Nous sommes dans un milieu de négociants huguenots repliés d’Anvers à Amsterdam à la suite des crises religieuses: la fortune des Thijs est notamment investie dans la Compagnie des Indes orientales. Très tôt orphelin, le jeune Jan est accueilli en 1634 à Leyde par son grand-oncle, Constantin Lempereur, professeur de langues orientales à l’université. Il étudiera les lettres et le droit, avant de partir pour son «grand tour» (visitant notamment l’Angleterre et la France), et de passer, à son retour, son doctorat en droit.
Mais Thijs n’exercera jamais, préférant se livrer à ses activités favorites, l’étude et la collection de livres –collection à laquelle il consacre l’essentiel de ses revenus. Il décède de manière très prématurée, alors qu’il a à peine une trentaine d’années: par testament, il consacre sa fortune à fonder une bibliothèque publique à Leyde et, en quelques années à peine, la nouvelle institution peut effectivement ouvrir (1657). Il est possible que Thijs ait trouvé son modèle en visitant la bibliothèque bodléienne d’Oxford.
Un premier point remarquable doit être souligné: Thijs a prévu de faire élever un bâtiment autonome destiné à abriter la bibliothèque, et ce bâtiment constitue l’un des premiers exemples de ce type de construction en Europe (les bibliothèques nouvelles sont généralement établies dans des bâtiments anciens, et non spécifiques, comme des maisons religieuses, écoles et collèges, etc.). Proche de l’université, sur l’élégant canal du Rappenburg, la Bibliotheca Thysiana est une belle construction sur un étage et les combles (cliché 1). Le rez-de-chaussée est réservé au logement du bibliothécaire, qui dispose de deux pièces chauffées (le mobilier est pratiquement conservé aujourd’hui). Une double volée de marches conduit du hall d’entrée à l’étage, entièrement occupé par la salle de la bibliothèque (cliché 2). Le coût total de la construction s’élève à 14500 florins, ce qui constitue une somme importante, à laquelle s'ajoute la fondation destinée à financer le fonctionnement de la nouvelle structure.
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Le mobilier contemporain comprend, outre un placard central destiné à abriter les archives familiales, une table de consultation et un superbe meuble de bibliothèque tournante (cliché 3) –sans oublier un meuble destiné à accueillir un Atlas complet de Blaeu, et un petit portrait du fondateur. La décoration peinte se borne aux armoiries de ce dernier. Si le fonds a fait l’objet de plusieurs catalogues imprimés classés systématiquement et sous-classés par formats, il ne semble pas que les volumes aient jamais été classés de manière systématique. Les registres de prêts n’ont pas été conservés, ce qui interdit de préciser le niveau d’utilisation d’une institution en tout état de cause exceptionnelle, et qui nous est parvenue pratiquement dans son état d’origine.
J'aimerais bien aller dans cette bibliothèque. Je suis certaine que tous les livres que je cherche se trouvent là, puisqu'ils datent d'assez longtemps. Mais pourquoi est-ce interdit au public maintenant? Cela dévie complètement du but de son fondateur, non?
RépondreSupprimerLa bibliothèque est toujours publique, mais étant donnée sa nature, elle ne reçoit que peu de visiteurs. Il convient de s'adresser à la Bibliothèque universitaire de Leyde, dont elle dépend. Le catalogue est en ligne. FB
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