Jean-Paul Fontaine,
Cazin, l’éponyme galvaudé, préface de Christian Galantaris,
Paris, L’Hexaèdre éditeur, 2012,
332 p., ill.
ISBN 978-2-919271-01-6
Né à Reims en 1724, Hubert Martin Cazin est un des grands noms de la librairie des Lumières. Il succède en 1755 à son père comme libraire dans sa ville natale (où il est notamment le libraire de l’université), avant de s’établir à Paris en 1785 (un premier établissement a échoué en 1777). Proche des frontières du nord, Cazin s’engage régulièrement dans le commerce des livres prohibés, pour lequel il est condamné à plusieurs reprises: il est notamment en affaires avec la Société typographique de Bouillon, dont il expédie les livres jusqu’aux entrepôts de La Villette, avant de les faire pénétrer dans Paris.
Mais Cazin est avant tout célèbre pour sa collection d’élégants petits volumes, pour lesquels il choisit le format in-18 qui a pris son nom. Les «Cazin» connaissent un franc succès, au point d’être largement plagiés par la concurrence, et Cazin lui-même expliquera, en 1785, avoir donné deux cents titres sous cette forme (voir p. 239-240, notice n° 28). À côté des Alde, des Elzevier et des Plantin, mais aussi des Estienne et des Giunta, puis des Didot et des Bodoni, les Cazin prennent bientôt rang parmi les adresses particulièrement recherchées des amateurs –Charles Nodier parlera à leur sujet de «familles patriciennes», voire «royales», de l’imprimerie. Cazin décède à Paris en 1795. On ne prête qu’aux riches –le dicton reste d’actualité, et on attribué à Cazin nombre de publications dont en réalité il n’est pas responsable.
Le docteur Jean-Paul Fontaine, «bibliophile rémois», qui s’est attaché depuis des années à l’étude de Cazin et de ses productions, vient de publier la somme que l'on attendait et qui fait le point de manière définitive sur le sujet. Il y aborde successivement
- l’historiographie: «Les biographes et bibliographes de Cazin»;
- la biographie de Cazin, en quatre chapitres: «Les Cazin à Reims avant Cazin», «Cazin, libraire à Reims», «Cazin, libraire à Paris» et «Les Cazin après Cazin»;
- le chapitre six envisage la problématique bibliographique et bibliophilique : « Identification des éditions in-18 de Cazin » (avec une liste des «faux Cazin»);
- enfin, le chapitre sept, qui n’est pas vraiment un chapitre, propose la bibliographie des «Éditions authentiques de Cazin», soit soixante-quinze éditions, publiées de 1762 à 1793. Les notices sont présentées par ordre chronologique, et donnent tous les éléments nécessaire, y compris la localisation avec la cote des exemplaires examinés (à Reims et en Champagne-Ardenne, mais aussi à Dijon, Rouen, Versailles, etc.). L’ensemble est complété par les sources et la bibliographie, et par un index librorum et nominum.
Modèle d’érudition bibliographique et de précision historique, l’ouvrage est illustré au fil du texte (notamment pour le matériel typographique), et par deux très beaux cahiers d’illustrations en couleur.
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