samedi 6 novembre 2010

EPHE, Conférence d'Histoire et civilisation du livre, 2010-2011

École pratique des hautes études,
IVe Section (Sciences historiques et philologiques)
Conférence d’Histoire et civilisation du livre
Calendrier des conférences pour l’année universitaire 2010-2011

Intervenants:
Monsieur Frédéric Barbier, directeur d’études, directeur de recherche au CNRS (IHMC/ ENS Ulm)
Madame Emmanuelle Chapron, maître de conférences à l’université de Provence, chargée de conférences à l’E.P.H.E. : « Histoire des bibliothèques à la période moderne »
Monsieur Hans-Jürgen Lüsebrink, professeur à l’université de Sarrebruck, directeur d’études invité étranger : « Traductions et transferts culturels au siècle des Lumières : approches, circulations, appropriations ».
Monsieur Jean-Dominique Mellot, chargé de conférences

2010
6 décembre, 16h: Ouverture de la conférence : « Le public et le privé, ou Qu’est-ce qu’une bibliothèque des Lumières ? », par Frédéric Barbier, directeur d’études
13 décembre, 16h: « Le Voyage pittoresque de la Grèce : histoire d’une édition et apport de la bibliographie matérielle », par Frédéric Barbier
2011
3 janvier, 16h: « La vectorialité des textes (1) », par Frédéric Barbier
10 janvier, 14h: « Les bibliothèques dans la ville (1) : les collèges », par Emmanuelle Chapron, chargée de conférences
16 h: « La vectorialité des textes (2) », par Frédéric Barbier
17 janvier, 16h: « La vectorialité des textes (3) », par Frédéric Barbier
24 janvier, 14h: « Les bibliothèques dans la ville (2): les institutions scientifiques », par Emmanuelle Chapron
16h: « Paris : 600 ans d’histoire du livre (1) », par Frédéric Barbier
31 janvier, 16h: « Corporations du livre, vie des ateliers et main-d'œuvre typographique sous l'Ancien Régime (1) », par Jean-Dominique Mellot, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France
7 février, 14h: « Les bibliothèques dans la ville (3): collections méridionales », par Emmanuelle Chapron
16h: « Paris : 600 ans d’histoire du livre (2) », par Frédéric Barbier
14 février Pas de conférence (vacances)
21 février, 14h: « Les bibliothèques dans la ville (4) : les bibliothèques publiques », par Emmanuelle Chapron
16h: « Paris : 600 ans d’histoire du livre (3) », par Frédéric Barbier
28 février, 16h: "Problèmes d'histoire de l'innovation: la première révolution du livre », par Frédéric Barbier
7 mars, 14h: « Le métier de bibliothécaire (1) », par Emmanuelle Chapron
16h: « Traductions et transferts culturels au siècle des Lumières (1) », par Hans-Jürgen Lüsebrink, professeur à l’université de Sarrebruck, directeur d’études invité étranger
14 mars, 16h: « Traductions et transferts culturels au siècle des Lumières (2) », par Hans-Jürgen Lüsebrink
21 mars, 14h: « Le métier de bibliothécaire (2) : les catalogues », par Emmanuelle Chapron
16h: « Traductions et transferts culturels au siècle des Lumières (3) », par Hans-Jürgen Lüsebrink
28 mars, 16h: « Traductions et transferts culturels au siècle des Lumières (4) », par Hans-Jürgen Lüsebrink
4 avril, 16h:  « Commémorer Gutenberg, une histoire franco-allemande? », par Frédéric Barbier
11 avril Pas de conférence (vacances)
18 avril Pas de conférence (vacances)
25 avril Pas de conférence (lundi de Pâques)
2 mai, 16h: Séance des doctorants
9 mai, 16h: « Cazin, l'éponyme galvaudé », par Jean-Paul Fontaine
16 mai, 14h: « Lire en bibliothèque (1) : les traces manuscrites », par Emmanuelle Chapron
16h: « Un lexique de l'histoire du livre », par Frédéric Barbier
23 mai, 16h: « Corporations du livre, vie des ateliers et main-d'œuvre typographique sous l'Ancien Régime (3) », par Jean-Dominique Mellot
30 mai, 14h: « Histoire des bibliothèques à l'époque moderne (thème à préciser)», par Emmanuelle Chapron
16h: « Corporations du livre, vie des ateliers et main-d'œuvre typographique sous l'Ancien Régime (4) », par Jean-Dominique Mellot
6 juin, 16h: « Les Idéologues (1795-1815): langage, écriture, imprimerie, bibliothèques », par Claude Jolly, conservateur général des bibliothèques
13 juin, Pas de conférence (lundi de Pentecôte)
20 juin, 16h: Clôture de la conférence: « Introduction à l'histoire du livre en Franche Comté », par Frédéric Barbier
24 juin, Séance foraine: la Bibliothèque de Dole (sous réserves)

