jeudi 16 juin 2011

Conférence d'histoire du livre

La ville de Dole, ancienne capitale de la « Comté de Bourgogne », accueillera la séance foraine de la conférence d’Histoire et civilisation du livre le 24 juin 2011 (quelques clichés de Dole).
La dernière conférence régulière de l'EPHE se tiendra le 20 juin dans les locaux de l’avenue de France, et sera l’occasion de proposer aux auditeurs une

Introduction à l’histoire du livre et des bibliothèques en Franche-Comté

Sur le plan historique, la Franche-Comté est une composante de l’ancien royaume de Lotharingie, royaume progressivement démembré et entré dans l’orbite de l’Empire allemand (Xe siècle). Nous sommes en Haute-Bourgogne, le pays au-delà de la Saône, longtemps disputé entre la France et l’Allemagne.
Dans un premier temps, la Comté entre dans les territoires rassemblés sous l'autorité des ducs Valois de Bourgogne, et sont donc tournés vers la France. Mais, après la mort tragique de Charles le Téméraire, le dernier «grand-duc d’Occident» (1477) et après le traité d’Arras (1483), la Comté revient dans les possessions des Habsbourg: le XVIe siècle est considéré comme l’«âge d’or» pour la province, qui s’administre de manière largement autonome, alors que les premières décennies du XVIIe siècle sont beaucoup plus difficiles.
Condé assiège en vain Dole en 1636 et les Français occupent Besançon en 1668, avant que le traité de Nimègue (1678) ne rattache définitivement la Franche-Comté à la France. Dole est alors puissamment fortifiée par Vauban.
La capitale historique de la Comté est en effet située à Dole, à peu près à mi-chemin de Dijon et de Besançon: mais Dijon est en Basse-Bourgogne, en-deçà de la Saône, tandis que Besançon a le statut de ville libre d’Empire et constitue donc une sorte de petite république autonome sous l’autorité lointaine de l’Empereur. Les ducs Valois de Bourgogne établissent à Dole les institutions en charge du pays, le Parlement et l’administration centrale, l’université (à partir de 1422), tandis qu'une Chambre des comptes y sera installée en 1494. L’université de Dole comprend quatre facultés (on sait qu’une seconde université bourguignonne est créée à Louvain pour les pays du Nord).
D’importantes maisons religieuses sont par ailleurs établies en ville (les Cisterciens et surtout les Franciscains): rien de surprenant à ce que la production et la circulation du manuscrit se développent dans les derniers siècles du Moyen Âge, ni à ce que la ville n’accueille un imprimeur itinérant d’origine allemande, Peter Metlinger, qui y donne en 1490 les Coutumes de Bourgogne).
La proximité des villes rhénanes, au premier rang desquelles il faut citer Bâle, explique que le livre soit largement présent à Dole au XVIe siècle, mais que la ville n’accueille un imprimeur à demeure que de manière relativement tardive: la problématique de la Contre-Réforme et la venue des jésuites (1582) jouent en l’occurrence un rôle décisif (cf. cliché). L’université est d’ailleurs réunie au collège jésuite en 1618.
Avec le rattachement de la Comté à la France, le Parlement, l’université, la Chambre des comptes et la Monnaie abandonnent Dole pour Besançon, où s'installe aussi le nouvel intendant: le temps de la capitale est révolu, et Dole suit, dans la dernière partie de l’Ancien Régime et au XIXe siècle, la conjoncture classique d’une petite ville du royaume: c’est la production imprimée parisienne qui s’impose, même si la relative proximité des frontières donne un rôle particulier au commerce et à la contrebande.

À partir de 16h, la conférence du 20 juin développera la conjoncture contrastée de la «librairie» doloise et comtoise; elle évoquera aussi le rôle important des papeteries établies dans le plat-pays, et abordera l’histoire de l’ancienne bibliothèque publique (aujourd’hui médiathèque) de Dole: la bibliothèque est voulue par Richardot de Choisey en 1786, mais les événements retardent sa fondation. Le conseil municipal en décide la création en janvier 1791, et elle ne sera effectivement ouverte qu’une vingtaine d’années plus tard. Outre les fonds provenant des confiscations révolutionnaires, la bibliothèque reçoit un certain nombre de dons ou fait des acquisitions importantes au XIXe siècle. D’abord installée dans l’ancien collège jésuite (Collège de l’Arc), elle est transportée en 2000 dans les magnifique locaux de l’hôtel-Dieu.
À partir de 17h environ aura lieu le traditionnel pot de fin d’année clôturant la conférence.
Toute personne intéressée sera la bienvenue.

La séance foraine se déroulera le vendredi 24 juin à Dole, selon le programme annoncé. La séance foraine est ouverte à toute personne intéressée, mais on est prié de s’inscrire auprès du secrétariat de l’IHMC par téléphone (01 44 32 31 52) ou par courriel (martine.grelot@ens.fr) avant le 21 juin prochain.

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