On sait que les universités médiévales ne possèdent pas de bibliothèques, et que celles-ci sont abritées dans les collèges (comme la Sorbonne à Paris). Oxford ne déroge pas à la règle, avec notamment la bibliothèque de Divinity School, mais celle-ci est dispersée lors du passage à la Réforme anglicane (1550-1556). Les manuscrits sont bradés, et le mobilier cédé à Church College.
C’est pour remédier à ces pertes que Thomas Bodley (1545-1613), fellow de Merton College et diplomate d’Élisabeth Ière, décide de s’engager personnellement en faveur de sa refondation. Il écrit au vice-chancelier de l’université, en 1598:
Là où il y a eu une bibliothèque publique à Oxford (ce qui appert, comme vous savez, de la salle qui subsiste encore et de nos archives), je prendrai sur moi la charge te les frais de la restituer à son ancien usage ; et de la rendre apte et agréable, avec des sièges, des rayons et des pupitres, et tout ce qui peut être utile, pour inciter d’autres hommes à [cette] libéralité, et pour aider à lui procurer des livres (lettre citée par Antony Grafton, Grandes bibliothèques, p 166).
Notons l’épithète de « publique », qui ne correspond pas réellement à notre concept moderne, mais signifie plutôt que la bibliothèque n’était (et ne sera) pas privée, réservée aux seuls membres d’un collège. Il figurera au titre du premier catalogue imprimé (cf. infra).
La proposition de Bodley est acceptée, et une enquête conduite pour déterminer le programme de la construction:
Bodley (…) estima que ni lui-même, ni les architectes ne pouvaient improviser (…). Il écrivit au vice-chancelier en le priant de nommer un comité consultatif chargé de déterminer la meilleure présentation et la forme la plus digne. Le vice-chancelier était Thomas Thornton, chanoine de la cathédrale d’Hereford, «maître de la librairie» et responsable de l’adoption du «stall system» à Hereford en 1590, qu’il fit également choisir dans la grande salle du duc Humphrey, à la Bodléienne. Ce mobilier, très médiéval encore de style, fut installé avant 1600 (Masson, p. 112).
La grande salle de bibliothèque est ouverte en 1602 (Oldest Reading Room) au premier étage de Divinity School.
Laissons de côté la question, pourtant célèbre, du mobilier et de l’aménagement d’ensemble. La bibliothèque sera confiée à Thomas James jusqu’en 1620, lequel en publie le catalogue en 1605, catalogue réédité et considérablement augmenté en 1620. Il est dédié au prince héritier, et s’ouvre par une préface qui reprend notamment l’historique de la collection.
Les volumes sont présentés selon l’ordre des facultés (théologie, médecine, droit, arts), avec une lettre de classement et un numéro d’ordre, tandis qu’un certain nombre de signes diacritiques désignent différentes catégories de textes ou d’exemplaires: le pied de mouche indique ainsi qu’il s’agit d’un recueil, et l’astérisque (*) accompagne les exemplaires de plus petit format (4° et 8°), qui ne sont pas enchaînés, et auxquels on n’a par conséquent pas accès directement (il faut pour les consulter s’adresser au bibliothécaire).
Deux tables sont insérées au fil du catalogue, qui sont des instruments de travail pour les chercheurs: la première référencie les commentateurs des différents livres de la Bible, la seconde, ceux d’Aristote. Enfin, le catalogue est complété par une table alphabétique des auteurs et des titres, table présentée sur trois colonnes.
On sait que le classement systématique sera abandonné dans l’édition de 1620 au profit du classement alphabétique, sans doute plus adapté à une collection qui a triplé ou quadruplé d’importance, mais qui reste elle-même classée systématiquement. Avec ce basculement, la question de repérer les auteurs et les textes de références se pose dans des termes nouveaux: il ne s’agit plus de suivre un ordre qui désigne par lui-même une hiérarchie, mais d’instituer de nouvelles instances et de nouvelles procédures de prescription dans lesquelles la «République des Lettres» (la préface du premier catalogue en fait déjà mention) jouera un rôle croissant.
Mais ce sujet relèverait d’un autre billet. Soulignons simplement, pour conclure, que le catalogue imprimé d’Oxford s’impose rapidement comme un usuel bibliographique que l’on trouvera dans les principales collections de l’Europe du début du XVIIe siècle –entre autres, à la Mazarine.
Thomas James, Catalogus librorum bibliothecae publicae quam vir ornatissimus Thomas Bodleius eques auratus in Academia Oxoniensi nuper instituit; continet autem libros alphabeticè dispositos secundum quatuor facultates: cum quadruplici elencho expositorum S. Scripturae, Aristotelis, iuris vtriusq[ue] & principum medicinae, ad vsum almae Academiae Oxoniensis, auctore Thoma James ibidem bibliothecario, Oxoniae, apud Josephum Barnesium, 1605, 656 p.
mercredi 30 mai 2012
lundi 28 mai 2012
Conférence d'histoire du livre
École pratique des hautes études,
IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Lundi 4 juin 2012
14h30-17h (environ)
Catalogues de bibliothèques (Moyen Âge-XVIIIe siècle)
par
Monsieur Frédéric Barbier, directeur d'études,
Monsieur Frédéric Barbier, directeur d'études,
Monsieur Istvan Monok, professeur d'histoire du livre à l'Université de Szeged,
Monsieur Yann Sordet, directeur de la Bibliothèque Mazarine,
Attention: cette conférence, la dernière de l'année universitaire 2011-2012 se tiendra à la Bibliothèque Mazarine, salle Alfred Franklin,25 quai de Conti, 75006 Paris
La capacité d'accueil de la salle étant limitée, les participants sont invités à s'inscrire auprès du secrétariat de l'IHMC, Tél. 01 44 32 31 52, avant vendredi 1er juin à midi.
Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2011-2012.
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mercredi 23 mai 2012
La nouvelle Bibliothèque nationale de Roumanie
Le 23 avril dernier, sous le titre de «Perspectives pour la culture: la Bibliothèque nationale de Roumanie», s'est déroulée l’inauguration du nouveau siège de la Bibliothèque nationale, dans un bâtiment de sept étages au 22, boulevard Unirii à Bucarest). Madame Elena Tîrziman, directrice générale, a présidé les manifestations scientifiques et culturelles qui ont marqué l'événement une semaine durant.
Parmi les débats, nous retiendrons: «Qu’est-ce qu’une bibliothèque? » (Elena Tîrziman), «Les bibliothèques publiques en Roumanie: formation, information, espace sociétal. Quelques portraits» (par des représentants des bibliothèques départementales), «L’enseignement bibliothéconomique en Roumanie: bilan et perspectives» (par des enseignants des universités de Bucarest, Sibiu, Timişoara et Braşov), «Les bibliothèques et leur rôle dans l’éducation» (par l’Association des Bibliothécaires de Roumanie), «Les bibliothèques et la propriété intellectuelle en Roumanie», et «La BNR et l’accès aux collections électroniques». L'architecture était également envisagée, comme il est logique, avec des conférence sur «Bâtiments des bibliothèques en Roumanie» (Pr. Nicolae Noica), et sur «La Bibliothèque de la Faculté de médecine vétérinaire, de Bucarest» (Letiţia Purdoiu).