Le calendrier ci-dessus est donné sous toutes réserves. Les auditeurs sont invités à se faire connaître, de manière à recevoir par courriel les annonces des prochaines conférences.
Les locaux de l’E.P.H.E. à la Sorbonne n’étant pas accessibles par suite de la restructuration du bâtiment, les conférences 2010-2011 seront données à compter du 6 décembre prochain au CROUS de Port-Royal (31 avenue Bernanos, 75005 Paris, métro Port-Royal). À partir du 17 janvier 2011, les conférences se déroulent dans les nouveaux locaux de l'E.P.H.E.,190 avenue de France, 75013 Paris (salle 123).

mardi 2 novembre 2010

Histoire du livre et théorie de l’innovation (3)

Gutenberg voulait reproduire ce qui existait déjà, mais les professionnels des années 1470 doivent innover non seulement pour développer leurs affaires, mais même pour pouvoir se maintenir. L’innovation de produit ne se fait jour que peu à peu, pour répondre à la saturation du marché traditionnel et à la concurrence.
Le concept d’élasticité permet d’analyser le processus: le public traditionnel des livres est constitué d’abord par les clercs –non pas nécessairement des ecclésiastiques, mais surtout le « petit monde » des universités, enseignants et docteurs, étudiants et anciens étudiants, personnel des collèges, etc. Il faut leur joindre une partie du personnel des administrations et de l’Église, les professions libérales et les représentants de la bourgeoisie urbaine. Enfin, les souverains et les grands seigneurs sont des amateurs de livres, et ils constituent des bibliothèques souvent célèbres.
Même si les évaluations quantitatives du public relèvent de l’hypothèse, on conçoit bien qu’il est à la fois concentré dans les villes et très minoritaire par rapport à la population globale. À Augsbourg, ville non universitaire, Hans-Jörg Künast estime le public des lecteurs susceptibles de connaître le latin (élèves et étudiants, clercs, petite partie de la bourgeoisie urbaine) à quelque seize cents personnes tout au plus.
C’est ce public qu’il fait désormais dépasser, et l’innovation de produit se déploiera donc selon deux logiques parallèles. Du côté du contenu des livres : on proposera à un public plus large des livres qui jusque là n’existaient pas sous la forme d’imprimés, textes en langue vernaculaire, œuvres d’auteurs contemporains et livres illustrés. L’articulation entre langue vernaculaire et illustration est particulièrement remarquable, qu’il s’agisse de la tradition allemande (à Bamberg, puis à Augsbourg) ou français (à Lyon).
Le second axe de l’innovation de produit concerne la mise en livre, pour laquelle les changements et améliorations qui se font jour obéissent à deux logiques convergentes. Il s’agit d’abord de faciliter et de rationaliser le travail des presses (d’où l’apparition d’éléments comme les signatures imprimées pour numéroter les cahiers). Mais il s’agit aussi de répondre à la concurrence en innovant sur le plan du produit lui-même.
La page de titre illustre très bien ce second point: elle apparaît d’abord sous une forme relativement sommaire, mais parfois très spectaculaire, avant de se développer avec une dimension publicitaire certaine. Ses éléments principaux concernent l’identification du texte et éventuellement de l’auteur, la qualité de l’édition proposée et l’indication de l’atelier qui a produit le volume.
À trois années d’intervalle, la page de titre de la première édition allemande du Narrenschiff (La Nef des fous), en  1494 (cf. cliché 1), et celle de sa traduction latine (Stultifera navis), en 1497, illustrent de manière spectaculaire le chemin parcouru. On peut pratiquement dire que les pages de titre des trois éditions latines incunables du Narrenschiff sont conçues dans la perspective de ce que l’on appelle la traçabilité: il s’agit d’identifier l’édition comme la meilleure et la plus récente, et de barrer la route à des «contrefaçons» nombreuses, mais présentées comme moins bonnes.La publicité pour l’atelier d’imprimerie ou pour la maison de librairie n’est pas absente, avec la présence éventuelle d’une marque typographique plus ou moins spectaculaire, et de l’«adresse» de l’ouvrage: l’indication du nom du libraire, son adresse en ville et la date de publication, qui constitue aussi un argument publicitaire, dans la mesure où le caractère plus ou moins nouveau d’un texte ou d’une édition est présenté comme un facteur devant inciter à l’achat.
Mais ouvrons le volume: les célébrissimes Chroniques de Nuremberg (le Liber chronicarum de 1493) constituent comme le paradigme de cet objet nouveau qu’est devenu le livre imprimé. L’ouvrage in-folio est monumental, et sa réalisation a demandé des investissements très lourds. Il innove par la mise en page, avec la présence au fil du texte de quelque 1800 bois gravés, dont un certain nombre de très grande qualité, et avec aussi un travail extrêmement soigné sur l’organisation interne du volume (cf. cliché 2).
L’ouvrage possède désormais une foliotation imprimée et un titre courant, tandis qu’un index est inséré en tête, conçu de manière moderne: l’éditeur l’a en effet établi par rapport à la foliotation et non plus, comme c’était habituel, par rapport au contenu du texte lui-même (un index médiéval est souvent assimilable à ce que nous appellerions une table systématique) (cf. cliché 3).
La puissance de l’innovation est immense: les éléments d’information sont désormais repérés par rapport aux séquences normalisées successives, les feuillets, qui constituent leur support matériel. Si les Chroniques ne possède pas de page de titre à proprement parler, il n’est pas douteux que, dans l’esprit de Koberger, les deux éléments, de l’illustration et de l’index, ne doivent concourir au succès commercial. Le dossier exceptionnel des Chroniques nous permet de connaître l’importance du tirage (1800 exemplaires), et le caractère spectaculaire de l’ouvrage explique qu’il soit aujourd’hui l’un des mieux conservés de l’époque.
La date du 1er janvier 1501 comme définissant le temps des incunables n’a pas de signification historique. À l’inverse, la typologie de l’innovation permet de mieux reconstruire les phases successives à travers lesquelles s’est imposé le média nouveau de l’imprimé. L’innovation de procédé et l’innovation de produit se combinent nécessairement avec une innovation du côté de l’organisation du travail de production et de diffusion des livres, et débouchent surtout, à terme, sur une innovation du côté des pratiques des «consommateurs», autrement dit des lecteurs. Mais c’est là une autre histoire.

