Catherine Volpilhac-Auger,
Un auteur en quête d’éditeurs ? Histoire éditoriale de l’œuvre de Montesquieu (1748-1964),
éd. avec la collab. de Gabriel Sabbagh et de Françoise Weil,
Lyon, ENS Éd./ Institut d’histoire du livre, 2011,
448 p., ill., index nominum, index librorum, index des bibliothèques
(«Métamorphoses du livre»).
ISBN 978-2-84788-241-4
Les historiens du livre, et, bien entendu, les historiens et littéraires «dix-huitiméistes», connaissent bien Catherine Volpilhac-Auger, professeur à l’École normale supérieure (Lettres) de Lyon. Catherine Volpilhac-Auger associe depuis longtemps dans ses travaux les problématiques de l’histoire littéraire et de l’histoire des textes, avec celles de l’histoire du livre. Spécialiste de Montesquieu, elle donne ici un exemple encore trop rare de monographie parfaitement documentée sur le corpus d’un auteur que l'on peut réellement dire emblématique (pour une fois, l'épithète vient à sa place).
Connaissant parfaitement les textes mêmes de Montesquieu et la littérature spécialisée, l’auteur convoque pour conduire son étude aussi bien les techniques de la bibliographie matérielle des éditions successives que les documents d’archives notamment conservés en Gironde. L’objectif est celui du texte, le terme d’«éditeur» repris au titre étant d’abord à entendre au sens d’«éditeur scientifique». Mais il s’agit bien d’un travail d’histoire du livre, avec la problématique des imprimeurs et de la diffusion, avec la réception de l’œuvre, avec les rapports entre l’auteur et les professionnels, avec l’économie générale du livre à chaque époque (la librairie périphérique des Lumières; les «libraires parisiens» des dernières années du XVIIIe siècle; le rôle de Bordeaux, surtout à partir de 1889).
La sociologie culturelle et les conditions de la recherche scientifique sont elles aussi prises en considération: on apprécie tout particulièrement la présentation de personnalités comme celle de Henri Auguste Barckhausen, descendant d’une famille de Brême installée à Bordeaux en 1829, professeur de droit, quelques mois préfet de la Gironde en 1871, et éditeur de Montaigne. Reinhold Dezeimeris (cliché ci-contre), fils d’un médecin établi en Dordogne, sera lui-même président de l’Académie de Bordeaux et directeur de la Bibliothèque municipale de cette ville.
Grâce à Catherine Volpilhac-Auger, nous dépassons enfin une «tradition historiographique» qui, en place de recherches proprement scientifiques, «semble avoir jusqu’ici tenu lieu d’histoire à l’édition de L’Esprit des lois» (gageons que le cas se rencontre pour d'autre textes) (p.125), et nous disposons d’un modèle d’étude sur un des corpus de textes majeurs du XVIIIe siècle.
Table des matières
Parlez-vous le Montesquieu?
Première partie. Les premières éditions de L’Esprit des lois: une histoire à relire
Deuxième partie. Un si long sommeil… Manuscrits et éditions de Montesquieu de 1750 à 1889
Troisième partie. Une ère nouvelle (1889-1964).
Maior et longinquo reventia
Annexes, p. 384-431 : «Tableaux comparatifs des corrections présentées par les quatre premiers errata de L’Esprit des lois»; les enseignements des bibliothèques (Bordeaux, La Brède); «Un carton mystérieux»; « Pour une édition critique de L’Esprit des lois»; «Comparaison des tables des matières»; «Tableaux récapitulatifs des envois de corrections et des éditions de L’Esprit des lois (1749-1750)»; «Sur les Œuvres de 1758»; « Comment publier les œuvres de Montesquieu? (Anonyme)» [Bibliothèque municipale de Bordeaux, ms 1990/II (4)]; «Lettre de Raymond Céleste au baron Charles de Montesquieu (1889)»; «Notes sur la publication des œuvres inédites du président de Montesquieu et des documents relatifs à sa biographie (1890)».
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