Le colloque du «Cinquième centenaire du Tétra évangéliaire de Macarié (1512-2012)» a réuni les historiens du livre, dont Mihai Mitu, Gheorghe Chivu, Gheorghe Buluţă, Doru Bădăra et Elena Maria Schatz, ainsi que trois représentants de bibliothèques patrimoniales (Anca Andreescu, Collection Spéciales de la BNR; Policarp Chiţulescu, Bibliothèque du Saint Synode; Doina Hendre Biro, Bibliothèque Batthyaneum d’Alba Iulia). À la fin du colloque ont été présentés les derniers numéros de la Revue roumaine d’histoire du livre, de Biblioteca et de la Revue roumaine de conservation et de restauration du livre. Les démonstrations de restauration du papier, du parchemin et de la reliure, ont retenu un large public. Elles étaient faites par des spécialistes du Centre national de pathologie et de restauration du livre, et complétées par une conférence sur ce thème (Mariana Nesfântu). Sans oublier les démonstrations dans le domaine de l’électronique et de la numérisation des livres (Samsung, Kosson, ProQuest, E-nformation, Star Storage, Ebsco Publishing Quartz Matrix, etc).
D’autres manifestations culturelles ont encore enrichi le programme, notamment les deux conférences sur «Le tigre de papier: écrivains et livres», par le philosophe Gabriel Liiceanu, et «L’heure de littérature à la Bibliothèque nationale de Roumanie», par la poétesse Ana Blandiana, toutes deux avec comme modérateur le critique littéraire Alex Ştefănescu.
Enfin, plusieurs expositions étaient organisées, sur l’histoire du livre («Centres de production de livres roumains anciens»), sur la photographie («Mail-art: la bibliothèque dans toutes ses états») et sur les beaux-arts («Le livre, œuvre ouverte»; « Herbaryum- écriture»; «Couleurs des femmes»; « Marques de l’art religieux»). Trois autres expositions avaient été réalisées par des enfants, tandis que les manifestations comportaient un volet musical et un cycle de «Dialogues interculturels» (avec l’Italie comme premier invité).
Dans cette phase initiale, la Bibliothèque nationale de Roumanie met à la disposition de ses utilisateurs, les services suivants: 1) Information générale et inscription; 2) Catalogues et références; 3) Sept salles de travail (Littérature, Périodiques, Droit, Jeunesse, Dialogues culturels, Références (dictionnaires, encyclopédies, bibliographies nationales) et Cabinet bibliologique). Avant la fin de l’année doivent ouvrent ouvrir la Ludothèque et la Salle technique, avec 80 places. La BNR possède aussi des espaces d’exposition, des salles de conférence et un amphithéâtre de 380 places.
(Communiqué par Doina Hendre-Biro)
Parmi les débats, nous retiendrons: «Qu’est-ce qu’une bibliothèque? » (Elena Tîrziman), «Les bibliothèques publiques en Roumanie: formation, information, espace sociétal. Quelques portraits» (par des représentants des bibliothèques départementales), «L’enseignement bibliothéconomique en Roumanie: bilan et perspectives» (par des enseignants des universités de Bucarest, Sibiu, Timişoara et Braşov), «Les bibliothèques et leur rôle dans l’éducation» (par l’Association des Bibliothécaires de Roumanie), «Les bibliothèques et la propriété intellectuelle en Roumanie», et «La BNR et l’accès aux collections électroniques». L'architecture était également envisagée, comme il est logique, avec des conférence sur «Bâtiments des bibliothèques en Roumanie» (Pr. Nicolae Noica), et sur «La Bibliothèque de la Faculté de médecine vétérinaire, de Bucarest» (Letiţia Purdoiu).
Le colloque du «Cinquième centenaire du Tétra évangéliaire de Macarié (1512-2012)» a réuni les historiens du livre, dont Mihai Mitu, Gheorghe Chivu, Gheorghe Buluţă, Doru Bădăra et Elena Maria Schatz, ainsi que trois représentants de bibliothèques patrimoniales (Anca Andreescu, Collection Spéciales de la BNR; Policarp Chiţulescu, Bibliothèque du Saint Synode; Doina Hendre Biro, Bibliothèque Batthyaneum d’Alba Iulia). À la fin du colloque ont été présentés les derniers numéros de la Revue roumaine d’histoire du livre, de Biblioteca et de la Revue roumaine de conservation et de restauration du livre. Les démonstrations de restauration du papier, du parchemin et de la reliure, ont retenu un large public. Elles étaient faites par des spécialistes du Centre national de pathologie et de restauration du livre, et complétées par une conférence sur ce thème (Mariana Nesfântu). Sans oublier les démonstrations dans le domaine de l’électronique et de la numérisation des livres (Samsung, Kosson, ProQuest, E-nformation, Star Storage, Ebsco Publishing Quartz Matrix, etc).
D’autres manifestations culturelles ont encore enrichi le programme, notamment les deux conférences sur «Le tigre de papier: écrivains et livres», par le philosophe Gabriel Liiceanu, et «L’heure de littérature à la Bibliothèque nationale de Roumanie», par la poétesse Ana Blandiana, toutes deux avec comme modérateur le critique littéraire Alex Ştefănescu.
Enfin, plusieurs expositions étaient organisées, sur l’histoire du livre («Centres de production de livres roumains anciens»), sur la photographie («Mail-art: la bibliothèque dans toutes ses états») et sur les beaux-arts («Le livre, œuvre ouverte»; « Herbaryum- écriture»; «Couleurs des femmes»; « Marques de l’art religieux»). Trois autres expositions avaient été réalisées par des enfants, tandis que les manifestations comportaient un volet musical et un cycle de «Dialogues interculturels» (avec l’Italie comme premier invité).
Dans cette phase initiale, la Bibliothèque nationale de Roumanie met à la disposition de ses utilisateurs, les services suivants: 1) Information générale et inscription; 2) Catalogues et références; 3) Sept salles de travail (Littérature, Périodiques, Droit, Jeunesse, Dialogues culturels, Références (dictionnaires, encyclopédies, bibliographies nationales) et Cabinet bibliologique). Avant la fin de l’année doivent ouvrent ouvrir la Ludothèque et la Salle technique, avec 80 places. La BNR possède aussi des espaces d’exposition, des salles de conférence et un amphithéâtre de 380 places.
(Communiqué par Doina Hendre-Biro)
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dimanche 20 mai 2012
Une histoire de catalogues (en prélude à une conférence de l'EPHE)
La bibliothèque de Wolfenbüttel dispose depuis un vingtaine d’années d’un usuel particulièrement intéressant pour les historiens: il s’agit du Lexicon zur Geschichte une Gegenwart der Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel, autrement dit d’un petit dictionnaire présentant par ordre alphabétique une suite d’articles qui tracent un tableau d’ensemble de la bibliothèque, entre sa création dans la seconde moitié du XVIe (Bibliotheca Julia) et la fin du XXe siècle. L’ouvrage, diffusé en commission par la Librairie Harrassowitz de Wiesbaden, compte moins de 200 pages, imprimées sur deux colonnes et largement illustrées. Il a été offert à l’ancien directeur de la bibliothèque, et son refondateur, le Pr. Dr. Paul Raabe, à l’occasion de son départ à la retraite après vingt-quatre années passées à la tête de l’établissement.
