L’Écrivain et l’imprimeur, dir. Alain Riffaud, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, 394 p., ill., index (« Interférences »). ISBN 978-2-7535-1205-4
Il y a quelques années, nous pouvions encore écrire que «l’auteur [restait] à bien des égards le personnage le plus mal connu de ce que nous pourrions appeler le "système livre"» («Chez les Levrault: un éditeur et ses auteurs, années 1820-1870» dans Rev. fr. d’histoire du livre, 116-117, 2002, p. 79-113). Bien sûr, nous disposions déjà de classiques comme le livre d’Alain Viala sur la Naissance de l‘écrivain (Paris, Éd. de Minuit, 1985), ou encore des recherches de nos collègues médiévistes sur l’actor et l’auctor. Nous avons publié dans le Gutenberg Jahrbuch de 1988 une étude consacrée au déplacement de la catégorie d’auteur induit par le changement de média dominant au milieu du XVe siècle (Gutenberg et la naissance de l’auteur, dans Gutenberg Jahrbuch, 83 (2008), p. 109-127, ill.).
Mais la conjoncture scientifique change peu à peu –le renouveau d’intérêt pour les différents acteurs et constituants du champ littéraire étant peut-être aussi dû au fait que nous nous trouvons engagés dans une nouvelle période de mutation du système d’ensemble des médias, où l’on s’interroge logiquement sur les rôles et fonctions qui peuvent s’y déployer. Le colloque international organisé par Alain Riffaud à l’université du Maine il y a peine un an (8 et 9 octobre 2009) est la preuve à la fois du regain d’intérêt pour la figure de l’auteur, et du fait que l’histoire du livre est désormais très largement prise en compte non seulement par les historiens, mais aussi par les historiens de la littérature.
Le titre du colloque en désigne la problématique: «L’écrivain et l’imprimeur». Si «le livre est un objet manufacturé», il convient d’«intégrer pleinement les apports de l’histoire du livre dans le domaine de l’histoire des textes et de l’histoire littéraire (...). La relation entre l’écrivain et l’imprimeur (…) engage d’abord la définition du «produit livre» par le biais duquel se donne à lire le texte, interroge ensuite le statut de l’auteur, et éclaire enfin la réalité des processus de fabrication et de réception». Plusieurs niveaux interfèrent en effet, selon que l’on s’attache à la rédaction même du texte (sans oublier la correction des épreuves ou la question des rééditions), au paratexte éventuel, à la «mise en livre» proprement dite ou encore à la typologie de la réception.
Les Actes du colloque viennent de paraître, avec une rapidité exceptionnelle, en un élégant volume publié par les Presses universitaires de Rennes. Le détail des contributions donne une idée de la richesse du contenu:
Introduction (Alain Riffaud); Entre la plume et la presse : l’intellectuel au XVe siècle (Frédéric Barbier); Une lettre de Sébastien Brant en 1501 sur la mise en page de la Bible dans l’officine bâloise de Johann Froben (Alexandre Vanautgaerden); Jacob Stoer (1542-1610), un éditeur et ses auteurs (Alain Dubois); Un dialogue entre soi et soi : Jean Crespin imprimeur et écrivain (Jean-François Gilmont); Paul Manuce (1512-1574) et l’imprimerie à travers sa correspondance (Jean-Eudes Girot); L’auteur, l’imprimeur et les autres : éditer les oeuvres complètes de Cicéron (1533-1540) (Raphaële Mouren); Gallilée, «metteur en texte»? (Isabelle Pantin); L’auteur, l’éditeur et l’imprimeur à la fin de l’Ancien Régime (Françoise Weil); Louis-Antoine Caraccioli ou Les amusements typographiques d’un moraliste mondain (Didier Travier); Montesquieu et les imprimeurs de L’Esprit des lois (1748-1758) (Cecil Patrick Courtney); Une collaboration à distance : Jean-Jacques Rousseau et Marc-Michel Rey (Dominique Varry); Samuel Fauche (1732-1803) imprimeur de Charles Bonnet (1720-1793): un face à face qui tourne à l’affrontement (Michel Schlup); Trois polygraphes face aux libraires à la fin du XVIIIe siècle : Pierre-Joseph Buc’hoz, Nicolas Rétif de la Bretonne et Louise-Félicité de Keralio (Sabine Juratic); Deux radicaux anglais aux prises avec l’imprimerie: Julian Hibbert (1800-1834) et Benjamin Nayler (1796-1875) (Wallace Kirsop); Fonctionnement de la technique des épreuves chez Honoré de Balzac (Takayuki Kamada); Écriture et imprimé : le cas de l’écrivain-journaliste espagnol L. Alas « Clarìn » (1852-1901) (Jean-François Botrel); Mallarmé, le « bibliophile navré » et les éditions de l’Après-midi d’un Faune (Brigitte OuvryVial); Jean Bruller-Vercors et l’imprimerie (Nathalie GibertJoly); Défis typographiques dans la littérature américaine contemporaine : Mark Z. Danielewski et Steve Tomasula (Brigitte Félix).
