[Bible. N.T. Évangiles]. Le Nouveau Testament, c’est-à-dire. La nouvelle Alliance de nostre Seigneur Iesus Christ. Le tout reveu & conferé sur les textes Grecs par les Pasteurs & Professeurs de l'Eglise de Geneve, Se vend à Charenton, [chez?] Pierre Des-Hayes, imprimeur & marchand libraire, demeurant à Paris ruë de la Harpe, aux Gands couronnez, pré la Roze rouge, MDCLVII [1657], 4°.
L’ouvrage est relié avec :
Les Pseaumes de David, Mis en rime françoise par Clement Marot & Theodore de Beze,
Se vendent à Charenton, par Pierre Des-Hayes, imprimeur & marchand libraire, demeurant à Paris, ruë de la Harpe, à la Limace,
[s. d.], 4°.
Après la page de titre (qui présente la marque typographique «À la religion chrétienne»), les livres successifs du Nouveau Testament sont ornés de bandeaux et de fleurons xylographiés. Les Psaumes de David ont une page de titre propre, et comprennent des parties musicales avec les portées xylographiées. Ils sont suivies d’une Table alphabétique par titres, puis des «Prières ecclésiastiques», du «Catéchisme, c’est à dire le Formulaire d’instruire les enfans en la Chrestienté, fait en manière de dialogue où le Ministre interroge, & l’Enfant respond». La présentation se fait par dimanches. Enfin, le volume se referme sur la «Confession de foi faite d’un commun accord par les Eglises réformées du Royaume de France». Notre exemplaire, lest malheureusement incomplet du cahier A(4) et de la fin du volume.
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Certains grands imprimeurs libraires parisiens trouveront aussi leur intérêt à diffuser auprès de cette communauté –ils conservent leur adresse de Paris, mais établissent un magasin de détail dans la cour du temple.
Comment se fait la transmission de la tradition protestante chez les Deshayes? L’origine semble bien orléanaise: à Pierre (Ier) Deshayes (alias Des Hayes), imprimeur libraire à Paris, succède en effet, à partir de 1606, son fils, Pierre (II), lequel avait épousé Marie Aignan, elle-même veuve de Claude (Ier) Cellier (var.: Scellier). Herluison rapporte, en 1868, l’acte de mariage de Claude Scellier, «marchand libraire», et de Marie Aignan, à Orléans le 23 janvier 1611. C’est très probablement par ce biais que l’appartenance protestante pénètre notre «petit monde» de libraires imprimeurs parisiens, dans la mesure où Cellier était de confession calviniste. Marie Aignan était la mère d’Antoine Cellier, que son beau-père prend pour apprenti (1624), puis qui comme associé (1).
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Évoquons pour finir le devenir de la dynastie Deshayes / Cellier, et la réorientation radicale de ses activités. Voici en effet que, en 1653, un jeune lyonnais monté à Paris entre comme apprenti chez Deshayes: il s’agit de François Muguet, fils d’un imprimeur de la rue Mercière. Deux ans plus tard, Muguet épouse la nièce et pupille de son maître, Catherine Pillé, elle-même fille d’un libraire relieur. Protégé par Fouquet, il obtient des lettres de maîtrise en 1658. C’est lui qui succède à Deshayes, décédé l’année suivante, et il s’imposera très vite comme l’un des meilleurs artisans de la capitale. Mais nous sommes alors passés de la Réforme au catholicisme le plus orthodoxe, puisque Muguet est bientôt imprimeur du roi (1661)… et de l’archevêque (1664).
Notes
(1) Il se marie en 1641 avec Anne Potest, fille d’Étienne Potest, libraire à Orléans, où il décède vers 1665. Nous sommes toujours dans un environnement calviniste. Il est d’ailleurs possible que Cellier lui-même se soit un temps retiré à Orléans, puisqu’il apparaît comme témoin au décès. L'inventaire après-décès de Cellier est cependant conservé aux Archives nationales, McnP, Ét. XXIII, 346 (10 mars 1681).
(2) H.-J. Martin, Livre, pouvoir et société, p. 719.