École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation
du livre
Lundi 8 janvier 2018
16h-18h
L'invention de la bibliographie et les voyages littéraires
en France, XVe-XVIIIe siècle (4)
par
Monsieur Frédéric Barbier
directeur d'études
directeur d'études
Bien des lectures peuvent être faites du Voyage ilttéraire de dom Martène et dom Durand: les conférences de l'EPHE se concentrent sur les bibliothèques visitées et sur les exemplaires remarquables qui ont pu être étudiés (surtout des manuscrits), mais les deux Mauristes ont d'autres curiosités (notamment l'archéologie, voire une certaine forme d'anthropologie religieuse), tandis que les conditions matérielles du (ou plutôt des) voyage(s) apparaissent aussi au fil des pages. On voyage le plus souvent à cheval, on est généralement reçu pour la nuit dans telle ou telle maison religieuse, tandis que les collections sont libéralement mise à la disposition des chercheurs...
Mais tout n'est pas toujours si simple. Les conditions météorologiques, l'état des chemins, l'absence d'informations fiables, provoquent des retards, voire font que l'on pourra s'égarer à la recherche de quelqu'abbaye ou prieuré plus ou moins isolé. Parfois, c'est une épidémie qui menace, et qui pousse à changer d'itinéraire; parfois aussi, on renonce à traverser les pays protestants, parce que les deux voyageurs se refusent à abandonner leur habit de bénédictins, quand "tout le monde [leur] dit qu'ils [les habitants] ne manqueroient pas de nous insulter si nous ne changions pas d'habit..."
Et parfois, il faut se contenter du minimum, et passer la nuit dans des conditions difficiles, parce qu'il n'y a pas grand chose à manger (ce qui est souvent le cas en Provence...) et qu'on ne trouve de gîte nulle part. La gêne est la plus grande quand on arrive dans une petite ville, et qu'il s'y trouve déjà un –ou deux– régiment(s) de passage. Ainsi à Oloron (Oloron-Ste-Marie), où le rédacteur, malgré ses sentiments tout chrétiens, manifeste bel e bien une sorte d'humeur:
Dans l'embarras où nous étions de nous loger, un dragon, par une charité qui n'est pas ordinaire à ceux de sa profession, nous traîna comme par force en son logis, & obligea ses camarades à nous céder leur chambre, où il y avoit trois lits; mais comme elle étoit sur une écurie, elle étoit si échauffée & sentoit si mauvais, que je fus obligé de passer la nuit sur une chaise [devant] la fenêtre ouverte.
Mais tout n'est pas toujours si simple. Les conditions météorologiques, l'état des chemins, l'absence d'informations fiables, provoquent des retards, voire font que l'on pourra s'égarer à la recherche de quelqu'abbaye ou prieuré plus ou moins isolé. Parfois, c'est une épidémie qui menace, et qui pousse à changer d'itinéraire; parfois aussi, on renonce à traverser les pays protestants, parce que les deux voyageurs se refusent à abandonner leur habit de bénédictins, quand "tout le monde [leur] dit qu'ils [les habitants] ne manqueroient pas de nous insulter si nous ne changions pas d'habit..."
Et parfois, il faut se contenter du minimum, et passer la nuit dans des conditions difficiles, parce qu'il n'y a pas grand chose à manger (ce qui est souvent le cas en Provence...) et qu'on ne trouve de gîte nulle part. La gêne est la plus grande quand on arrive dans une petite ville, et qu'il s'y trouve déjà un –ou deux– régiment(s) de passage. Ainsi à Oloron (Oloron-Ste-Marie), où le rédacteur, malgré ses sentiments tout chrétiens, manifeste bel e bien une sorte d'humeur:
Dans l'embarras où nous étions de nous loger, un dragon, par une charité qui n'est pas ordinaire à ceux de sa profession, nous traîna comme par force en son logis, & obligea ses camarades à nous céder leur chambre, où il y avoit trois lits; mais comme elle étoit sur une écurie, elle étoit si échauffée & sentoit si mauvais, que je fus obligé de passer la nuit sur une chaise [devant] la fenêtre ouverte.
Lieu:
École pratique des Hautes Études, IVe section,
54 boulevard Raspail,
75005 Paris (premier sous-sol, salle 26).
Métro Sèvres-Babylone, ou Saint-Sulpice.
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