Note bibliogr.: Frédéric Barbier, «Le texte et l’image: quelques observations sur le livre imprimé à l’aube de la période moderne», dans La Gravure et l’histoire. Les livres illustrés de la Renaissance et du baroque à la conquête du passé, dir. Sandra Costa, Grenoble, CRTHIPA, 2010, p. 9-33.
Nota: d'autres informations sur le même thème figurent à la page EPHE Conférence 2008-2009 (cliquer ici ou sur l'onglet dans la marge verte du blog).

mercredi 27 octobre 2010

Histoire du livre et théorie de l’innovation (2)

La profusion de recherches techniques visant à reproduire les textes témoigne de la conjoncture favorable de la branche autour de 1450: de tous côtés en Europe, on veut se procurer des livres, et l’invention de Gutenberg, dans les années 1452-1455, est le signal d’une multiplication rapide des ateliers d’imprimerie. Trois régions accueillent bientôt un semis de presses particulièrement dense : l’Allemagne méridionale, l’Italie du Nord et les anciens Pays-Bas. Dans le même temps, l’imprimerie atteint les franges de la chrétienté occidentale : des presses «gémissent» à Grenade à peine reconquise sur les Musulmans, mais aussi en Sicile, en Pologne (Cracovie) et dans la capitale hongroise de Buda.
La Scandinavie aussi est touchée : Johann Snell, peut-être né à Einbeck (au Sud de Hanovre) et étudiant à Rostock, aurait appris l’art typographique dans cette ville. Nous le retrouvons comme imprimeur à Lübeck (1480), à Odense (1482) et à Stockholm (1483-1484), avant qu’il ne revienne à Lübeck. On imprime aussi, même si de manière très épisodique, sur la côte de Dalmatie. L’essor se poursuit au début du XVIe siècle : le moine orthodoxe Makarios vient de Dalmatie à Venise pour y apprendre l’art typographique, et on commence à imprimer à Cetinje en 1493-1495, avant que la progression des Ottomans ne pousse Makarios à se replier en Valachie (Roumanie actuelle), où une presse semble bien exister à compter de 1508.
Mais la fin du XVe siècle est marquée par un processus de rationalisation et de concentration : les villes les moins actives tendent à s’effacer de la carte au profit des centres les plus importants. Cette concentration répond à une logique économique très prégnante : de 1495 à 1500, les vingt premières villes d’imprimerie en Europe assurent plus des trois-quarts de la production imprimée mesurée en nombre de titres –et près du tiers de la production sort des ateliers de Paris (18%) et de Venise (13%).
Parallèlement, la branche de la «librairie» –entendons, les activités du livre en général– tend à être de plus en plus dominée par ce que l’on appellera la librairie de fonds –autrement dit, l’édition– plus que par l’imprimerie. Ce sont les grands «libraires» et ceux qui disposent des capitaux suffisants qui prennent le contrôle –ils font d’ailleurs le cas échéant tourner une imprimerie, sans qu’il s’agisse en rien d’un impératif. Inversement, les imprimeurs indépendants tombent parfois au rang d’entrepreneurs à façon, qui exécutent les travaux à eux commandés par les donneurs d’ordre, libraires, mais aussi grands personnages (notamment prélats commandant des livres d’Église) et capitalistes investisseurs.
Un mot, enfin, du niveau global de production, qui donne la mesure du changement: la statistique des incunables recense environ 30000 titres publiés dans la seconde moitié du XVe siècle et aujourd’hui conservés. Sans tenir compte des pertes, si l’on évalue par hypothèse le tirage moyen à 500 exemplaires, ce ne sont pas moins de quinze millions de volumes (fourchette basse) qui sont mis en circulation en Europe en demi-siècle à peine, soit une masse hors de proportion avec ce que l’on pouvait rencontrer à l’époque du manuscrit.
Certains ouvrages sont des succès extraordinaires si l’on considère la succession de leurs éditions: le Manipulus curatorum (Manuel des curés) de Guy de Montrocher est un petit guide pratique pour les ecclésiastiques, publié pour la première vers 1473. Nous en connaissons cent vingt-deux éditions –encore ne s’agit-il à nouveau que d’une fourchette basse, qui ne peut prendre en compte les éditions disparues– soit, toujours au tirage moyen de 500, plus de 60000 exemplaires diffusés à travers l’Europe en un quart de siècle à peine… Dans un tout autre genre, le Narrenschiff (la Nef des fous) du strasbourgeois Sébastien Brant, est publié pour la première fois en 1494. Vingt-six éditions successives en sortent dès avant 1501 –soit quelque 13 000 exemplaire en six ans à peine. Quel que soit l’essor connu par la production des manuscrits durant le bas Moyen Âge, nous sommes avec l’imprimerie devant une rupture absolument radicale, et dont les contemporains ont eux-mêmes très tôt été conscients.

