Puisque nous parlions d’expositions virtuelles, nous pouvons revenir sur une manifestation remarquable, et dont nous aurions dû déjà rendre compte. Il s’agit de l’exposition consacrée par l’université de Fribourg (Suisse) à Tobie de Castella et à sa bibliothèque. L’exposition avait été présentée à l’occasion du symposium Tobie de Castella, mais elle avait malheureusement été démontée après quelques jours à peine. En se connectant au site (http://www2.fr.ch/bcu/n/publications/expo_bib_Castella/Accueil.html),
le visiteur pourra prendre connaissance des riches pannels (puisque c’est là le terme consacré) réalisés par les étudiants de nos collègues fribourgeois, et des pièces manuscrites et imprimées présentées à durant ce bref laps de temps.
Rappelons le cadre. Descendant d’une famille noble de Fribourg, Tobie de Castella (1733-1815) est un homme des Lumières, qui crée un étonnant jardin «anglo-chinois», qui entretient une riche correspondance, et qui réunit une superbe bibliothèque. C’est cette bibliothèque, et les archives correspondantes, que Pierre de Castella († 2006) a confié à sa mort au canton et à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg.
L’exposition est divisée en quatre sections, dont la première présente d’abord le personnage de Tobie, sa biographie et les choix de vie de celui que les organisateurs ont désigné joliment comme «l’homme à la brouette» (voir cliché). «Car que faire en un gîte à moins que l’on ne songe» – et que l’on ne lise, se demande Tobie: la deuxième section est consacrée à la constitution de la bibliothèque, et aux relations avec les libraires, notamment ceux de Lausanne. Un pannel traite de «la librairie fribourgeoise à la fin de l’Ancien Régime», un autre des procédures publicitaires mises en œuvre par les libraires, un autre enfin ddu circuit du livre, en l’occurrence... L’Art de soigner les pieds, de l’auteur au lecteur.
La troisième section envisage la question du choix des livres (le démarchage des libraires…), et de la composition statistique de la bibliothèque, en fonction des langues de publication et des engagements personnels de Tobie de Castella –surtout s’agissant de politique. La dernière section enfin aborde le devenir des volumes: la bibliothèque ne constitue en rien un ensemble figé, les nouvelles acquisitions viennent constamment l’enrichir, mais les pertes –par prêts, dons, etc., ne sont pas rares non plus. De sorte qu’il est en définitive difficile de conclure du contenu de la bibliothèque à un tableau d'ensemble des intérêts de son propriétaire: comme dans le cas du prince de Croÿ étudié par Marie-Pierre Dion, l’«itinéraire intellectuel» de Tobie de Castella ne peut être reconstitué que par l’étude des sources exceptionnelles aujourd’hui disponibles à Fribourg.
Nous avions regretté la brièveté de l’exposition fribourgeoise: l’exposition virtuelle la prolonge dans le temps, en la mettant à la disposition de tous les chercheurs intéressés. À la suite de chaque pannel, un bouton «vitrine» permet de découvrir les imprimés et manuscrits présentés à l’occasion du symposium, chacun reproduit dans une excellente définition et accompagné d’une notice de catalogue. Bref, le fonds Tobie de Castella et son exposition virtuelle fribourgeoise nous donnent un exemple à suivre s'agissant non seulement de l'exploitation et de ce que l'on appelle la valorisation des collections anciennes des bibliothèques, mais aussi de la collaboration entre ces dernières et les universités.
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