Un dictionnaire de ce type ne remplace pas absolument une monographie de l’histoire de la bibliothèque, parce que les informations y sont dispersées selon la série des intitulés d’articles, les uns thématiques (par ex.: Blockbücher, qui donne une information rapide et une bibliographie sur les livrets xylographiques conservés à Wolfenbüttel), les autres consacrés à telle ou telle personnalité ou à tel ou tel exemplaire spectaculaire (dont le premier est le célébrissime Évangéliaire de Henri le Lion).
Mais l’ouvrage est particulièrement commode, et il fournit toutes les informations utiles au chercheur qui voudrait approfondir un certain sujet. Bien évidemment, il complété aujourd’hui par les sources disponibles sur Internet, soit sur le site de la Bibliothèque elle-même, soit dans la notice correspondante du Handbuch coordonné par Bernhard Fabian.
Arrêtons-nous un instant sur les premiers catalogues anciens de Wolfenbüttel. La bibliothèque a été créée par le duc Julius, lui-même collectionneur, qui monte sur le trône en 1568, qui fait passer la principauté du côté de la Réforme, qui en modernise en profondeur l’administration et qui fonde l’université de Helmstedt, un temps l’un des plus importantes de toute l’Allemagne. Les bibliothèques sécularisées rejoignent la bibliothèque du prince à Wolfenbüttel, tandis que les acquisitions se poursuivent, concernant parfois des bibliothèques entières (dont une partie de la bibliothèque de Johann Aurifaber, ancien famulus de Luther, en 1578).
Un bibliothécaire est nommé en 1571, et le règlement de la bibliothèque, daté du 5 avril 1572, précise expressément que la rédaction d’un catalogue sera l’une de ses charges principales. À la fin du XVIe siècle, la bibliothèque compte environ 4300 titres.
Le premier catalogue général n’est entrepris qu’en 1599, sur ordre du nouveau duc par le bibliothécaire Johann Adam Leonicerus. Le travail sera poursuivi pendant une quinzaine d’années, jusqu’en 1614. Il s’agit d’un catalogue systématique et topographique: les livres sont classés en trente-quatre catégories, qui suivent le dispositif des sept arts libéraux (trivium et quadrivium), et qui correspondent aussi à l’ordre matériel du rangement (ms. Cod. Guelf. A. Extr.).
L’énorme avantage de la systématique est de donner une information sur la qualité des textes (l’ordre des classes est un ordre selon une importance décroissante), ce qui n’est pas directement le cas avec un catalogue par noms d’auteurs. Par ailleurs, les notices de Wolfenbüttel précisent un certain nombre de particularités d’exemplaires.
Le second grand catalogue est commencé en 1627, et il sera poursuivi pratiquement un siècle durant: sous le duc August († 1666), la bibliothèque devient la première d’Europe (135 000 titres à la mort du duc), ce qui suppose bien évidemment de prendre des dispositions nouvelles pour sa gestion. Les fonds sont répartis en dix-neuf classes, auxquelles s’ajouteront une classe consacrée aux manuscrits (Libri manuscripti) et une pour les acquisitions (Libri varii). Chaque exemplaire présent dans la bibliothèque porte une cote au dos, qui indique la classe (par ex. Hist.) et le numéro d’ordre (112), éventuellement développé (112.1, 112.2, etc.), avec parfois la précision qu’il s’agit d’un grand format.
Ce catalogue, qui comptera pour finir six volumes, est complété par un premier index des noms d’auteurs, avant que Leibniz ne prenne en 1691 l’initiative de réaliser un catalogue alphabétique à titres courts. Ajoutons que le duc August lui-même assure lui-même une grande partie de la rédaction des notices (jusqu’à la page 3692!), et que le catalogue est disponible sur la célèbre «roue à livre» (Bücherrad), qui facilite à la fois la copie et la consultation de ces gros volumes in-folio (cliché ci-contre).
La thématique des catalogues de bibliothèques sera reprise dans les conférences de l'École pratique des hautes études des 21 mai et 4 juin 2012 (la seconde conférence se tiendra à la Bibliothèque Mazarine).
Sur les anciens catalogues de Wolfenbüttel, voir: Maria von Katte, «Herzog August und die Kataloge der seiner Bibliothek», dans Wolfenbütteler Beiträge, 1, 1972, p. 168-199.
Un dictionnaire de ce type ne remplace pas absolument une monographie de l’histoire de la bibliothèque, parce que les informations y sont dispersées selon la série des intitulés d’articles, les uns thématiques (par ex.: Blockbücher, qui donne une information rapide et une bibliographie sur les livrets xylographiques conservés à Wolfenbüttel), les autres consacrés à telle ou telle personnalité ou à tel ou tel exemplaire spectaculaire (dont le premier est le célébrissime Évangéliaire de Henri le Lion).
Mais l’ouvrage est particulièrement commode, et il fournit toutes les informations utiles au chercheur qui voudrait approfondir un certain sujet. Bien évidemment, il complété aujourd’hui par les sources disponibles sur Internet, soit sur le site de la Bibliothèque elle-même, soit dans la notice correspondante du Handbuch coordonné par Bernhard Fabian.
Arrêtons-nous un instant sur les premiers catalogues anciens de Wolfenbüttel. La bibliothèque a été créée par le duc Julius, lui-même collectionneur, qui monte sur le trône en 1568, qui fait passer la principauté du côté de la Réforme, qui en modernise en profondeur l’administration et qui fonde l’université de Helmstedt, un temps l’un des plus importantes de toute l’Allemagne. Les bibliothèques sécularisées rejoignent la bibliothèque du prince à Wolfenbüttel, tandis que les acquisitions se poursuivent, concernant parfois des bibliothèques entières (dont une partie de la bibliothèque de Johann Aurifaber, ancien famulus de Luther, en 1578).
Un bibliothécaire est nommé en 1571, et le règlement de la bibliothèque, daté du 5 avril 1572, précise expressément que la rédaction d’un catalogue sera l’une de ses charges principales. À la fin du XVIe siècle, la bibliothèque compte environ 4300 titres.
Le premier catalogue général n’est entrepris qu’en 1599, sur ordre du nouveau duc par le bibliothécaire Johann Adam Leonicerus. Le travail sera poursuivi pendant une quinzaine d’années, jusqu’en 1614. Il s’agit d’un catalogue systématique et topographique: les livres sont classés en trente-quatre catégories, qui suivent le dispositif des sept arts libéraux (trivium et quadrivium), et qui correspondent aussi à l’ordre matériel du rangement (ms. Cod. Guelf. A. Extr.).
L’énorme avantage de la systématique est de donner une information sur la qualité des textes (l’ordre des classes est un ordre selon une importance décroissante), ce qui n’est pas directement le cas avec un catalogue par noms d’auteurs. Par ailleurs, les notices de Wolfenbüttel précisent un certain nombre de particularités d’exemplaires.
Le second grand catalogue est commencé en 1627, et il sera poursuivi pratiquement un siècle durant: sous le duc August († 1666), la bibliothèque devient la première d’Europe (135 000 titres à la mort du duc), ce qui suppose bien évidemment de prendre des dispositions nouvelles pour sa gestion. Les fonds sont répartis en dix-neuf classes, auxquelles s’ajouteront une classe consacrée aux manuscrits (Libri manuscripti) et une pour les acquisitions (Libri varii). Chaque exemplaire présent dans la bibliothèque porte une cote au dos, qui indique la classe (par ex. Hist.) et le numéro d’ordre (112), éventuellement développé (112.1, 112.2, etc.), avec parfois la précision qu’il s’agit d’un grand format.
