Il y a quelques semaines, rangeant ce que j’appelle mon «bureau-cabine» de la rue d’Ulm (ceux qui connaissent les lieux comprennent aussitôt le sens de cette désignation), je décidai de faire le vide dans des tas de papiers empilés sur les étagères. Et là, surprise, au milieu des dossiers, un livre, emprunté à une bibliothèque (très recommandable, mais que l’on m’excusera de ne pas nommer plus précisément) …il y a plusieurs années, et peu à peu oublié par moi. Comme le lendemain je partais quelques jours pour des conférences à l’étranger (les lecteurs de ce blog auront compris que c’était en Hongrie), je le mets de côté pour le restituer à qui de droit dès mon retour.
L’incident me fait ressouvenir d’une série amusante découverte il y a peut-être une dizaine d'années, mais elle aussi enfouie dans les strates de toutes sortes de souvenirs plus récents. Une petite excursion sur la Toile me permet de l'identifier rapidement: il s'agit de Rex Libris, du nom du directeur d'une bibliothèque publique américaine fictive. En tant que membre d'un mystérieux ordre secret, Rex Libris est aussi le dépositaire de la science universelle accumulée depuis la Bibliothèque d'Alexandrie, et l'adversaire résolu des forces de l'obscurité et du mal. Création de James Turner, il défend sa bibliothèque contre toutes sortes d'attaquants (ah, s'il pouvait la défendre contre certaines administrations!), traque les voleurs de livres et s'emploie, en utilisant parfois des moyens spectaculaires, à récupérer les livres empruntés et jamais restitués. La bande dessinée comique joue sur la combinaison entre une profession à l'image convenue et des péripéties directement décalquées du cinéma d'action américain. Dans un autre environnement, la recette fait penser à celle d'Indiana Jones.
Le cliché qui me trottait dans la tête, et que j'avais peut-être vu autrefois en affiche au détour d'une bibliothèque, était celui où Rex Libris, dans la posture impérieuse de l'Oncle Sam, désigne d'un doigt vengeur le lecteur fautif (moi...) en le questionnant: «vous avez RENDU vos livres à la Bibliothèque? Hein, vous les avez rendus?». Que les lecteurs se rassurent, le livre indument et trop longtemps conservé a été cette fois rendu à l’institution trop généreuse qui me l'avais confié!
NB- Rappelons, même si Rex Libris n’y apparaît pas, l’article de Marianne Pernoo, «Images et portraits de bibliothécaires: littérature et cinéma», dans Histoire et civilisation du livre. Revue internationale, III, 2007, p. 364-378. Sur ce blog, billet du 21 mars 2010 sur «Gutenberg en BD». Et, sur Internet: http://www.jtillustration.com/rex/index.html (d'où est tiré le cliché ci-dessus).
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