Nous sommes à une trentaine de kilomètres au nord de Leipzig. Halle, qui compte aujourd’hui plus de 230000 habitants, est connue depuis le IXe siècle, et la ville a longtemps tiré sa prospérité de l’exploitation du sel. Halle appartient aux territoires de l’archevêché de Magdebourg, mais elle passe au protestantisme en 1541. En 1680, elle est intégrée dans les États du prince-électeur de Brandebourg, bientôt roi de Prusse (1694). À la même époque sont fondées l’université, avec quatre facultés (1694), et l’orphelinat de Francke (1695).
La providence divine au fronton du bâtiment principal |
L’idée de Francke est de recueillir les orphelins, et de leur fournir une éducation leur permettant de se prendre en charge eux-mêmes: selon l'optique réformée, Francke travaille pour le bien de la collectivité, en lui intégrant des membres actifs et susceptibles de s'engager utilement à leur tour. Le souci de l’innovation pédagogique est évident, qui touche aussi bien à la vie quotidienne qu’à la qualité d’une formation efficace, le tout bien évidemment dans un environnement piétiste affirmé. La fondation accueille bientôt plusieurs centaines d’élèves, une imprimerie est organisée, des activités de mission sont conduites (notamment en Inde), une bibliothèque est fondée ainsi qu’un cabinet de curiosités. Il s'agit aussi d’initier une réforme de la société qui puisse, à partir de Halle, se propager à travers le monde entier.
À Halle, la "bibliothèque en coulisses" aujourd'hui... |
... et en ex libris au XVIIIe siècle. |
Un bibliothécaire responsable est nommé en 1714, un catalogue alphabétique et un catalogue systématique sont entrepris, et surtout un bâtiment spécifique est construit pour la bibliothèque en 1728. On suit autant que possible les conseils donnés par Gabriel Naudé (pour l’orientation du bâtiment, etc.), et on prévoit des séries de rayonnages en double épi, disposés en fonction de l’éclairage... et du poids: l’effet d’optique, qui fait penser à une scène de théâtre, explique peut-être la désignation de Kulissenbibliothek («bibliothèque en coulisses»). L’ex libris gravé reproduit cette image.
Biblia Damulica de 1723. |
Ajoutons que les Fondations Franckhe ont été réanimées, mais en dehors du cadre religieux, après la chute du Mur, et que la bibliothèque, toujours accessible aux chercheurs, est désormais couplée avec un important centre d'études sur l'histoire de l'époque moderne et du piétisme.
Bibliogr. : Brigitte Klosterberg, Die Bibliothek der Franckeschen Stiftungen, Halle, Verlag der Franckeschen Stuftingen, 2007.
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