À Belem, près de Lisbonne, la représentation d'une caravelle |
Nous envisagerons notamment, au titre de l’introduction, la problématique des découvertes, elles-mêmes étroitement liées à la connaissance livresque. L’œuvre de Ptolémée d’Alexandrie était évidemment connue des Byzantins, mais aussi des Arabes, et elle est traduite en arabe au IXe siècle. Les curiosités nouvelles pour la Grèce antique font qu’un manuscrit grec de Ptolémée est apporté de Constantinople à Florence au début du XIVe siècle. Il est traduit en latin par Jacobus de Angelo, et les copies se multiplient rapidement. Dans le même temps, Pierre d’Ailly rédige son Imago mundi (L'Image du monde), elle aussi appelée à un grand succès.
Les Indes rêvées déduites des constructions de Ptolémée |
Les éditions de John of Hollywood (Johannes de Sacro Bosco) et de Hartmann Schedel sont elles aussi illustrées de gravures représentant des sphères construites d’après les conceptions aristotélo–ptolémaïques (Hartmann Schedel, Liber chronicarum, Nürnberg, Anton Koberger, 1493). Au XVe siècle, l’idée de la sphéricité de la terre est admise, d’où se déduit l’hypothèse qui consiste à gagner l’Orient (Indes orientales, Chine et Japon) en partant vers l’ouest. C’est ce principe que Christophe Colomb met en œuvre lorsque, après plusieurs tentatives pour monter une expédition, il quitte Palos, le 3 août 1492, pour son grand voyage de découverte.
Mais de découverte, il n’est pas immédiatement question, même quand on prend pied dans le Nouveau Monde. Les conceptions ptoléméennes ont en effet pour résultat de surestimer considérablement la masse représentée par le continent eurasiatique (qui s’étendrait sur quelque 180° de longitude). Par suite, lorsque Colomb, après quelque deux mois d'une très brillante navigation, débarque dans les Bahamas, il croit avoir déjà dépassé... la position du Japon, qu’il cherchera un temps en revenant vers l’est, à partir de Cuba (cf cliché 2, et note infra).
De Insulis nuper in mare Indico repertis |
En 1507 enfin, à Saint-Dié, Conrad Waldseemüller (1470-1518) publie sa Cosmographie, où il désigne du nom d’Amérique le nouveau continent. Le même donne à Strasbourg en 1513 une carte du Nouveau Monde (Tabula terrae novae) dans une traduction de Ptolémée, puis, trois ans plus tard, un atlas maritime de douze planches gravées (Carta marina) précisant l’état des connaissances à cette date (Strasbourg, Johann Grüninger, 1516).
Quant à la découverte du Brésil lui-même… nous en reparlerons le 21.
Note sur le cliché 2. La carte représente, en fond, la position réelle des continents; en surimpression, la position des continents d'après la mappemonde de Martin Behaim (1492), donc à la veille de la découverte de l'Amérique: on reconnaît le Japon (Cipango), l'archipel des Philippines (à hauteur de l'Amérique du sud), et l'Extrême-Orient asiatique (Source: Atlas historico de la América del Descubrimiento, Madrid, 2004, p. 60).
Cette superposition de cartes est très utile pour comprendre la vision qu’avait Colomb du Monde, bien plus que la lecture de mon exemplaire du De Sphera Mundi !
RépondreSupprimerHeureusement que dans sa course le génois n’a pas rencontré les Açores, il se serait cru arrivé au Japon !
Textor