Parmi les conséquences de ces phénomènes, nous reviendrons pour finir sur l’importance de la crise de surproduction sensible dans les années 1470-1480, et sur le rôle de l’innovation de produit: l’invention du livre imprimé. Car si l’imprimerie est inventée au début de la décennie 1450, le livre imprimé en tant qu’objet innovant ne le sera en fait qu’une génération plus tard. Comme on disait dans les romans feuilletons… après un certain temps. Et... la suite au prochain (et dernier!) billet.

Clichés: 1) Vue de Buda, dans le Liber Chronicarum (Bibl. de Valenciennes); 2) Missel de Senj (Bibliothèque nationale de Hongrie); 3) Le quartier parisien des imprimeurs et des libraires, sur le plan de Truchet et Hoyau, au début du XVIe siècle (Bibl. cantonale et universitaire de Bâle): «l’imprimerie conquiert le monde» (Henri-Jean Martin).

samedi 23 octobre 2010

Histoire du livre et théorie de l'innovation (1)

Gutenberg, inventeur de l'imprimerie... n'est pas nécessairement l'inventeur de l'imprimé. Son objectif est en effet celui de mettre au point un procédé qui permette de reproduire en nombre ce qui existe déjà –autrement dit, des manuscrits. C'est pour reproduire ce qui est connu et  à quoi la clientèle est habituée que Gutenberg et ses premiers successeurs ne tirent nullement toutes les conséquences de leur invention au niveau de la fabrication. Quatre séries d'observations démontrent le fait.

1) L’intérêt de la technique typographique est de permettre, avec un très petit nombre de signes, de reproduire en principe tous les discours imaginables. Or, pour sa Bible à 42 lignes, Gutenberg fabrique non pas un alphabet simple, mais un alphabet intégrant un grand nombre de lettres liées ou d’abréviations. Au total, quelque 240 poinçons différents seront gravés, et on fondra un ensemble de caractères particulièrement lourd et onéreux : c'est que le modèle réside toujours dans les pratiques des copistes, modèle qui, plus ou moins allégé, perdurera jusqu’au XVIIIe siècle, voire parfois jusqu’à aujourd’hui.
2) Même logique, toujours dans la Bible à 42 lignes, avec la question de la rubrication. Dans un manuscrit spectaculaire, comme celui d’une Bible monumentale, l’habitude du scribe est de copier en rouge les lignes de tête (l’incipit). Gutenberg s’emploie donc, pour un certain nombre d’exemplaires, à imprimer l’incipit en rouge, ce qui complique et renchérit évidemment le travail en posant des problèmes de repérage (il faut passer deux fois sous la presse). De même encore, pour en terminer avec la Bible, Gutenberg imprimera-t-il plusieurs dizaines d’exemplaires sur un parchemin d’excellente qualité –alors que celui-ci est plus cher et qu’il se prête moins bien que le papier au travail de la presse. Malgré le coût, l’objectif est toujours d’obtenir un produit qui soit pratiquement identique au manuscrit: après le tirage, certains exemplaires passent à l’atelier de la rubrication, voire de peinture, où ils reçoivent des enluminures parfois somptueuses.
Un atelier comme celui du Parisien Antoine Vérard se fera, surtout à partir de 1491, une spécialité de produire de somptueux imprimés, aussi proche que possible des manuscrits de luxe.
3) La forme des premiers caractères typographiques suit  le modèle des écritures manuscrites, mais nous retrouvons la problématique de la reproduction avec l’exemple du Psautier de Mayence, le premier livre imprimé portant une date (1457). Certaines lettres de ce magnifique Psautier s’inspirent en effet de la calligraphie de Peter Schöffer et, de plus, Gutenberg (sans doute s’agit-il de lui) a mis au point une technique très délicate pour imprimer en une seule fois les lettres filigranée en deux couleurs (rouge et bleu). Celles-ci sont en métal et comportent deux parties démontables: on encre séparément la lettre elle-même et le fonds filigrané. Le procédé est spectaculaire, mais trop onéreux, et il sera rapidement abandonné.
4) Enfin, on sait que la forme même des imprimés incunables suit longtemps le modèle du livre manuscrit : la Bible à 42 lignes n’a pas de page de titre, ni d’éléments comme la foliotation, etc., et, d’une manière générale, lorsque les indications relatives à l’œuvre (titre) et à l’impression (ville, atelier, date) figurent dans les premiers imprimés, elles sont généralement données à la fin, au colophon. L’examen des  gravures insérées dans ces mêmes imprimés mettra aussi en évidence la filiation stylistique par rapport aux illustrations figurant dans les manuscrits de ces mêmes textes. 
En somme, toutes les potentialités de l’imprimerie ne sont pas tirées, bien au contraire. Elles ne le seront que très progressivement, à échéance d’une génération, et sous la poussée d'un facteur complètement nouveau par rapport à la technique elle-même. Il s'agit de la concurrence qui se déploie au sein du nouveau marché du livre –mais nous nous réservons de revenir sur ces points. Dans l'immédiat, retenons que l'exemple de la typographie en caractères mobiles confirme pleinement la théorie de l'innovation telle qu'elle avait notamment été proposée par François Caron, et telle que nous l'avons systématiquement mise en œuvre dans L'Europe de Gutenberg: le procédé d'abord, puis le produit, avant que l'on ne passe au stade de l'innovation du côté des consommateurs eux-mêmes –des lecteurs. On comprend mieux, au passage, le délai qui s'écoule entre l'invention technique proprement dite, et son appropriation par les concepteurs (il faut de nouveaux contenus, qui seront présentés sous des formes elles-mêmes nouvelles) et par les utilisateurs, qui sont en l'occurrence les lecteurs. Une leçon qui reste pleinement valable aujourd'hui, surtout s'agissant des nouveaux médias.
(...lire la suite)

