ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES,
IVe Section (Sciences historiques et philologiques)
Conférence d’Histoire et civilisation du livre
La séance foraine 2019, organisée à titre privé par la Conférence d’Histoire et civilisation du livre, se déroulera le mardi 21 mai prochain au château de Chantilly.
Le programme prévisionnel sera le suivant:
9h50 Rendez-vous devant les grilles du château de Chantilly. Les participants régulièrement inscrits la séance foraine bénéficieront d’un laisser-passer nominatif permettant la gratuité d’accès.
10h-12h30 Présentation du domaine et du château.
Le Cabinet des livres du duc d’Aumale et son fonds de manuscrits
12h30-14h Déjeuner
14h-16h
- Les imprimés du duc d’Aumale: l’émergence du roman en France autour de 1500
- Les imprimés du duc d’Aumale: à propos de quelques éditions de Montesquieu
Visite de l’exposition: «Architecture et Bibliophilie» (détails ici)
17h Clôture de la séance
La séance est organisée en collaboration avec la Bibliothèque du Musée Condé (Madame Marie-Pierre Dion, conservateur général). Elle bénéficiera de la participation de Madame Catherine Volpilhac-Auger, professeur à l’ENS de Lyon et spécialiste de Montesquieu.
NB- Les inscriptions sont closes.
La Bibliothèque du château de Chantilly constitue un exemple probablement unique en France, de conservatoire d’une ancienne bibliothèque princière. Elle illustre, à ce titre, un paradigme complexe articulant le rôle politique ambigu d’une très grande famille et la représentation d’une distinction à laquelle les livres rares et précieux contribuent bien évidemment pour une part.
On le sait, Chantilly est comme le conservatoire de l’histoire de quelques-unes des plus grandes familles de France, étroitement liées aux souverains, mais aussi tentées, jusqu’à la Fronde, par «l’aventure féodale»: les Bourbons, les Condé et les Montmorency.
Mais le personnage emblématique de Chantilly est naturellement le duc d’Aumale, cinquième fils de Louis-Philippe d’Orléans.
Né en 1822, il hérite très jeune (dès 1830 !) de la bibliothèque du dernier des Condé, le duc Louis Henri Joseph de Bourbon, dont la mort tragique (on l’a retrouvé pendu dans son château de Saint-Leu-la-Forêt le 30 août 1830) a défrayé la chronique. Mais Aumale ne commence à collectionner les livres et les objets d’art qu’à partir de 1848, à la faveur, si l’on peut dire, de son exil en Angleterre.
Son Cabinet de livres est dès lors le fruit d’une activité incessante de repérage et d’acquisitions, notamment dans les ventes publiques, activité poursuivie tout au long du XIXe siècle: le duc inaugure son entreprise en achetant à Bruxelles en 1850 un exemplaire de Petrus Comestor (Pierre Le Mangeur), mais il achète surtout plusieurs collections exceptionnelles (notamment les bibliothèques Standish en 1851 et les deux mille neuf cent dix articles de la collection Armand Cigongne en 1859), ainsi que des ensembles moins importants et des volumes isolés –dont les Très riches heures du duc de Berry, acquises en 1856, et, en 1891, les miniatures réalisées par Jehan Fouquet pour les Heures d’Étienne Chevalier. Aumale intervient dans la plupart des grandes ventes postérieures à 1851, les ventes Sébastiani, Lefèvre-Dellerange, Edward Vernon, de Bure, Renouard, Libri, etc.
Le duc manifeste un intérêt plus particulièrement poussé pour les livres les plus précieux, les plus anciens (les incunables de la collection Standish) et les plus rares, mais aussi pour le patrimoine littéraire français et pour l’art de la reliure.
Étant donné son mode de constitution, la collection de Chantilly, qui est la collection d’un richissime bibliophile du XIXe siècle, s’apparente dans son modèle aux plus grandes collections du monde anglo-saxon: elle est d’autant plus précieuse pour l’historien, historien de l’art, historien du livre ou historien de la littérature, qu’elle conserve nombre d’exemplaires très exceptionnels, voire uniques dans les fonds publics français, constitués pour l’essentiel à partir des saisies révolutionnaires.
Après 1871 (définitivement en 1889), Aumale peut rentrer en France, et il se consacre dès lors à la résurrection de Chantilly, dont il entreprend le catalogue des livres. Il lègue le domaine de Chantilly et les collections qui y sont conservées, dont les livres, à l’Institut de France. Il décède en 1897.
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