À l'occasion d'un colloque à Venise, le buffet de midi était dressé sur le balcon du premier étage du Palais des Doges (© F. Barbier) |
L’institution peut être regardée comme réellement emblématique de l’humanisme italien, puisqu’elle trouve son origine dans le legs de sa bibliothèque à la Sérénissime par le cardinal Bessarion en 1468. La collection devait être abritée à Saint-Marc, et accessible au public des savants, mais les dispositions du legs ne pas observées dans l’immédiat. Quelques décennies plus tard, la République lance une grande opération d’édilité en plein cœur de la cité. La place Saint-Marc et la Piazzetta seront disposées à la manière de la cour d’un palais, avec le Palais des doges, la cathédrale, la tour de l’Horloge et les arcades des Vieilles Procuraties. Sansovino reprend le modèle de celles-ci pour le bâtiment prévu en symétrie, et destiné à abriter la bibliothèque, dont les travaux, commencés en 1538, ne s’achèveront qu’en 1591. La réalisation du programme pictural a fait appel à Véronèse et au Titien.
C’est dans cette institution unique que notre collègue et ami Marino Zorzi a fait toute sa carrière de bibliothécaire, jusqu’à la diriger à compter de 1989. Marino Zorzi a développé la recherche au sein de la bibliothèque, il a organisé un certain nombre d’expositions spectaculaires présentées dans le cadre des salles historiques de l’institution, et il s’est imposé, par ses travaux personnels, comme l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire du livre vénitien, qu’il s’agisse de l’histoire institutionnelle (la censure!), de l’histoire des imprimeurs et des libraires, de celle de la lecture ou encore de celle des bibliothèques privées et publiques. Marino Zorzi est aussi un historien reconnu des «colonies» vénitiennes, notamment celles de l’Adriatique (la Dalmatie, en actuelle Croatie).
On mesure par là le privilège qui est celui du public francophone pouvant désormais disposer d’une synthèse rédigée en français par Marino Zorzi et consacrée à l’histoire de l’imprimé à Venise, des origines (1469) jusqu’à la chute de la République (1797). Essor et déclin du livre imprimé vénitien vient en effet d’être publié, reprenant les conférences tenues par l’auteur à Paris en 2013. L’accent est logiquement mis sur la période la plus faste, celle conduisant de l’apparition de l’imprimerie à la mise en œuvre de l’Index de Paul IV à Venise à partir de 1558 (cf p 62). La conjoncture jusque là très brillante s’inverse alors, la branche de la «librairie» vénitienne entrant dans une longue phase de déclin.
Le petit ouvrage de Marino Zorzi est tout particulièrement bien documenté, et il présente une illustration à la fois pertinente, élégante et largement originale. La bibliographie est donnée dans les notes infrapaginales.
Marino Zorzi, Essor et déclin du livre imprimé vénitien,
Paris, BnF Éditions, 2016, 78 p., ill. (« Conférences Léopold Delisle »).
ISBN 9 782717 726503. Prix : 29 euros.
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