Note bibliographique (outre L'Europe de Gutenberg): Frédéric Barbier, «Aux XIIIe-XVe siècles: l’invention du marché du livre», dans Revista portuguesa de história do livro, 2006, n° 20 (Lisboa, 2007), p. 69-95.

Clichés: 1) Gutenberg, héros du progrès universel. La médaille frappée à l'occasion du symposium «Le livre, la Roumanie, l'Europe» (Bucarest, 2008); 2) Bible à 42 lignes, exemplaire de la King's Library, Londres, British Libr. (impression en deux couleurs sur parchemin: © British Library; 3) Psautier de Mayence de 1457.

vendredi 22 octobre 2010

Histoire du livre et problématique de l’auteur

L’Écrivain et l’imprimeur, dir. Alain Riffaud, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, 394 p., ill., index (« Interférences »). ISBN 978-2-7535-1205-4


 Il y a quelques années, nous pouvions encore écrire que «l’auteur [restait] à bien des égards le personnage le plus mal connu de ce que nous pourrions appeler le "système livre"» («Chez les Levrault: un éditeur et ses auteurs, années 1820-1870» dans Rev. fr. d’histoire du livre, 116-117, 2002, p. 79-113). Bien sûr, nous disposions déjà de classiques comme le livre d’Alain Viala sur la Naissance de l‘écrivain (Paris, Éd. de Minuit, 1985), ou encore des recherches de nos collègues médiévistes sur l’actor et l’auctor. Nous avons publié dans le Gutenberg Jahrbuch de 1988 une étude consacrée au déplacement de la catégorie d’auteur induit par le changement de média dominant au milieu du XVe siècle (Gutenberg et la naissance de l’auteur, dans Gutenberg Jahrbuch, 83 (2008), p. 109-127, ill.).
Mais la conjoncture scientifique change peu à peu –le renouveau d’intérêt pour les différents acteurs et constituants du champ littéraire étant peut-être aussi dû au fait que nous nous trouvons engagés dans une nouvelle période de mutation du système d’ensemble des médias, où l’on s’interroge logiquement sur les rôles et fonctions qui peuvent s’y déployer. Le colloque international organisé par Alain Riffaud à l’université du Maine il y a peine un an (8 et 9 octobre 2009) est la preuve à la fois du regain d’intérêt pour la figure de l’auteur, et du fait que l’histoire du livre est désormais très largement prise en compte non seulement par les historiens, mais aussi par les historiens de la littérature.
Le titre du colloque en désigne la problématique: «L’écrivain et l’imprimeur». Si «le livre est un objet manufacturé», il convient d’«intégrer pleinement les apports de l’histoire du livre dans le domaine de l’histoire des textes et de l’histoire littéraire (...). La relation entre l’écrivain et l’imprimeur (…) engage d’abord la définition du «produit livre» par le biais duquel se donne à lire le texte, interroge ensuite le statut de l’auteur, et éclaire enfin la réalité des processus de fabrication et de réception». Plusieurs niveaux interfèrent en effet, selon que l’on s’attache à la rédaction même du texte (sans oublier la correction des épreuves ou la question des rééditions), au paratexte éventuel, à la «mise en livre» proprement dite ou encore à la typologie de la réception.


