Pourquoi cet exorde? Parce que ce que nous disons des textes littéraires concerne aussi d’autres domaines, dont celui, bien plus spécialisé, des catalogues et autres instruments du travail bibliographique. Une bibliographie courante (les catalogues des foires de Francfort, qui sont assimilables à des recensements des livres disponibles), un catalogue de libraire (les différents catalogues de Debure au XVIIIe siècle), un catalogue de ventes aux enchères, intègrent parfois presque dès leur parution le corpus des usuels bibliographiques de références dans les collections privées et publiques. Il en va de même avec un catalogue de bibliothèque, à commencer par celui de la Bodléienne en 1605, dont l’objectif est, a priori, de fournir l’information sur les ouvrages disponibles dans le fonds, mais servira aussi à fixer à travers toute l'Europe savante le corpus canonique d’une bibliothèque savante.
Une enseigne, proche de Saint-Germain-des-Prés |
Nul doute que ce catalogue ne soit conservé par les amateurs, bibliophiles, bibliographes et bibliothécaires au titre d’instrument de travail, et ne rejoigne sur leurs rayonnages la série des catalogues antérieurs de la même librairie, dont nous retrouvons d’ailleurs certains ici-même (cf n° 308). Lorsqu’Henri-Jean Martin évoquait, devant de jeunes élèves quelque peu interloqués, les grandes figures de «libraires érudits» des XVIIIe et XIXe siècles (un Debure, un Née La Rochelle, et bien d’autres, sans oublier le «Père France»), il n’ajoutait pas, par discrétion sans doute, que cet idéaltype du grand connaisseur à la fois savant et obligeant se rencontrait toujours aujourd’hui, même si peut-être plus rarement.
Il n'est pas inutile de répéter certaines choses: alors même qu'une partie croissante du commerce du livre tend à se faire par la voie électronique, la publication de catalogues imprimés reste, s'agissant de livres anciens, le moyen idéal d'identifier tel ou tel titre, et de s'instruire. Rappelons en outre les travaux proprement scientifiques du même André Jammes, depuis l'étude sur le caractère Grandjean d’abord publiée en 1961 jusqu’au catalogue exemplaire de l’exposition Didot de 1998, au travail sur le «dossier Libri» et à la monographie récente (2012) consacrée à L’Imprimerie polytype (Paris, Éditions des Cendres, 67 p., ill.).
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