mercredi 10 novembre 2010

Retour en Hongrie (1)

Frédéric Barbier, A Modern Európa születése : Gutenberg Európája, trad. Péter Balázs, Budapest, Kossuth Kiadó, 2010, 348 p. ill., index (site de l'éditeur).
Traduction en hongrois de : L’Europe de Gutenberg. Le livre et l’invention de la modernité occidentale, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Belin, 2006.
A l'occasion d'un voyage en Hongrie, nous présentons dans plusieurs villes la traduction hongroise de L'Europe de Gutenberg sortie initialement à Paris en 2006. Après avoir rencontré l'éditeur (Kossuth Kiadó), la première séance de présentation a lieu à la Bibliothèque nationale de Hongrie, sur le colline de Buda -un emplacement et un bâtiment représentatifs s'il en est (cf. cliché). Comme la séance se termine vers 17h et que Budapest est sensiblement plus à l'Est que Paris, la nuit est tombée lorsque nous sortons. Sous une petite pluie fine, nous gagnons Eger, en Hongrie orientale, où aura lieu la deuxième séance de présentation.
Les lecteurs de ce blog connaissent déjà Eger et sa magnifique bibliothèque Esterhazy (voir aussi des clichés à l'adresse: avril 2010-Hongrie). L'École supérieure est cette fois en pleins travaux de réaménagements, de sorte que toutes les activités ont dû être délocalisées pour plusieurs semestres. La présentation du livre a donc lieu à proximité immédiate, dans le séminaire archiépiscopal.
J'ignorais cependant que ce séminaire, qui fonctionne toujours, possédait lui aussi une bibliothèque ancienne, créée au XIXe siècle, et dans laquelle ont notamment été rassemblés, outre les collections destinées à l'enseignement et à la recherche, un certain nombre de collections dispersées, bibliothèques des paroisses, dons de différents ecclésiastiques etc. (cf. cliché). L'imprimé le plus ancien est un incunable vénitien, et la bibliothèque, d'abord créée comme sodalitas des étudiants, conserve également ses propres archives.
Puis, dans l'après-midi, nous gagnons Szeged, à travers la plaine hongroise (alföld), un paysage quelque peu mélancolique à la mi-novembre et par temps couvert. À partir de Tiszafüred, nous longeons de plus ou moins loin le cours de la Tisza. De petites fermes isolées (tanya) parsèment le paysage, et la campagne est gorgée d'eau par suite des pluies très abondantes. Plusieurs petites villes calvinistes jalonnent le parcours (quelque 200km), avant que nous n'arrivions à destination à la nuit tombée.
Szeged, sur la très puissante (et poissonneuse!) rivière de la Tisza, a été pratiquement détruite par une inondation en 1879, et la ville a été reconstruite dans un style très homogène où les influences art nouveau sont omniprésentes. Szeged est véritablement une ville pour les historiens de l'architecture et de l'urbanisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, et en même temps une ville très agréable et vivante aujourd'hui.
Bien sûr, les restructurations politiques consécutives à la Première Guerre mondiale ont aussi eu pour effet de faire de Szeged une ville adossée à la frontière nouvelle (voir billet du 13 juin dernier). Aujourd'hui, l'Université compte douze facultés et environ trente mille étudiants. La cathédrale (cf. cliché) se dresse sur une des places au centre de la ville, à proximité du pont sur la Tisza.
La Bibliothèque de l'Université a été récemment reconstruite, et elle se révèle un modèle de ce que peut être une biblio- thèque de nos jours, avec une architec- ture très actuelle, mettant l'accent sur l'espace, une sorte de vaste patio intérieur et le développement des différents services spécialisés de part et d'autre selon les étages -un étage étant spécialement dévolu aux connexions par Internet (cf cliché). La fréquentation est le témoignage de la réussite de l'opération.
La journée du 11 novembre 2011 est à Szeged le "Jour de l'Université", qui revêt cette année une solennité particulière, puisque c'est aussi le 90e anniversaire du transfert de cette institution depuis la Transylvanie. Les cérémonies commencent vers 11 heures, avec les discours officiels, puis la collation des différents grades ou distinctions honorifiques, avec en tête les doctorats honoris causa. Tout cela est minutieusement préparé en coulisses, d'où il convient d'entrer dans l'ordre préétabli dans la salle où se tient le public.
La présence, parmi les nouveaux docteurs honoris causa de 2011, du président de la Slovénie donne une dimension particulière à la séance (compte rendu). Chaque récipiendaire fait l'objet d'une présentation (laudatio) par le doyen de la Faculté correspondante, puis il revêt sa toge et reçoit des mains du recteur son diplôme officiel rédigé en latin. Les toges sont de couleur noire, avec des parement différents selon les facultés. Pour la Faculté de Philosophie (Faculté des Lettres), ces parements sont bleus.
Et, après un agréable déjeuner avec les collègues, l'après-midi se conclut par un séminaire d'histoire du livre donné dans le cadre du département de français de l'Université. Demain matin (12 novembre), départ à 5 heures pour la Transylvanie (pour les émigrés Saxons, le Siebenbürgen, alias le Pays des sept châteaux, ou mieux, des sept villes) et Alba Julia, ancienne capitale de cette principauté.

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