ces copies finissent-elles par «faire livre» et constituer des bibliothèques?
La séance portera également sur l’usage de la copie de fragments de textes dans des recueils manuscrits. Comment expliquer ces compositions et comment étudier ce type d’ouvrages et quelle valeur leur donner?
On présentera plusieurs études de cas, à partir de la correspondance du savant Jean-François Séguier (1703-1784) et de recueils d’architecture «composés» à partir de fragments (XVIe-XVIIe siècle).
Les participants au séminaire sont chaleureusement invités à réfléchir à ce qui, dans leur corpus, relève de la copie et du fragment, et à en proposer une rapide présentation (5-10 minutes).
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