Nationalités, historicisme, transferts
[Actes du colloque de Budapest, 6-8 avril 2017],
dir. Frédéric Barbier, István Monok, Andrea De Pasquale,
Budapest, Bibliothèque de l’Académie hongroise des sciences, Bibliothèque du Parlement de Hongrie ; Roma, Bibliothèque nationale centrale, 2019,
246-[2] p., index, ill. en coul.
ISBN 978-963-7451-49-2
NB- Cet ouvrage constitue la seconde partie de la série consacrée à l’histoire du décor des bibliothèques. Le premier volume traitait de la période moderne : bibliothèques, décors, XVIIe-XIXe siècle, dir. Frédéric Barbier, Andrea De Pasquale, István Monok, Paris, Éditions des Cendres, 2016, 306 p., index, ill. en coul. (ISBN 978-2-86742-254-6).
Le volume de 2019 suit exactement la même mise en page, et il se signale pareillement par la richesse de l’illustration.
Table générale
En hommage aux Parlements, par Éric Fournier, ancien ambassadeur de France en HongriePréface, par Frédéric Barbier
Construire et aménager
En France, les bibliothèques en révolution: abandonner, aménager, construire, 1789-années 1830, par Frédéric Barbier La Bibliothèque Corsiana: parcours et événements au XIXe siècle, par Marco Guardo
Il riallestimento del Collegio romano per la Biblioteca Nazionale di Roma, par Andrea De Pasquale
Les aménagements de la bibliothèque-musée Inguimbertine de Carpentras aux XIXe et XXe siècles, par Jean-François Delmas
Illustrer
Bibliothèques, architecture et espaces urbains dans la capitale du royaume: un parcours de modèles espagnols du XIXe siècle, par Maria Luisa López-Vidriero Les décors de la bibliothèque du Sénat, Palais du Luxembourg: classicisme contre identité nationale, par Jean-Michel Leniaud
Décorer une bibliothèque, embellir une ville: science, urbanisme et politique à Strasbourg, 1871-1918, par Christophe Didier
Expériences centre-européennes
Die k. u. k. Familien-Fideikommissbibliothek. Orte einer dynastischen Sammlung als Indikatoren des Wandels von Privatheit zu Öffentlichkeit, par Rainer Valenta Library in the Country House": Social Representation and Use of Space in 19th Century Hungary, par Zsuzsa Sidó
The Houses of the Library of the Hungarian Academy of Sciences between 1827 and 1988: the Architectural Profile of an Institution, par Gábor György Papp
Between Modernity and Tradition: the Central Library of the Budapest University of Technology (formerly the Royal Joseph University) and the Mural of its Reading-room, par Bálint Ugry
La bibliothèque du Parlement hongrois, par József Sisa
Exporter
La Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro: la construction d’un nouveau palais pour la république brésilienne (1905-1911), par Marisa Midori Deaecto Index locorum et nominum
Les auteurs
Crédits photographiques
Tables
L’histoire des bibliothèques a traditionnellement été considérée comme une branche de l’histoire du livre, ou, pour mieux dire, de l’histoire des médias liés à l’écrit (schriftorientierte Medien), et les travaux parfois très érudits conduits dans ce cadre ont permis d’aboutir a des résultats scientifiques souvent de grande valeur. Pour autant, cette approche s’est heurtée à plusieurs limitations majeures.
Nous sommes en effet confrontés à une bibliographie écrasante, mais en majorité constituée de monographies factuelles portant sur des collections ou sur des établissements, et à partir desquelles il reste difficile de tirer des enseignements plus généraux (1). D’autre part, on a trop longtemps mis l’accent sur l’analyse des contenus, sans beaucoup s’inquiéter des pratiques de lecture, voire des pratiques bibliothécaires, et en privilégiant certaines périodes bien spécifiques, au premier chef celle des Lumières (2). Le recours aux catalogues et autres inventaires en tant que sources a conduit à ignorer, jusqu’à une époque récente, d’autres éléments pourtant très riches, à commencer par l’étude des exemplaires et de leurs particularités (3). Le troisième point concerne le discours lui-même, ou plutôt ses présupposés: le chercheur est confronté à une forme d’hagiographie plus ou moins naïve, soulignant par exemple la participation de telle ville ou de telle région à l’idéologie du progrès développée par les Lumières, pour ne rien dire des phénomènes liés au nationalisme à partir du XIXe siècle (4).
Pourtant, de nouvelles perspectives ont été progressivement ouvertes depuis les années 2000… [Extrait de la Préface, par Frédéric Barbier].
Pendant une pause du colloque, un petit tour sur les toits du Parlement |
1) Il ne s’agit évidemment pas ici, bien au contraire, de condamner globalement les monographies, qui fournissent toujours des informations très précieuses, mais d’insister sur l’impératif de la contextualisation: dès lors qu’elle dépasse le cadre de l’érudition pure, la monographie ne prend sens que par sa mise en perspective, sur le plan aussi bien chronologique que géographique. Ajoutons que même les séries «nationales», comme l’Histoire des bibliothèques françaises (1ère éd., Paris, Promodis, Éditions du Cercle de la Librairie, 1989-1992, 4 vol.), posent des problèmes méthodologiques, dans la mesure où elles font appel à des épisodes qui n’ont en l’occurrence rien à voir avec la France (par ex. les bibliothèques de l’Antiquité hellénistique ou romaine), et où la définition même de la géographie envisagée (une géographie «nationale») est évidemment changeante.
2) En France, le texte fondateur est probablement celui de Daniel Mornet, «Les enseignements des bibliothèques privées, 1750-1780», dans Revue d’histoire littéraire de la France, 17, 1910, p. 449-496.
3) Un colloque tenu à Wolfenbüttel attire l’attention sur ce point: Biographien des Buches, éd. Ulrike Gleixner [et al.], Göttingen, Wallstein Verlag, 2017 («Kulturen des Sammelns», 1).
4) Nous aurions aussi tort de négliger les effets négatifs induits par la structure des institutions universitaires: la non-reconnaissance de l’histoire du livre comme une discipline autonome (sauf rarissimes exceptions), la séparation généralement admise, au niveau des facultés, entre «Philologie» (voire «Philosophie» au sens allemand du terme) et «Histoire», ou encore la distinction des travaux concernant le Moyen Âge ou l’époque moderne. On ne peut que regretter, par exemple, que tant d’études excellentes concernant les bibliothèques du XVe siècle ne traitent que des manuscrits, y compris après 1460…
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