Le musée Rolin, dont nous avions recommandé la visite à Autun dans un billet publié il y a environ un an, présente une exposition organisée autour d’un manuscrit exceptionnel récemment découvert dans les collections de l’évêché: il s’agit d’un pontifical –donc, un manuscrit d’un type assez banal, dans lequel sont rassemblées les formules et cérémonies correspondant aux fonctions d’un évêque.
Pourtant, le pontifical d’Autun est bien un manuscrit exceptionnel par sa qualité et surtout par sa décoration. Il a en effet été produit par un atelier de Bologne dans les premières décennies du XIVe siècle, alors que la spécialité des libraires de la grande ville universitaire concernait plutôt les livres de droit. Notre pontifical témoigne en outre de la volonté de donner un exemplaire aussi accompli que possible: on ne peut que souligner la qualité du parchemin utilisé comme support, le soin donné à la calligraphie en rouge et en noir, et l’élégance des capitales filigranées qui ponctuent le texte.
Mais ce sont les peintures qui font tout le prix du volume. Elles ont été réalisées sur un programme précis, par trois peintres actifs dans un atelier de la ville: voici d’abord cinquante-quatre initiales historiées, qui introduisent à certaines cérémonies majeures, telles que les différentes ordinations et bénédictions, les cérémonies du sacre, etc. Ce sont ensuite sept peintures à proprement parler, pour partie réalisées par le maître ayant coordonné le travail.
La caractéristique de ces peintures réside dans leur modernité: Bologne est au XIVe siècle le siège d’une école de peinture exceptionnelle, et la venue de Giotto pour travailler à la chapelle du château de Galliera en 1327 impulse le mouvement de rénovation sensible dans les œuvres des artistes bolonais du temps: la première page du pontifical présente les deux colonnes de texte dans un très élégant encadrement doré, ponctué par quatre médaillons et souligné par une peinture initiale représentant l’ordination d’un clerc (voir cliché).
L’exposition propose soixante et une pièces qui illustrent à la fois le monde du livre de la première moitié du XIVe siècle, le contexte artistique qui est celui de Bologne, le rôle de l’évêque dans l’Église du temps, et, enfin, la ville de Bologne et son université, la plus ancienne d’Occident avec celle de Paris. Parmi ces pièces figurent bien évidemment un certain nombre de manuscrits prêtés par des bibliothèques françaises (Angers, Bordeaux, Bibliothèque nationale de France) et italiennes (Turin, Bibliothèque Vaticane), sans oublier, bien évidemment, la Bibliothèque d'Autun.
Une bonne occasion de revenir à Autun, d'autant plus qu'il est dommage qu'une exposition de cette qualité ne fasse pas fait l'objet d'une présentation plus importante sur Internet, pour ceux qui ne pourront malheureusement pas la visiter in situ.
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