Informations sur le volume (site des P.U.R.)
Il y a quelques années, nous pouvions encore écrire que «l’auteur [restait] à bien des égards le personnage le plus mal connu de ce que nous pourrions appeler le "système livre"» («Chez les Levrault: un éditeur et ses auteurs, années 1820-1870» dans Rev. fr. d’histoire du livre, 116-117, 2002, p. 79-113). Bien sûr, nous disposions déjà de classiques comme le livre d’Alain Viala sur la Naissance de l‘écrivain (Paris, Éd. de Minuit, 1985), ou encore des recherches de nos collègues médiévistes sur l’actor et l’auctor. Nous avons publié dans le Gutenberg Jahrbuch de 1988 une étude consacrée au déplacement de la catégorie d’auteur induit par le changement de média dominant au milieu du XVe siècle (Gutenberg et la naissance de l’auteur, dans Gutenberg Jahrbuch, 83 (2008), p. 109-127, ill.).
Mais la conjoncture scientifique change peu à peu –le renouveau d’intérêt pour les différents acteurs et constituants du champ littéraire étant peut-être aussi dû au fait que nous nous trouvons engagés dans une nouvelle période de mutation du système d’ensemble des médias, où l’on s’interroge logiquement sur les rôles et fonctions qui peuvent s’y déployer. Le colloque international organisé par Alain Riffaud à l’université du Maine il y a peine un an (8 et 9 octobre 2009) est la preuve à la fois du regain d’intérêt pour la figure de l’auteur, et du fait que l’histoire du livre est désormais très largement prise en compte non seulement par les historiens, mais aussi par les historiens de la littérature.
Le titre du colloque en désigne la problématique: «L’écrivain et l’imprimeur». Si «le livre est un objet manufacturé», il convient d’«intégrer pleinement les apports de l’histoire du livre dans le domaine de l’histoire des textes et de l’histoire littéraire (...). La relation entre l’écrivain et l’imprimeur (…) engage d’abord la définition du «produit livre» par le biais duquel se donne à lire le texte, interroge ensuite le statut de l’auteur, et éclaire enfin la réalité des processus de fabrication et de réception». Plusieurs niveaux interfèrent en effet, selon que l’on s’attache à la rédaction même du texte (sans oublier la correction des épreuves ou la question des rééditions), au paratexte éventuel, à la «mise en livre» proprement dite ou encore à la typologie de la réception.
Les Actes du colloque viennent de paraître, avec une rapidité exceptionnelle, en un élégant volume publié par les Presses universitaires de Rennes. Le détail des contributions donne une idée de la richesse du contenu:
Introduction (Alain Riffaud); Entre la plume et la presse : l’intellectuel au XVe siècle (Frédéric Barbier); Une lettre de Sébastien Brant en 1501 sur la mise en page de la Bible dans l’officine bâloise de Johann Froben (Alexandre Vanautgaerden); Jacob Stoer (1542-1610), un éditeur et ses auteurs (Alain Dubois); Un dialogue entre soi et soi : Jean Crespin imprimeur et écrivain (Jean-François Gilmont); Paul Manuce (1512-1574) et l’imprimerie à travers sa correspondance (Jean-Eudes Girot); L’auteur, l’imprimeur et les autres : éditer les oeuvres complètes de Cicéron (1533-1540) (Raphaële Mouren); Gallilée, «metteur en texte»? (Isabelle Pantin); L’auteur, l’éditeur et l’imprimeur à la fin de l’Ancien Régime (Françoise Weil); Louis-Antoine Caraccioli ou Les amusements typographiques d’un moraliste mondain (Didier Travier); Montesquieu et les imprimeurs de L’Esprit des lois (1748-1758) (Cecil Patrick Courtney); Une collaboration à distance : Jean-Jacques Rousseau et Marc-Michel Rey (Dominique Varry); Samuel Fauche (1732-1803) imprimeur de Charles Bonnet (1720-1793): un face à face qui tourne à l’affrontement (Michel Schlup); Trois polygraphes face aux libraires à la fin du XVIIIe siècle : Pierre-Joseph Buc’hoz, Nicolas Rétif de la Bretonne et Louise-Félicité de Keralio (Sabine Juratic); Deux radicaux anglais aux prises avec l’imprimerie: Julian Hibbert (1800-1834) et Benjamin Nayler (1796-1875) (Wallace Kirsop); Fonctionnement de la technique des épreuves chez Honoré de Balzac (Takayuki Kamada); Écriture et imprimé : le cas de l’écrivain-journaliste espagnol L. Alas « Clarìn » (1852-1901) (Jean-François Botrel); Mallarmé, le « bibliophile navré » et les éditions de l’Après-midi d’un Faune (Brigitte OuvryVial); Jean Bruller-Vercors et l’imprimerie (Nathalie GibertJoly); Défis typographiques dans la littérature américaine contemporaine : Mark Z. Danielewski et Steve Tomasula (Brigitte Félix).
Informations sur le volume (site des P.U.R.)
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