Les Actes du colloque viennent de paraître, avec une rapidité exceptionnelle, en un élégant volume publié par les Presses universitaires de Rennes. Le détail des contributions donne une idée de la richesse du contenu:
Introduction (Alain Riffaud); Entre la plume et la presse : l’intellectuel au XVe siècle (Frédéric Barbier); Une lettre de Sébastien Brant en 1501 sur la mise en page de la Bible dans l’officine bâloise de Johann Froben (Alexandre Vanautgaerden); Jacob Stoer (1542-1610), un éditeur et ses auteurs (Alain Dubois); Un dialogue entre soi et soi : Jean Crespin imprimeur et écrivain (Jean-François Gilmont); Paul Manuce (1512-1574) et l’imprimerie à travers sa correspondance (Jean-Eudes Girot); L’auteur, l’imprimeur et les autres : éditer les oeuvres complètes de Cicéron (1533-1540) (Raphaële Mouren); Gallilée, «metteur en texte»? (Isabelle Pantin); L’auteur, l’éditeur et l’imprimeur à la fin de l’Ancien Régime (Françoise Weil); Louis-Antoine Caraccioli ou Les amusements typographiques d’un moraliste mondain (Didier Travier); Montesquieu et les imprimeurs de L’Esprit des lois (1748-1758) (Cecil Patrick Courtney); Une collaboration à distance : Jean-Jacques Rousseau et Marc-Michel Rey (Dominique Varry); Samuel Fauche (1732-1803) imprimeur de Charles Bonnet (1720-1793): un face à face qui tourne à l’affrontement (Michel Schlup); Trois polygraphes face aux libraires à la fin du XVIIIe siècle : Pierre-Joseph Buc’hoz, Nicolas Rétif de la Bretonne et Louise-Félicité de Keralio (Sabine Juratic); Deux radicaux anglais aux prises avec l’imprimerie: Julian Hibbert (1800-1834) et Benjamin Nayler (1796-1875) (Wallace Kirsop); Fonctionnement de la technique des épreuves chez Honoré de Balzac (Takayuki Kamada); Écriture et imprimé : le cas de l’écrivain-journaliste espagnol L. Alas « Clarìn » (1852-1901) (Jean-François Botrel); Mallarmé, le « bibliophile navré » et les éditions de l’Après-midi d’un Faune (Brigitte OuvryVial); Jean Bruller-Vercors et l’imprimerie (Nathalie GibertJoly); Défis typographiques dans la littérature américaine contemporaine : Mark Z. Danielewski et Steve Tomasula (Brigitte Félix).


Informations sur le volume (site des P.U.R.)