Ce catalogue, qui comptera pour finir six volumes, est complété par un premier index des noms d’auteurs, avant que Leibniz ne prenne en 1691 l’initiative de réaliser un catalogue alphabétique à titres courts. Ajoutons que le duc August lui-même assure lui-même une grande partie de la rédaction des notices (jusqu’à la page 3692!), et que le catalogue est disponible sur la célèbre «roue à livre» (Bücherrad), qui facilite à la fois la copie et la consultation de ces gros volumes in-folio (cliché ci-contre).
La thématique des catalogues de bibliothèques sera reprise dans les conférences de l'École pratique des hautes études des 21 mai et 4 juin 2012 (la seconde conférence se tiendra à la Bibliothèque Mazarine).
Sur les anciens catalogues de Wolfenbüttel, voir: Maria von Katte, «Herzog August und die Kataloge der seiner Bibliothek», dans Wolfenbütteler Beiträge, 1, 1972, p. 168-199.
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vendredi 18 mai 2012
Conférence d'histoire du livre
École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Lundi 21 mai 2012
16h-18h
Les bibliothèques de l'Europe de la Réforme aux XVIe et XVIIe siècles (fin):
les bibliothèques de cour
Les bibliothèques de l'Europe de la Réforme aux XVIe et XVIIe siècles (fin):
les bibliothèques de cour
Cliché ci-dessus: le château de Wolfenbüttel, premier siège de la Bibliothèque ducale après 1568 (cliché FB).
Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2011-2012.
Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).
Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).
Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).
mardi 15 mai 2012
Dürer et l'histoire du livre
Nous évoquions dans un billet déjà ancien la signification du célèbre dicton «Les paroles s’envolent, mais les écrits restent» (Verba volant, scripta manent).
L’Évangile de Luc éclaire ce thème, au chapitre II, versets 46 et 47: le Christ a douze ans, et il est venu parmi les docteurs du Temple, «les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses». Le thème a largement été exploité par les artistes, peintres, dessinateurs et graveurs, et notamment par Dürer, qui aurait peint, en 1506, un tableau (huile sur toile) représentant la scène. Plusieurs études préliminaires ont été réalisées par l’artiste.
Ce n’est pas ici le lieu de discuter de l’attribution à Dürer, attribution remise en cause par Thomas Schauerte de manière qui semble convaincante, notamment à la suite de l’exposition de l’Albertina de Vienne en 2003. Les esquisses seraient effectivement de Dürer, mais pas le tableau, aujourd’hui exposé à la fondation Thyssen-Bornemisza de Madrid: il s’agirait d’un tableau «à la manière de Dürer», mais datant en réalité du début du XVIIe siècle.
Le profane ne peut qu’être frappé, par exemple, par le fait que les figures sont coupées, tandis que l’historien du livre considérera que les volumes représentés par le peintre (notamment les reliures) évoquent une date plus tardive que les premières années du XVIe siècle. L’adresse figurant au premier plan («1506 A.D.») serait donc fausse. D'autres auteurs, dont Erwin Panofsky, insistent sur le caractère circulaire de la composition: au centre, les quatre mains des deux principaux protagonistes (le Christ et l'un des vieillards), tandis que les têtes des docteurs forment un deuxième cercle.
Mais nous ne traitons pas ici d’histoire de l’art. Le tableau intéresse l’historien du livre et de l’écrit par ce qu’il dit –et par ce qu’il ne dit pas.
Ce qu’il dit: les docteurs, des hommes âgés, aux physionomies appuyées, sont enfoncés dans leurs certitudes, leurs références sont celles du passé –de la Loi, de l’écrit, ou mieux, de l’imprimé–, et il refusent l’innovation que symbolise la figure du jeune homme au centre de la composition. Leur petit groupe semble comme disloqué par la présence du Christ, ils regardent dans des directions divergentes, et sont absorbés chacun par la suite d’un raisonnement silencieux.
Et ce que le tableau (de Dürer?) ne dit pas, mais met en scène: les docteurs sont les tenants de l’écrit, du mot prisonnier, face au verbe, au mot libéré qui sera celui du Christ jeune homme. L'enfermement des docteurs dans des textes clos est symboliquement mis en scène à travers la présence du livre, fermé ou entrouvert, voire montré (au premier plan) à titre démonstratif. Ajoutons que, probablement, le texte auquel les docteurs se réfèrent est en latin, quand le Christ s'exprime dans le langage de tous les jours, le vernaculaire. Même s’il ne l’a pas projeté, le peintre l’a représenté: l’observation étroite du mot imprimé tue, quand la parole inspirée et innovante vivifie.
L’Évangile de Luc éclaire ce thème, au chapitre II, versets 46 et 47: le Christ a douze ans, et il est venu parmi les docteurs du Temple, «les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses». Le thème a largement été exploité par les artistes, peintres, dessinateurs et graveurs, et notamment par Dürer, qui aurait peint, en 1506, un tableau (huile sur toile) représentant la scène. Plusieurs études préliminaires ont été réalisées par l’artiste.
Ce n’est pas ici le lieu de discuter de l’attribution à Dürer, attribution remise en cause par Thomas Schauerte de manière qui semble convaincante, notamment à la suite de l’exposition de l’Albertina de Vienne en 2003. Les esquisses seraient effectivement de Dürer, mais pas le tableau, aujourd’hui exposé à la fondation Thyssen-Bornemisza de Madrid: il s’agirait d’un tableau «à la manière de Dürer», mais datant en réalité du début du XVIIe siècle.
Le profane ne peut qu’être frappé, par exemple, par le fait que les figures sont coupées, tandis que l’historien du livre considérera que les volumes représentés par le peintre (notamment les reliures) évoquent une date plus tardive que les premières années du XVIe siècle. L’adresse figurant au premier plan («1506 A.D.») serait donc fausse. D'autres auteurs, dont Erwin Panofsky, insistent sur le caractère circulaire de la composition: au centre, les quatre mains des deux principaux protagonistes (le Christ et l'un des vieillards), tandis que les têtes des docteurs forment un deuxième cercle.
Mais nous ne traitons pas ici d’histoire de l’art. Le tableau intéresse l’historien du livre et de l’écrit par ce qu’il dit –et par ce qu’il ne dit pas.
Ce qu’il dit: les docteurs, des hommes âgés, aux physionomies appuyées, sont enfoncés dans leurs certitudes, leurs références sont celles du passé –de la Loi, de l’écrit, ou mieux, de l’imprimé–, et il refusent l’innovation que symbolise la figure du jeune homme au centre de la composition. Leur petit groupe semble comme disloqué par la présence du Christ, ils regardent dans des directions divergentes, et sont absorbés chacun par la suite d’un raisonnement silencieux.
