Un mot rapide, d’abord, du département lui-même de l’Oise, dont la constitution explique la richesse historique. Nous sommes aux portes de Paris (Beauvais est à 80km de la capitale), devant un ensemble composite, mais dont les rapports à l’histoire sont particulièrement étroits: pas moins de trois évêchés (Beauvais, Noyon et Senlis), des dizaines de maisons religieuses, nombre de riches villes de marché et de négoce, sans oublier les châteaux d’une noblesse elle-même très liée à la cour royale (à commencer par le château de Chantilly). Un pays mordant à la fois sur l’Île-de-France, sur la Picardie et sur la Normandie, ce qui explique que, dans une très large mesure, les évolutions et les événements relatifs à l’histoire de l’Oise comme département concernent directement aussi l’histoire de France.
L’exposition présente de manière à la fois élégante et très didactique, donc efficace, un certain nombre de documents exceptionnels appartenant aux Archives départementales ou à d’autres institutions du département (Musée Vivenel de Compiègne, Muée départemental de l’Oise, ville de Noyon et médiathèque de Beauvais). L’acte exposé le plus ancien remonte à la fin du Xe siècle, quand les documents les plus récents datent du début du XVIe. La démonstration s’attache à la forme diplomatique des pièces (chartes, bulles, etc.), à la technique et à la pratique de l’écriture (des graffitis antiques à la typographie de la Renaissance), à la langue (le latin, le français d’oïl et le picard), enfin à la décoration et aux types d’utilisation de l’écrit (avec des aspects touchant notamment la sigillographie). Une démonstration qui intéressera le spécialiste, mais qui reste parfaitement accessible à chacun.
L’amateur d’histoire du livre relève la présence de plusieurs pièces réellement exceptionnelles, et souvent top peu connues: un ensemble de remarquables tablettes de cire appartenant à la ville de Senlis (cliché 1), mais aussi le «livre enchaîné» de cette même ville (cliché 2. Il s'agit du cartulaire municipal), sans oublier le somptueux Évangéliaire de Morienval, ses peintures et sa reliure (conservé à Noyon: cliché 3). il faudrait citer pourtant encore la charte de la commune de Senlis (1173-1174), le cartulaire du chapitre cathédral de Noyon (qualifié de «Plus riche manuscrit des Archives de l'Oise»), et nombre d'autres pièces non seulement spectaculaires, mais aussi très bien mises en valeur par la scénographie de l'exposition. Ajoutons que plusieurs conférences publiques accompagnent la manifestation, par ex. «Écrire sur l'argile, XVIe-XIXe siècles» le 16 février prochain à 18h30.