mardi 19 octobre 2010

À propos d'histoire régionale et locale


La bibliothèque de Chantilly conserve en un recueil deux témoignages rarissimes des débuts de l'imprimerie dans le nord de la France actuelle. Il s'agit de: 1) Georges Chastellain, Chansons géorgines, Valenciennes, [Jehan de Liège, 1500]. Cote : IV–E/89, 1 (Delisle 1261). 2) Jean Molinet, Robe de l’archiduc, Valenciennes, [Jehan de Liège, 1500]. Cote : IV E/89, 2 (Delisle 1261). Le catalogue Picasco (cf. infra) les reprend cependant sous une même cote.
Les villes du Hainaut sont caractérisées par la modernité de leur culture au milieu du XVe siècle: on rappellera parmi les facteurs les plus favorables la présence de petites écoles, la fréquentation des universités proches (Paris et surtout Louvain) par les fils de la bourgeoisie urbaine, la proximité de la cour ducale, la richesse aussi apportée par une activité économique alors florissante.
En 1473, c'est l'apogée pour Valenciennes, lorsque la capitale du Haintaut français accueille le somptueux chapitre de l'ordre ducal de la Toison d'or. Témoignage de cette vitalité: la ville voit se succéder les figures des plus grands chroniqueurs de Bourgogne, Jacques de Guyse, Jean Froissard, Georges Chastelain et Jean Molinet. La montée en puissance des grandes dynasties royales ou princières, en même temps que l’«émergence de l’État» moderne, se manifeste par une politique de prestige concernant aussi bien la mise en place de la cour que l’architecture (châteaux et jardins), le mécénat, sans oublier la constitution de collections diverses dont celles de livres ne sont pas les moins précieuses. La présence d’un historiographe permet de commémorer à la fois les hauts faits du prince, et l’antiquité de sa généalogie. S’agissant des «Pays-Bas du Nord», les manuscrits sont copiés dans les grands centres de la Belgique actuelle, au premier chef Bruges et Bruxelles.
La chute de la maison de Bourgogne, en 1477, constitue bien évidemment une rupture très profonde, dont les prolongements se feront sentir jusque dans la seconde moitié du XVIIe siècle, lorsque la frontière nord de la France sera pratiquement fixée. Pourtant, la vitalité de Valenciennes explique que la ville ait brièvement accueilli un atelier typographique, le seul de la région, au tournant du XVe et du XVIe siècle. Le dossier concernant la figure jusque là presque mythique de ce Jehan de Liège a été repris il y a quelques années en profondeur par Hélène Servant dans son étude capitale Artistes et gens de lettres à Valenciennes à la fin du Moyen Âge (vers 1440-1507) (Paris, Klincksieck, 1998, 389 p., ill., index).
L’auteur y présente à nouveau les célèbres Mémoriaux de Jean Le Robert, qui témoignent de l'existence dans cette même géographie, vers 1446-1451, d'une technique de reproduction de textes «jetés en mole», probablement de courts textes xylographiés (p. 258). Puis elle aborde de front le cas de Jehan de Liège, qui a brièvement œuvré comme imprimeur dans la capitale du Hainaut français autour de 1500 (p. 266). L'étude précise des très riches sources archivistiques inédites permet d'identifier l'artisan avec Jehan de Liège, alias Flameng, venu probablement de Mons et également connu comme mercier à Valenciennes en 1494. On conserve cinq opuscules à son adresse, dont Hélène Servant analyse avec précision la production (p. 270).
Il y aurait bien d’autres choses à dire, par exemple sur le devenir de ces opuscules rarissimes, généralement conservés grâce à l’action de tel ou tel collectionneur, et qui donc ne se trouvent pas nécessairement dans les collections publiques. Bornons- nous à souligner que l’histoire locale pâtit trop souvent aujourd’hui d’un déficit de considération dans certains milieux universitaires. L’exemple de Valenciennes dans la seconde moitié du XVe siècle illustre pourtant trois points importants :
1) D’abord, il montre combien l’articulation est étroite entre histoire locale ou régionale, et histoire plus générale. Il ne s’agit jamais de faire de l’érudition gratuite, mais d’éclairer une problématique large par des exemples systématiques et pris au plus près des sources.
2) L’exemple de Valenciennes témoigne aussi du lien essentiel ayant souvent existé au XVe siècle entre le monde du livre et les institutions politiques, notamment les dynasties royales ou princières. La désagrégation du duché de Bourgogne change complètement la donne, dans le domaine de l’imprimerie et de la librairie, pour une ville fût-elle aussi importante que l'était alors Valenciennes.
3) Enfin, et ce n’est pas le moins intéressant, la pesée de la pénétration du livre dans une région donnée ne peut pas se résumer à l’activité d’imprimerie et d’édition. L’absence d’ateliers typographiques dans le nord de la France actuelle au XVe siècle va de paire avec une présence massive et précoce du livre manuscrit et imprimé. Les facilités de communication avec les grands centres de production que sont Cologne, Louvain ou encore Paris, expliquent, par exemple, la richesse des bibliothèques des grandes abbayes. Rappelons ici que Saint-Bertin acquiert très vite un exemplaire de la Bible à 42 lignes de Gutenberg, et terminons avec la remarquable bibliothèque du chanoine Raoul Mortier, décédé en 1480, et qui lui aussi possède une «Bible en deux volumes de l'imprechion de Mayence». L’édition du catalogue de sa bibliothèque est en cours.
Bref, ce n’est pas d’abord l’équipement des presses qui détermine la plus ou moins grande pénétration du livre dans telle ou telle région ; et l’histoire la plus générale, voire la plus abstraite, se nourrit d’abord des données de l’histoire régionale ou locale. Celle-ci fonctionne réellement comme le laboratoire de l’historien, auquel elle fournit les résultats d’observations expérimentales susceptibles d’être ensuite intégrées dans un discours plus large.

Note bibliographique: Livres Parcours [catalogue d’exposition, dir. par Marie-Pierre Dion], Valenciennes, Bibliothèque municipale, 1995. Fournit de nombreux éléments sur l'histoire de la Bibliothèque et de ses collections, et une bibliographie. D'autre part, l'association Picasco fournit sur Internet le catalogue des ouvrages des XVe et XVIe siècles conservés en Picardie (donc aussi à Chantilly, qui est non pas en Île-de-France mais dans le département de l'Oise): Picardie XV-XVI, onglet Patrimoine.