Et ce que le tableau (de Dürer?) ne dit pas, mais met en scène: les docteurs sont les tenants de l’écrit, du mot prisonnier, face au verbe, au mot libéré qui sera celui du Christ jeune homme. L'enfermement des docteurs dans des textes clos est symboliquement mis en scène à travers la présence du livre, fermé ou entrouvert, voire montré (au premier plan) à titre démonstratif. Ajoutons que, probablement, le texte auquel les docteurs se réfèrent est en latin, quand le Christ s'exprime dans le langage de tous les jours, le vernaculaire. Même s’il ne l’a pas projeté, le peintre l’a représenté: l’observation étroite du mot imprimé tue, quand la parole inspirée et innovante vivifie.
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Dürer (A.),
Iconologie,
lecture,
Théorie de l'histoire du livre
dimanche 13 mai 2012
Revue roumaine d'histoire du livre
Revista Romana de istoria cartii,
7e année, n° VII,
188 p., ill.
Revue publiée par la Bibliothèque de l’Académie de Roumanie, la Bibliothèque centrale et universitaire et la Bibliothèque nationale de Roumanie, sous la direction de Doru Bădără.
ISSN 1584 7896
Les articles de cette livraison sont publiés en anglais, français et roumain, avec des résumés.
Table
Un destin d’intellectuel au XVIe siècle: Étienne Dolet, par Frédéric Barbier
Constantin Karadja (1889-1950), homme de culture et diplomate, par Ileana Stănculescu
Un bibliophile moldave au début du XIXe siècle: le grand écuyer Ioan Balş, par Constantin Karadja
L’Octoi de Macarie, par Doru Bădără (suivi du compte rendu d’un ouvrage publié à l’occasion du cinquième centenaire du premier livre imprimé de musique liturgique en Roumanie)
In Honorem Gabriel Ştrempel, par Ştefan Ştefănescu
Nouveaux détails sur le Tetraevangelhie de Gavri Uric, 1429) (sur le ms Bodl. Canon Graeci 122), par Elena Ene D-Vasilescu
Notes bibliologiques (4) et (5), par Mihai Mitu
Luigi Fernando Marsigli et les Balkans, par Anna Angelova et Dimitar Vesselinov
Vasile Manole Buga, éditeur, épistate et directeur d’imprimerie à Bucarest et à Buzău (1819-1838), par Daniela Lupu
Livres provenant des bibliothèques roumaines médiévales conservés à la Bibliothèque du Saint Synode, par Policarp Chiţulescu
Le Troparion, la plus courte poésie hymnographique, par Alexandra Crăciunescu
Comptes rendus d’ouvrages
On notera particulièrement l’article consacré au grand écuyer Ioan Balş († 1839), descendant d’une famille noble de Bessarabie et qui s’est employé à organiser une bibliothèque moderne dans la capitale moldave. L’article est fondé sur l’édition de plusieurs lettres de Barbié du Bocage, qui a un temps joué le rôle d’intermédiaire pour le boyard.
Elles montrent que celui-ci étaient attentif à se procurer les nouveautés publiées en France et qui pouvaient intéresser la géographie de l’Europe du Sud-Est: il s’agit tout particulièrement d’ouvrages sur les antiquités grecques, sur la cartographie historique, sur les voyages, dont le Voyage pittoresque de la Grèce de Choiseul-Gouffier.
Les lettres informent de manière très pertinente sur les conditions matérielles des achats (avec les problèmes de paiements et d’expéditions à travers l’Europe); sur le rôle de personnes privées, comme Barbié du Bocage, dans les échanges de librairie au début du XIXe siècle; sur l’engagement d’un représentant d’une grande famille moldave au service de la modernisation du pays, et sur le rôle dévolu au livre et à l’éducation dans ce processus.
Enfin, les lettres nous apportent un éclairage inédit sur un certain nombre de figures que nous avons vu apparaître dans le cadre des relations entre la France et les «principautés» à la fin de l’Ancien Régime et au début du XIXe siècle: non seulement Barbié du Bocage lui-même, mais aussi Fleury, secrétaire de Choiseul-Gouffier, les agents consulaires français (dont Reinhart à Jassy), sans oublier D’Ansse de Villoison. Voici la preuve qu’il existe, outre les sources encore à explorer aux Archives diplomatiques de Paris (au premier chef, la correspondance consulaire), des sources inédites particulièrement riches dans la géographie concernée par cette problématique.
7e année, n° VII,
188 p., ill.
Revue publiée par la Bibliothèque de l’Académie de Roumanie, la Bibliothèque centrale et universitaire et la Bibliothèque nationale de Roumanie, sous la direction de Doru Bădără.
ISSN 1584 7896
Les articles de cette livraison sont publiés en anglais, français et roumain, avec des résumés.
Table
Un destin d’intellectuel au XVIe siècle: Étienne Dolet, par Frédéric Barbier
Constantin Karadja (1889-1950), homme de culture et diplomate, par Ileana Stănculescu
Un bibliophile moldave au début du XIXe siècle: le grand écuyer Ioan Balş, par Constantin Karadja
L’Octoi de Macarie, par Doru Bădără (suivi du compte rendu d’un ouvrage publié à l’occasion du cinquième centenaire du premier livre imprimé de musique liturgique en Roumanie)
In Honorem Gabriel Ştrempel, par Ştefan Ştefănescu
Nouveaux détails sur le Tetraevangelhie de Gavri Uric, 1429) (sur le ms Bodl. Canon Graeci 122), par Elena Ene D-Vasilescu
Notes bibliologiques (4) et (5), par Mihai Mitu
Luigi Fernando Marsigli et les Balkans, par Anna Angelova et Dimitar Vesselinov
Vasile Manole Buga, éditeur, épistate et directeur d’imprimerie à Bucarest et à Buzău (1819-1838), par Daniela Lupu
Livres provenant des bibliothèques roumaines médiévales conservés à la Bibliothèque du Saint Synode, par Policarp Chiţulescu
Le Troparion, la plus courte poésie hymnographique, par Alexandra Crăciunescu
Comptes rendus d’ouvrages
On notera particulièrement l’article consacré au grand écuyer Ioan Balş († 1839), descendant d’une famille noble de Bessarabie et qui s’est employé à organiser une bibliothèque moderne dans la capitale moldave. L’article est fondé sur l’édition de plusieurs lettres de Barbié du Bocage, qui a un temps joué le rôle d’intermédiaire pour le boyard.
Elles montrent que celui-ci étaient attentif à se procurer les nouveautés publiées en France et qui pouvaient intéresser la géographie de l’Europe du Sud-Est: il s’agit tout particulièrement d’ouvrages sur les antiquités grecques, sur la cartographie historique, sur les voyages, dont le Voyage pittoresque de la Grèce de Choiseul-Gouffier.
Les lettres informent de manière très pertinente sur les conditions matérielles des achats (avec les problèmes de paiements et d’expéditions à travers l’Europe); sur le rôle de personnes privées, comme Barbié du Bocage, dans les échanges de librairie au début du XIXe siècle; sur l’engagement d’un représentant d’une grande famille moldave au service de la modernisation du pays, et sur le rôle dévolu au livre et à l’éducation dans ce processus.
