Une date à noter, celle du 6 juin 2013. En effet, la traditionnelle séance foraine organisée à titre privé par la conférence d’Histoire et civilisation du livre de l’École pratique des Hautes Études (IVe Section), aura lieu le 6 juin 2013 à Auxerre.
Auxerre est très facile d’accès. Depuis Paris, le chemin de fer suit d'abord la Seine, traversée à Melun, puis il passe en forêt de Fontainebleau avant de remonter l’Yonne. Le paysage verdoyant est agréablement vallonné, la seule ville d'importance étant alors celle de Sens, avec sa célèbre cathédrale. Le trajet Paris-Auxerre se fait en deux heures environ, et il y a un train par heure. Sur place, nous aurons l’occasion de découvrir la bibliothèque, et la très riche tradition historique de cette ville à la fois agréable et pittoresque.
Sur la grande route du sud, Auxerre se situe aux portes du Parc naturel régional du Morvan et à une quarantaine de kilomètres de Vézelay. Par-delà les «côtes», c’est Dijon, la vallée de la Saône, le sillon rhodanien... et la Méditerranée: la voie romaine de Lyon à Boulogne-s/Mer et à la Bretagne (l’Angleterre) passait déjà par Autessiodurum (la forteresse d’Auxerre). C’est peu de dire que nous sommes aussi, entre Autun (Augustodunum) et Sens (Agedincum, longtemps métropole de Paris), dans l’une des géographies les plus précocement atteintes par le christianisme en Occident.
Comme il est souvent de règle au sein des nouvelles élites de la religion chrétienne, saint Amâtre est un gallo-romain fortuné, qui sera élu évêque d’Auxerre en 386. L’apôtre de la basse Bourgogne est cependant son successeur, saint Germain, sur le tombeau duquel est bientôt élevé un oratoire, puis une abbaye bénédictine financée par Clotilde et qui deviendra particulièrement célèbre pour ses écoles –et pour sa bibliothèque. À côté des évêques, les comtes d’Auxerre sont les principaux personnages de la cité, jusqu’à la cession du comté à Charles V en 1370. La ville connaîtra une période particulièrement favorable à la fin du XVe et dans la première moitié du XVIe siècle: beaucoup de bâtiments anciens datant de cette époque sont conservés.
Auxerre intéresse à plusieurs titres les historiens du livre. La bibliothèque de la ville est constituée, comme c’est l’usage, à partir des confiscations révolutionnaires, au premier rang desquelles les livres des abbayes de Saint-Germain, mais aussi de Pontigny, «seconde fille de Cîteaux», à quelques dizaines de kilomètres au nord. Le chapitre de la cathédrale possédait également une bibliothèque, dont nous avons un certain nombre de volumes. Les fonds anciens représentent aujourd’hui environ 500 manuscrits, 150 incunables, et plusieurs milliers d’éditions du XVIe au XIXe siècle.
Parmi les personnalités les plus notables ayant marqué l’histoire de la ville, on ne peut manquer de citer le nom de Nicolas Edme Rétif de la Bretonne, né en 1734, qui exercera comme apprenti typographe à Auxerre (1751) et à Dijon, et qui évoque longuement cette période de sa vie dans son autobiographie de Monsieur Nicolas. Le maître de Rétif, François Fournier, est l’un des libraires imprimeurs les plus en vue de l’époque des Lumières. La seconde grande figure d’Auxerre qui ait à voir avec l’histoire du livre est celle du Père François Xavier Laire (1738-1801), bibliothécaire du prince de Salm, puis du cardinal Loménie de Brienne alors que celui-ci, archevêque de Toulouse, est précisément nommé à Sens.
Laire sera nommé bibliothécaire du district de Sens en 1791, puis bibliothécaire de l’École centrale de l’Yonne: comme tel, il est le véritable fondateur de la bibliothèque d’Auxerre, mais aussi un bibliographe célèbre, notamment spécialiste des éditions du XVe siècle (voir cliché).
Nous visiterons la bibliothèque et découvrirons ses collections grâce à l’obligeance de sa directrice Madame Carine Ruiz. Madame Anne-Marie Turcan, directeur d’études, et Monsieur Dominique Varry, professeur d’histoire du livre, interviendront, avec Monsieur Frédéric Barbier, pour commenter les manuscrits et pour évoquer la figure du Père Laire, la librairie du XVIIIe siècle et l’histoire des bibliothèques à l’époque de la Révolution.
Une excursion à Auxerre doit aussi être l’occasion de découvrir la cathédrale Saint-Étienne; les vestiges de l’abbaye de Saint-Germain (avec les plus anciennes fresques de France, milieu du IXe siècle); la ville ancienne (avec des immeubles remontant au XIVe siècle); le quartier «de la Marine», autrement dit du port sur l’Yonne; sans oublier le Musée… et son portrait du Père Laire. Si l’on est en voiture, on peut aussi en profiter pour découvrir le charme des villages, et du vignoble, de l’Auxerrois (Coulanges-la-Vineuse, Irancy, etc.). Un peu après Auxerre, nous serions à Montbard, la patrie de Monsieur de Buffon.
Peut-être le printemps sera-t-il de la partie? Quoi qu'il en soit, selon l’habitude, la participation à la séance foraine est libre et gratuite, sur inscription (une quinzaine de participants au maximum). Les détails de l’horaire seront publiés prochainement sur ce blog, mais vous pouvez d'ores et déjà retenir la date.
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RépondreSupprimerMerci à vous, c'est une excellente idée! FB
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