À partir de 1431 et pendant près de deux décennies, la tenue du deuxième (après Constance) concile œcuménique fait de Bâle la capitale de la chrétienté occidentale –Æneas Sylvius Piccolomini, le futur pape Pie II, est le secrétaire du concile. Non seulement les prince de l’Église, mais leurs familiers, les savants et les clercs, les fournisseurs de matières premières (papetiers…) et de services (copistes…), se rassemblent à Bâle, où une quantité d’initiatives sont prises, qui vont dans le sens d’une modernité fondée sur la lecture et sur la méditation. En 1460, la ville devient siège d’université et, peut-être une dizaine d’années plus tard, elle accueille ses premières presses à imprimer, celles de Berthold Ruppel, un ancien ouvrier de Gutenberg: l’ISTC recense quelque 860 titres publiés à l’adresse de Bâle avant 1501, soit une production globale que l’on peut estimer à 4 à 500.000 exemplaires mis en circulation en moins de cinquante ans.
Bâle sera surtout connue pour posséder un certain nombre d’ateliers majeurs, au premier chef ceux d’Amerbach et de Froben, célèbre dans toute l’Europe humaniste comme l’ami d’Érasme, et l’éditeur de son Nouveau Testament. Dans l’intervalle, en 1501, la ville est entrée officiellement dans la nouvelle confédération des cantons suisses, et elle passe officiellement à la Réforme en 1528-1529. Nous reviendrons sur la cas exceptionnel de la bibliothèque des Chartreux de Bâle, mais concluons pour aujourd'hui: aux antipodes d’un modèle centralisé à la française, Bâle offre, jusqu’à aujourd’hui, un exemple idéaltypique de la modernité impulsée par une forme d’autonomie administrative, par la richesse capitaliste, et par le contrôle de réseaux multifonctionnels qui s’étendent à la plus grande partie de l’Europe occidentale.
Johann Helmrath, Das Basler Konzil, 1431-1449: Forschungsstand und Probleme, Köln, Wien, Böhlau Verlag, 1987 («Kölner historische Abhandlungen»).
Frédéric Barbier, «Émigration et transferts culturels : les typographes allemands et les débuts de l’imprimerie en France au XVe siècle», dans Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Comptes rendus, janv.-mars 2011, p. 651-679.
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