Enfin, les lettres nous apportent un éclairage inédit sur un certain nombre de figures que nous avons vu apparaître dans le cadre des relations entre la France et les «principautés» à la fin de l’Ancien Régime et au début du XIXe siècle: non seulement Barbié du Bocage lui-même, mais aussi Fleury, secrétaire de Choiseul-Gouffier, les agents consulaires français (dont Reinhart à Jassy), sans oublier D’Ansse de Villoison. Voici la preuve qu’il existe, outre les sources encore à explorer aux Archives diplomatiques de Paris (au premier chef, la correspondance consulaire), des sources inédites particulièrement riches dans la géographie concernée par cette problématique.
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jeudi 10 mai 2012
Conférences d'histoire du livre
École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Conférence d'histoire et civilisation du livre
Lundi 14 mai 2012
14h-16h
Contribution à l'histoire du métier d'historien: à quoi servent les bibliothèques ? (XIIe-XXe siècle)
par
Madame Emmanuelle Chapron,
maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille,
chargée de conférences à l’EPHE
La bibliothèque est, à plusieurs égards, un lieu invisible du travail de l'historien. Le récent Atlas of European Historiography (2010) ne la représente pas. La Global Encyclopedia of Historical Writing (1998) n'a pas d'entrée pour elle. Est-ce à dire que la bibliothèque ne compte pour rien dans l'opération historique ? Son importance dans l'institutionnalisation d'un savoir historique est pourtant fondamentale. On en suivra les étapes, du Moyen Age à nos jours, de Bernard Gui à Jacques Le Goff, en passant par Mabillon et Michelet.
16h-18h
1) Le mobilier des bibliothèque au XVIIIe siècle
par Monsieur Emmanuel Cappe de Baillon,
auditeur de la conférence
2! Les bibliothèques de l'Europe de la Réforme
aux XVIe-XVIIe siècles (1)
par Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études
1) Le mobilier des bibliothèque au XVIIIe siècle
par Monsieur Emmanuel Cappe de Baillon,
auditeur de la conférence
2! Les bibliothèques de l'Europe de la Réforme
aux XVIe-XVIIe siècles (1)
par Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études
Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).
Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).
Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).
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lundi 7 mai 2012
Aux Pays-Bas: catalogues anciens et numérisation
Nous étions aux Pays-Bas, à Leyde, pour y découvrir la bibliothèque de l'université et la Bibliotheca Thysiana. Au nord du pays, la ville de Groningue (Groningen), chef-lieu de la province du même nom et ancienne cité hanséatique, est intégrée en 1536 dans les territoires soumis à Charles Quint. Mais Groningue participe dès 1579 à l’union d’Utrecht contre les Espagnols. Elle est siège d’une université, qui prend la suite du Lycée, à partir de 1614 (à terme, chaque province aura son université). Une bibliothèque est prévue, abritée au premier étage, dans une galerie de 30m sur 4m environ éclairée par six fenêtres. Sa gestion est confiée à un professeur: une première liste des titres disponibles est dressée en 1618-1619 par Nicolaus Mulerius, professeur de mathématiques et de médecine, et en charge de la bibliothèque. Ce catalogue fait l’objet d’un exemplaire de travail et d’un exemplaire calligraphié sous une belle reliure en peau de truie.
Les fonds de la bibliothèque seront d’abord constitués de dons et de legs, mais aussi à l’occasion des ventes qui se tiennent dans les villes des provinces méridionales, et surtout par le dépôt des collections religieuses sécularisées (1624). Lorsque les moyens le permettent, des acquisitions ponctuelles sont également effectuées. L’imprimeur de l’université a l’obligation de verser un exemplaire de chaque ouvrage qu’il publie, de même que les nouveaux professeurs. Le dispositif matériel est probablement analogue à celui de Leyde, les livres étant classés systématiquement en huit «pupitres» doubles (soit seize lettres, de A à Q), et enchaînés. On sait que la salle était aussi équipée d’une table, et décorée de globes et de portraits. Les pièces les plus précieuses, notamment les manuscrits, sont conservées dans une armoire fermée.
La bibliothèque est agrandie en 1667, un nouveau règlement est adopté l’année suivante, et le nouveau catalogue publié en 1669 (donc sensiblement après Leyde, en 1595, et Franeker, en 1601). Le dispositif des chaînes est probablement démonté dans les années 1655, quand les étudiants obtiennent un accès, même limité, à la collection. En dehors de l’université, la bibliothèque est aussi ouverte aux fonctionnaires de la ville et de la province, pasteurs, médecins, etc.
Le catalogue «calligraphié» de 1618-1619 a été digitalisé et est aujourd’hui disponible sur Internet d’une manière particulièrement commode. Les 405 notices sont normalisées: auteur, titre, adresse typographique, éventuellement quelques indications complémentaires. Il s’agit d’un exemplaire destiné à susciter les donations, comme le titre le précise.
On accède au document sur un site spécialisé:
http://syllabus.ub.rug.nl/index.html,
en cliquant sur le deuxième hier figurant dans le texte. Suivent le frontispice et le titre manuscrit (Syllabus librorum omnium in bibliotheca academica: cliché 1), puis la préface, enfin le détail des notices. Celles-ci s’ouvrent avec la section de théologie, qui commence elle-même par un exemplaire de la Bible polyglotte donnée par Plantin à Anvers (la Biblia Regia). Le site propose la transcription de la page manuscrite (ce que la qualité de l'écriture ne rend pas indispensable), et surtout, en cliquant sur chaque notice, une description bibliographique courte (dans la marge de droite: cliché 2). Un second «clic», sur la cote (pour la Biblia Regia, UKLU AA-1), permet d’accéder à la notice bibliographique complète de l’exemplaire considéré (cliché 3).
Voici un exemple remarquable d’ancien catalogue à la fois systématique et topographique, et de mise en œuvre élégante et efficace des nouveaux moyens de communication liés à Internet.
(Nous remercions notre collègue Monsieur Otto Lankhorst de nous avoir signalé le site du Syllabus de Groningue).
Les fonds de la bibliothèque seront d’abord constitués de dons et de legs, mais aussi à l’occasion des ventes qui se tiennent dans les villes des provinces méridionales, et surtout par le dépôt des collections religieuses sécularisées (1624). Lorsque les moyens le permettent, des acquisitions ponctuelles sont également effectuées. L’imprimeur de l’université a l’obligation de verser un exemplaire de chaque ouvrage qu’il publie, de même que les nouveaux professeurs. Le dispositif matériel est probablement analogue à celui de Leyde, les livres étant classés systématiquement en huit «pupitres» doubles (soit seize lettres, de A à Q), et enchaînés. On sait que la salle était aussi équipée d’une table, et décorée de globes et de portraits. Les pièces les plus précieuses, notamment les manuscrits, sont conservées dans une armoire fermée.
La bibliothèque est agrandie en 1667, un nouveau règlement est adopté l’année suivante, et le nouveau catalogue publié en 1669 (donc sensiblement après Leyde, en 1595, et Franeker, en 1601). Le dispositif des chaînes est probablement démonté dans les années 1655, quand les étudiants obtiennent un accès, même limité, à la collection. En dehors de l’université, la bibliothèque est aussi ouverte aux fonctionnaires de la ville et de la province, pasteurs, médecins, etc.
Le catalogue «calligraphié» de 1618-1619 a été digitalisé et est aujourd’hui disponible sur Internet d’une manière particulièrement commode. Les 405 notices sont normalisées: auteur, titre, adresse typographique, éventuellement quelques indications complémentaires. Il s’agit d’un exemplaire destiné à susciter les donations, comme le titre le précise.
