La commémoration, en 2012, du cinquième centenaire de l’imprimerie en arménien est l’occasion de plusieurs publications et manifestations scientifiques, parmi lesquelles l’exposition présentée par la Bibliothèque Mazarine occupe l’une des premières places –le catalogue vient d’en être publié, sous forme d’un très élégant volume:
Le Livre arménien de la Renaissance aux Lumières: une culture en diaspora, dir. Mikaël Nikanian, Yann Sordet,
Paris, Bibliothèque Mazarine & Éditions des Cendres, 2012,
189 p., ill. ISBN 979 10 90853 02 7 et 978 2 86742 203 4.
Dans sa Préface, Yann Sordet, directeur de la Bibliothèque Mazarine, rappelle que, si la production manuscrite arménienne est «abondante et brillante», l’essor de la production imprimée dans cette langue se heurte à des difficultés matérielles qui expliquent la relative modestie de ses débuts: il se pose, d’une part, la question des caractères typographiques, puisque l’arménien a un alphabet spécifique, pour lequel la gravure et la fonte supposent des investissements lourds. Cet impératif est rendu plus contraignant encore par la difficulté de rentabiliser ces investissements, dans un marché quantitativement limité, et surtout très dispersé. Moins d’une vingtaine d’éditions en arménien sont connues pour le XVIe siècle, sortant de presses de Venise, de Rome ou de Constantinople.
Le XVIIe siècle est marqué par un certain essor, surtout grâce aux imprimeurs d’Amsterdam à partir de 1658 (mais Paris joue aussi un rôle, avec Antoine Vitré). Le XVIIIe siècle est dominé quant à lui par la production de Constantinople, où la communauté arménienne compte alors quelque 80 000 membres, où est implanté le patriarcat, et où une vingtaine d’ateliers spécialisés sont connus. Dans le même temps, les Mékhitaristes de S. Lazzaro s’attachent à publier les textes des classiques. Les premières presses ayant fonctionné en Arménie «historique» apparaissent enfin à Etchmiadzin dans la décennie 1770.
Yann Sordet poursuit en présentant le fonds arménien de la Bibliothèque Mazarine, lequel, «bien que modeste en volume (…), comprend des exemplaires remarquables, pour certains jamais encore décrits, [et] qui témoignent par leurs provenances de la présence du livre arménien dans les grandes bibliothèques princières, conventuelles ou savantes de l’Ancien Régime» (plusieurs exemplaires présentés à l'exposition sont prêtés par d’autres établissemens, la Bibliothèque de l’Institut et surtout la BULAC, ou par des particuliers).
Ce tableau général nécessairement bref est précisé par deux contributions particulièrement précieuses: Jean-Pierre Mahé, membre de l’Institut, fait le point sur «La piété de Yakob, premier imprimeur arménien», connu par cinq ouvrages publiés à Venise en 1512-1514. Mikaël Nikanian, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, donne ensuite un article «De la Renaissance aux Lumières: les origines du livre arménien (1512-1800)». Le lecteur francophone dispose ainsi, avec ces trois contributions, d’un tableau d’ensemble de l’édition arménienne d’Ancien Régime, tableau proposé par les meilleurs spécialistes à ce jour.
Le catalogue des pièces exposées s’ouvre par le premier livre imprimé en arménien, le [Saint livre du vendredi], dont l’exemplaire vient de Mazarin. Ajoutons que nous approuvons pleinement le principe d’avoir limité le nombre des pièces à quarante-neuf, ce qui permet au visiteur de les découvrir plus précisément, et ce qui permet aussi de leur consacrer des notices plus longues et systématiquement illustrées. Le catalogue est suivi d’une bibliographie (p. 183-185) et d’un index nominum (avec cependant une entrée à «Paris»).
Pour ceux d'entre nous qui ne vivent pas en France, où peut-on acheter le catalogue?
RépondreSupprimerExcusez-moi, je n'avais pas vu la question. Je pense que le plus simple est de se renseigner auprès de la Bibliothèque Mazarine et de son directeur, qui a organisé l'exposition et édité le catalogue (FB).
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