samedi 16 octobre 2010

Enseigner l’histoire du livre: un aggiornamento nécessaire

La Franconie (Franken) constitue certes un «pays» historique, mais elle ne constitue pas un Land (région administrative) de l’Allemagne d’aujourd’hui, et se trouve intégrée dans la Bavière. Elle possède un certain nombre de villes qui intéressent l’historien du livre, à commencer par Nuremberg, mais aussi Bamberg –où Pfister imprima pour la première fois des textes illustrés. Au XVIIIe siècle, le pays est divisé entre plusieurs micro-états, trois évêchés et un certain nombre de villes libres d’Empire.
À une vingtaine de kilomètres au nord de Nuremberg, Erlangen est une ville relativement ancienne, mais qui a longtemps vécu dans l’orbite de sa puissante voisine. Intégrée au margraviat de Baryreuth, elle est pratiquement détruite pendant la guerre de Trente ans (1634). Reconstruite comme une ville neuve, elle accueille (1686) les protestants français fuyant le royaume après la révocation de l’Édit de Nantes –plusieurs bâtiments ou toponymes rappellent aujourd’hui cette présence des huguenots. Au XVIIIe siècle, Erlangen est un modèle de ces «villes de résidence» (Residenzstadt) caractéristiques de l’Allemagne du temps, et qui sont marquées en profondeur par la problématique de la raison politique éclairée.
Parmi les fondations du margrave, l’université est créée en 1743. La base du fonds ancien de la Bibliothèque universitaire actuelle est  constituée par la bibliothèque privée du margrave Friedrich von Bayreuth, enrichie par ses successeurs. Elle est établie en 1913 dans un bâtiment Jugendstil, qui sera utilisé jusqu’en 1974, et abrite toujours les services de l’administration et la salle de la Réserve.
Aujourd’hui, l’université d’Erlangen-Nuremberg (Friedrich-Alexander Universität) compte un peu moins de 30000 étudiants. Elle est l’une des rares en Allemagne à proposer une spécialisation «Science du livre» (Buchwissenschaft): trois autres instituts de ce type existent en Allemagne, à Leipzig, Mayence et Munich.
On pourra discuter sur la mode qui consiste à qualifier de «sciences» toutes sortes de domaines: le terme fonctionne apparemment comme une étiquette magique censée garantir la pertinence d’un projet et la qualité de son contenu. Mais, s’agissant du «livre», la formule nous semble avoir au moins un effet tactique important: elle permet d’intégrer sous une même désignation des problématiques et des domaines relativement éloignés les uns des autres, même si leur objet est commun –non pas le livre au sens propre du terme, mais la communication écrite. Et nous ne pouvons que souligner les avantages d’une organisation de ce type.
Le «livre», pour l’historien que nous sommes, c’est d’abord l’histoire du livre, voire l’histoire plus générale, notamment dans une perspective socioculturelle. Les enseignements le concernant intéressaient traditionnellement la formation des bibliothécaires, orientation qui est à l’origine de la plupart des enseignements spécialisés de niveau universitaire créés depuis le XIXe siècle (en 1869 à l'École des chartes à Paris) : la bibliographie, l’histoire du livre et les techniques bibliothéconomiques constituaient jusqu’à il y a peu le cœur de la formation des futurs conservateurs des bibliothèques.
Mais, dans nos années 2000, voici le livre entré pleinement dans la logique de sa «troisième révolution», de sorte que la «science du livre» intéresse aussi, et peut-être surtout, les transformations effectivement en cours, et que l’on désignera par commodité comme la «nouvelle économie» des médias. Soit un champ qui touche à l’économie, mais aussi à la technique, au droit et d’une manière générale à toute la problématique des systèmes de communication et d’information, dont les bibliothèques –on comprend bien que c’est là que se trouve l’essentiel des débouchés possibles pour les étudiants.
Il est extrêmement précieux de pouvoir associer des connaissances et des expériences qui sont trop souvent disjointes selon qu'elles relèvent de l’histoire ou des «sciences de l’information et de la communication». Dans une structure du type de celle d’Erlangen, la transdisciplinarité est nécessairement au cœur du dispositif, et cela d’autant plus que des cursus intégrés d’enseignement ont été mis en place avec d’autres instituts de l’université, notamment celui d’histoire de l’art.
C’est la perspective historique qui donne leur profondeur aux phénomènes que nous vivons, et qui permet d’en enrichir la compréhension. Elle est la condition nécessaire pour la formation de spécialistes compétents dans toutes sortes de secteurs, même parfois relativement éloignés de toute perspective historique. L'histoire du livre, discipline relevant de la recherche historique, gagnerait grandement à s'ouvrir à des échanges du type de ceux engagés à Erlangen. La question de créer des structures intégrées qui pourraient s'en inspirer doit être aujourd'hui posée.

Clichés: 1) Ancienne Bibliothèque universitaire, inaugurée en 1913; 2) Mme Rautenberg, titulaire de la chaire Buchwissenschaft à l'université d'Erlangen-Nuremberg, ouvre le colloque "Mélusine" organisé par son Institut; 3) Les moyens financiers sont généralement alloués par la DFG (Deutsche Forschungsgemeinschaft= Communauté allemande de la recherche, en fait une sorte d'agence). Ils permettent de financer les projets, mais aussi de compléter la documentation, comme ci-contre avec une rare édition allemande de Mélusine sortie des presses de Leipzig probablement autour de 1810.

Information sur l'Institut de "Sciences du livre" à Erlangen: Buchwissenschaft (en allemand et en anglais).
Histoire de la Bibliothèque universitaire d'Erlangen: Bibliothèque d'Erlangen (en allemand).