On accède au document sur un site spécialisé:
http://syllabus.ub.rug.nl/index.html,
en cliquant sur le deuxième hier figurant dans le texte. Suivent le frontispice et le titre manuscrit (Syllabus librorum omnium in bibliotheca academica: cliché 1), puis la préface, enfin le détail des notices. Celles-ci s’ouvrent avec la section de théologie, qui commence elle-même par un exemplaire de la Bible polyglotte donnée par Plantin à Anvers (la Biblia Regia). Le site propose la transcription de la page manuscrite (ce que la qualité de l'écriture ne rend pas indispensable), et surtout, en cliquant sur chaque notice, une description bibliographique courte (dans la marge de droite: cliché 2). Un second «clic», sur la cote (pour la Biblia Regia, UKLU AA-1), permet d’accéder à la notice bibliographique complète de l’exemplaire considéré (cliché 3).
Voici un exemple remarquable d’ancien catalogue à la fois systématique et topographique, et de mise en œuvre élégante et efficace des nouveaux moyens de communication liés à Internet.
(Nous remercions notre collègue Monsieur Otto Lankhorst de nous avoir signalé le site du Syllabus de Groningue).
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nouveaux médias,
Pays-Bas,
protestantisme,
université,
XVIIe siècle
vendredi 4 mai 2012
Manuel d'histoire du livre
Frédéric Barbier,
Histoire du livre en Occident,
Paris, Armand Colin, 2012, 351 p., ill., cartes et graph.
(« Collection U »).
ISBN 978-2-200-27751-2
Cet ouvrage constitue la troisième édition, revue, corrigée et augmentée, de l’Histoire du livre, du même auteur, chez le même éditeur:
1ère éd., 2000; 2e éd., 2006, réimpr. 2009. Ouvrage traduit en chinois, espagnol, grec moderne, hongrois, italien, portugais (brésilien) et serbe.
Introduction, p. 5
Première partie. Le temps du manuscrit, p. 13
Chapitres 1 (Le livre dans l’Antiquité), 2 (Du haut Moyen Âge à l’époque carolingienne) et 3 (L’ouverture au livre, Xe-début du XVe siècle).
Deuxième partie. La révolution gutenbergienne, p. 71
Chapitres 1 (Gutenberg avant Gutenberg), 2 (Gutenberg et l’invention de l’imprimerie), 3 (Formes, contenus, pratiques: les années 1500) et 4 (Culture et politique: l’imprimé et l’humanisme).
Conclusion de la deuxième partie (L’État moderne et la police de l’imprimé).
Troisième partie. La librairie d’Ancien Régime (années 1520-années 1760), p. 141
Chapitres 1 (La foi, le souverain et l’imprimé), 2 (Le paradigme de l’absolutisme: l’Europe classique et l’imprimé), 3 (La montée du public: l’imprimé et les Lumières) et 4 (L’Ancien Régime: formes de l’imprimé).
Quatrième partie. La seconde révolution du livre et la librairie de masse (années 1760-1914), p. 223
Chapitres 1 (Ancien Régime et modernité), 2 (Les médias et la Révolution politique), 3 (Le XIXe siècle industriel) et 4 (Le produit).
Épilogue. La troisième révolution du livre: diversification et mondialisation, p. 307
Table des abréviations p. 331
Bibliographie p. 333
Glossaire p. 337
Table générale p. 343
Histoire du livre en Occident,
Paris, Armand Colin, 2012, 351 p., ill., cartes et graph.
(« Collection U »).
ISBN 978-2-200-27751-2
Cet ouvrage constitue la troisième édition, revue, corrigée et augmentée, de l’Histoire du livre, du même auteur, chez le même éditeur:
1ère éd., 2000; 2e éd., 2006, réimpr. 2009. Ouvrage traduit en chinois, espagnol, grec moderne, hongrois, italien, portugais (brésilien) et serbe.
Introduction, p. 5
Première partie. Le temps du manuscrit, p. 13
Chapitres 1 (Le livre dans l’Antiquité), 2 (Du haut Moyen Âge à l’époque carolingienne) et 3 (L’ouverture au livre, Xe-début du XVe siècle).
Deuxième partie. La révolution gutenbergienne, p. 71
Chapitres 1 (Gutenberg avant Gutenberg), 2 (Gutenberg et l’invention de l’imprimerie), 3 (Formes, contenus, pratiques: les années 1500) et 4 (Culture et politique: l’imprimé et l’humanisme).
Conclusion de la deuxième partie (L’État moderne et la police de l’imprimé).
Troisième partie. La librairie d’Ancien Régime (années 1520-années 1760), p. 141
Chapitres 1 (La foi, le souverain et l’imprimé), 2 (Le paradigme de l’absolutisme: l’Europe classique et l’imprimé), 3 (La montée du public: l’imprimé et les Lumières) et 4 (L’Ancien Régime: formes de l’imprimé).
Quatrième partie. La seconde révolution du livre et la librairie de masse (années 1760-1914), p. 223
Chapitres 1 (Ancien Régime et modernité), 2 (Les médias et la Révolution politique), 3 (Le XIXe siècle industriel) et 4 (Le produit).
Épilogue. La troisième révolution du livre: diversification et mondialisation, p. 307
Table des abréviations p. 331
Bibliographie p. 333
Glossaire p. 337
Table générale p. 343
mercredi 2 mai 2012
Livre d'enfants et @books en Chine aujourd'hui
Englisch in der Wiege: Wie chinesische Verlage mit E-Produkten für die Kleinsten verdienen
Der Hype für alles, was Englisch, besser noch: Amerikanisch, ist, bestimmt seit fast zwei Jahrzehnten ungebrochen das Denken der aufstiegsorientierten Bevölkerungsschichten in China. Soziale Mobilität scheint immer noch am ehesten erreichbar durch die bestmöglichen Kindergärten, Schulen, Universitäten und ein Studium möglichst im angloamerikanischen Ausland. Bildung ist der Garant für eine „goldene“ Zukunft, was immer auch heißt: ein Leben im Reichtum in der Stadt, Materialismus scheint zurzeit die herrschende Ideologie zu sein. Das alles ist im kommunistischen Staat keineswegs umsonst oder nach Begabung zu haben: die Ärmeren und die Landbevölkerung, die nach UN-Zahlen mit 65 Dollar pro Jahr auskommen müssen, scheitern schon am Schulgeld für die Mittelschule, an harten und rigiden Aufnahmebedingungen für die wenigen Studienplätze und, wer herausragende Noten hat, möglicherweise an den hohen Studiengebühren. Zudem ist das Stadt-Land-Gefälle enorm, auch bei den Bildungschancen.
In kaum einem anderen Land investieren die Eltern eines kleinen Prinzen oder einer kleinen Prinzessin (man hat nur den oder die eine) so bereitwillig in alles was den Anschein hat, die Kinder auf den Weg zu Bildung und Aufstieg zu bringen. Das nutzt der Buchhandel. Wer sich in den letzten Jahren regelmäßig in chinesischen Buchhandlungen, zum Beispiel den Mega-Book-Stores in den Metropolstädten mit einer Fläche von mehreren zehntausend Quadratmetern umgesehen hat, kann dies bestätigen. Zwei bis drei Etagen, Regal an Regal, bleiben den „Textbooks“ (Schulbücher), den Übungsaufgaben und Musterlösungen für die Mittelschule (entspricht dem Gymnasium) und den Lernhilfen zum Selbststudium vorbehalten. Prominent vertreten sind die Sprachlehrbücher. Hier verstecken sich die eher bescheidenen Abteilungen für Deutsch, Französisch und Spanisch hinter der übermächtigen Konkurrenz des Englischen und Amerikanischen, die sogar die Sprache des Nachbarlands Japan übertrumpfen.
Aktuelle Trends: Schon die Allerkleinsten werden mit chinesisch-englischen Bilderbüchern und Spielen versorgt. Die liebevoll ausgestatteten, bunten Abteilungen in den Buchhandlungen sind übervoll davon, die Konkurrenz der Anbieter und der Produkte ist allerdings größer als die Ideenvielfalt. Heraus sticht das Minibuch für die Altersgruppe ab 0 Jahre, bestehend aus vier „Blättern“: zusammengeklebten bunten, mit Luft gefüllten Plastikkissen. Jede Seite ist bedruckt einem Bildchen, dazu gibt es die chinesischen Schriftzeichen und die englische Übersetzung. Kauend und leckend kann das Baby sich Schrift und Fremdsprache einverleiben. Verlegt hat das Buch der Future Verlag: ein Viererpack aus dem Future Publishing House kostet 39 Yuan (1 Euro sind 8,3 Yuan).
Im technikaffinen China ganz besonders beworben werden Kombinationsprodukte: ein „Talking pen“ und dazugehörige Plakate oder Bilderbücher. Bereits für die kleinsten Kinder gibt es große Plakate mit vielen Abbildungen, auch hier mit chinesischer und englischer Bezeichnung des dargestellten Gegenstands. Berührt das Kind mit dem elektronischen Stift das Bild oder die Schriftzeichen, hört es das englische oder chinesische Wort. Die Plakate gibt es zu unterschiedlichen Themenaus der unmittelbaren Lebenswelt der Kleinen. 69 Yuan kostet der Stift mit mehreren Plakaten. Für Kinder ab drei können die Eltern aus dem 21st Publishing House ein Luxusprodukt für 500 Yuan erstehen, drei Bilderbücher mit einem Stift, der Geschichten erzählt und Lieder vorspielt. Ein gut verdienender Angestellter der mittleren Ebene verdient zum Beispiel in einem Unternehmen in Shanghai 4.000 bis 5.000 Yuan. Allerdings differieren die Einkommen stark nach oben und unten.
Ähnliche Produkte gibt es auch aus deutschen Spieleverlagen, so aus dem Haus „Ravensburger“ die tiptoi-Serie, ein audiodigitales Lernsystem mit Büchern und Spielen. Dieses ist jedoch an die lernphysiologischen Fähigkeiten der jeweiligen Altersstufen angepasst. Die Starter-Sets sind für Kinder von vier bis acht Jahren konzipiert, erst ab sechs wird der Grundlagenwortschatz für die Grundschule angeboten.
Ursula Rautenberg (Erlangen)
Pour la traduction automatique de l'allemand, nous suggérons le site (il suffit de recopier le texte):
http://www.tradiweb.com/ta.htm
Der Hype für alles, was Englisch, besser noch: Amerikanisch, ist, bestimmt seit fast zwei Jahrzehnten ungebrochen das Denken der aufstiegsorientierten Bevölkerungsschichten in China. Soziale Mobilität scheint immer noch am ehesten erreichbar durch die bestmöglichen Kindergärten, Schulen, Universitäten und ein Studium möglichst im angloamerikanischen Ausland. Bildung ist der Garant für eine „goldene“ Zukunft, was immer auch heißt: ein Leben im Reichtum in der Stadt, Materialismus scheint zurzeit die herrschende Ideologie zu sein. Das alles ist im kommunistischen Staat keineswegs umsonst oder nach Begabung zu haben: die Ärmeren und die Landbevölkerung, die nach UN-Zahlen mit 65 Dollar pro Jahr auskommen müssen, scheitern schon am Schulgeld für die Mittelschule, an harten und rigiden Aufnahmebedingungen für die wenigen Studienplätze und, wer herausragende Noten hat, möglicherweise an den hohen Studiengebühren. Zudem ist das Stadt-Land-Gefälle enorm, auch bei den Bildungschancen.
In kaum einem anderen Land investieren die Eltern eines kleinen Prinzen oder einer kleinen Prinzessin (man hat nur den oder die eine) so bereitwillig in alles was den Anschein hat, die Kinder auf den Weg zu Bildung und Aufstieg zu bringen. Das nutzt der Buchhandel. Wer sich in den letzten Jahren regelmäßig in chinesischen Buchhandlungen, zum Beispiel den Mega-Book-Stores in den Metropolstädten mit einer Fläche von mehreren zehntausend Quadratmetern umgesehen hat, kann dies bestätigen. Zwei bis drei Etagen, Regal an Regal, bleiben den „Textbooks“ (Schulbücher), den Übungsaufgaben und Musterlösungen für die Mittelschule (entspricht dem Gymnasium) und den Lernhilfen zum Selbststudium vorbehalten. Prominent vertreten sind die Sprachlehrbücher. Hier verstecken sich die eher bescheidenen Abteilungen für Deutsch, Französisch und Spanisch hinter der übermächtigen Konkurrenz des Englischen und Amerikanischen, die sogar die Sprache des Nachbarlands Japan übertrumpfen.
Im technikaffinen China ganz besonders beworben werden Kombinationsprodukte: ein „Talking pen“ und dazugehörige Plakate oder Bilderbücher. Bereits für die kleinsten Kinder gibt es große Plakate mit vielen Abbildungen, auch hier mit chinesischer und englischer Bezeichnung des dargestellten Gegenstands. Berührt das Kind mit dem elektronischen Stift das Bild oder die Schriftzeichen, hört es das englische oder chinesische Wort. Die Plakate gibt es zu unterschiedlichen Themenaus der unmittelbaren Lebenswelt der Kleinen. 69 Yuan kostet der Stift mit mehreren Plakaten. Für Kinder ab drei können die Eltern aus dem 21st Publishing House ein Luxusprodukt für 500 Yuan erstehen, drei Bilderbücher mit einem Stift, der Geschichten erzählt und Lieder vorspielt. Ein gut verdienender Angestellter der mittleren Ebene verdient zum Beispiel in einem Unternehmen in Shanghai 4.000 bis 5.000 Yuan. Allerdings differieren die Einkommen stark nach oben und unten.
Ähnliche Produkte gibt es auch aus deutschen Spieleverlagen, so aus dem Haus „Ravensburger“ die tiptoi-Serie, ein audiodigitales Lernsystem mit Büchern und Spielen. Dieses ist jedoch an die lernphysiologischen Fähigkeiten der jeweiligen Altersstufen angepasst. Die Starter-Sets sind für Kinder von vier bis acht Jahren konzipiert, erst ab sechs wird der Grundlagenwortschatz für die Grundschule angeboten.
Ursula Rautenberg (Erlangen)
Pour la traduction automatique de l'allemand, nous suggérons le site (il suffit de recopier le texte):
http://www.tradiweb.com/ta.htm
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